L’explication traditionnelle de l’eucharistie doit être revisitée
Par John S. Spong
Je suis convaincu que la théorie de l’évolution de Darwin obligera l’Église à réformer sa manière de parler de Dieu, de Jésus, du salut et de la vie humaine. Lorsque cette nouvelle manière de voir naitra dans la conscience chrétienne, elle provoquera une réformation si radicale que, par comparaison, la Réforme du XVIe siècle semblera un aimable thé de dames.
Il faudra d’abord reconnaître que nous ne sommes pas capables de définir Dieu. Nous pouvons seulement prendre conscience de la transcendance, avec émerveillement et avec saisissement.
Lorsqu’on parle de Dieu, on ne parle pas d’un être extérieur, mais d’une perception humaine et il est naturel que l’image de Dieu change constamment.
Lorsqu’on parle de la vie humaine, on ne parle pas d’un pécheur déchu, mais d’une créature qui n’a pas terminé son évolution, qui prend conscience d’elle-même et qui a besoin d’être dynamisée afin de parvenir à sa plénitude ; ce qui est plus que d’être focalisé sur une survie dans l’au-delà.
Jésus n’est pas un sauveur qui arrive de l’extérieur pour nous sauver. Il est une vie dans laquelle la transcendance a fait irruption dans l’histoire, et par laquelle elle nous atteint aussi. Jésus ne nous sauve pas de la Chute, qui n’a d’ailleurs jamais eu lieu. Il ne nous rétablit pas dans un état qui n’a jamais été celui de l’humanité.
Il nous rend capables d’être plus profondément et plus pleinement humains, d’atteindre des niveaux de conscience plus élevés où nous découvrons finalement que nous vivons en Dieu et qye Dieu vit en nous.
L’eucharistie devient alors une célébration de ce que nous sommes et un appel à marcher plus profondément dans le sens de l’humanité. (…)
Évidemment un gros travail est devant nous, mais dans cette nouvelle création nous découvrirons de plus près la présence de Dieu : non pas comme un Être demeurant là-haut dans le ciel, mais comme une présence qui se manifeste dans nos cœurs.
Réfléchissez à cela lors de votre prochaine eucharistie.
Source : « Être honnête avec Dieu – Lettres à ceux qui cherchent ». Éd. Karthala, 2020