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Église : sonner le tocsin plutôt que le glas

Publié le 20 novembre 2021 par Lucienne Gouguenheim dans FAIRE ÉGLISE AUTREMENT 1 Comment
Home» FAIRE ÉGLISE AUTREMENT » Église : sonner le tocsin plutôt que le glas
Église : sonner le tocsin plutôt que le glas

Par Christian Delahaye [1]

À Lourdes, les cent vingt évêques de France ont sonné le glas, la cloche des morts, au rythme funèbre de deux ou trois secondes entre chaque coup. Mais c’est le tocsin qui devrait plutôt résonner dans l’église, avec son rythme accéléré, deux coups à la seconde, pour alerter sur la catastrophe et appeler le peuple.

En optant pour le glas, les évêques ont-ils réalisé qu’ils sonnaient la fin de leur vieille Église ? La fin d’une Église à l’agonie depuis des décennies, et même depuis deux siècles, selon la datation de la philosophe Chantal Delsol (La Fin de la chrétienté, Cerf, 2021). Le glas d’une Église prioritairement soucieuse d’elle-même, luttant d’abord pour elle, pour se maintenir en vie coûte que coûte, comme si elle était devenue son propre et son principal but, « préoccupée de ses propres affaires et non pas de celles du Christ » (pour reprendre les termes de Philippiens 2,21), quitte à s’extrémiser de plus en plus, à ne plus être crédible ou tout simplement audible, en oubliant la Bonne Nouvelle qui réconcilie Dieu et tous les hommes. Avec le scandale provoqué par le rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) et ses chiffres colossaux (216 000 mineurs abusés par au moins 3 000 ecclésiastiques que leurs dirigeants ont couverts), la faillite religieuse, morale et matérielle du système romain semble aujourd’hui consommée. Tout le système hiérarchique est menacé d’écroulement.

Pas une affaire d’organigramme, mais de conscience

Dans ce contexte, les évêques sont au pied du mur, ils devront réformer l’institution, commentent tous les observateurs, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il faut répondre aux problèmes du sacerdoce, de l’épiscopat, de la mise à l’écart ministériel des femmes et du rôle des laïcs. Tous ces problèmes ne sont pas affaire d’organigramme et d’organisation : ils affectent la conscience même des chrétiens, tous rangs confondus. Dans sa lettre testamentaire rédigée depuis sa prison de Tegel en 1944, quelques semaines avant d’être exécuté par les nazis, le théologien Dietrich Bonhoeffer avait dressé un constat plus que jamais d’actualité : « Nous devons recommencer à comprendre. Les notions de réconciliation et de rédemption, de reconnaissance et d’Esprit saint, d’amour de l’ennemi, de croix et de résurrection de vie en Christ et d’imitation de Jésus-Christ sont devenues si difficiles et si lointaines que c’est à peine si nous osons encore en parler. »

Pour que renaissent la pensée, la parole et, subsidiairement, l’organisation des chrétiens, Bonhoeffer estimait que « les paroles anciennes doivent s’effacer ». Ce n’est pas d’une réforme qu’il s’agit, mais d’une révolution. Une révolution culturelle, provoquée d’une part à l’écoute des signes des temps et balisée, d’autre part par l’analyse de la Parole.

À l’écoute des signes des temps, Joseph Moingt, dans son ouvrage testamentaire L’Esprit du christianisme (Temps Présent, 2018), constate tout d’abord que la prétention du christianisme à être la religion du salut, en célébrant le culte sacrificiel d’un Dieu juge, est devenue inaudible pour la plupart de nos contemporains, qu’ils soient croyants ou incroyants, ces derniers étant le plus souvent d’anciens croyants. Cette prétention chrétienne est même devenue scandaleuse depuis le rapport Sauvé.

Donner un autre sens aux cultes et aux dogmes

Alors Joseph Moingt propose de sortir du système romain en orientant les recherches « en direction de l’humanisme qui donne un autre sens aux cultes et aux dogmes, rien qu’en refusant d’y enfermer la vérité de Dieu et celle de l’homme ». Pour lui, les croyants comme les incroyants doivent « redécouvrir le sens du christianisme en étudiant les mêmes problèmes angoissants, les mêmes menaces qui pèsent sur la planète, sur la qualité de la vie, sur le respect de la dignité humaine et de la fraternité des hommes entre eux ». Tout l’enjeu de la révélation de Dieu dans la mise à mort d’un blasphémateur et l’annonce du salut en lui et par lui, tout cet enjeu devra s’inscrire dans une approche essentiellement humaine. Ainsi, tout un chacun, sans acception religieuse, pourra s’y sentir convié, invité à un engagement existentiel. D’autre part, et simultanément, l’analyse de la Parole va être bouleversée : Yves Congar explique comment, dans son Journal d’un théologien (Cerf, 2000) : « En réfléchissant davantage et en traitant avec plus de profondeur les problèmes d’Église, en union avec un ressourcement biblique plus fidèle. » Ce ressourcement, cette renaissance, pour parler comme Bonhoeffer, ou cette redécouverte, comme dit Moingt, nécessite d’« effacer » (Bonhoeffer) les dogmes anciens qui reposent sur des mythes païens. Joseph Moingt donne l’exemple du mythe du péché originel : « L’Église, affirme-t-il, a tort de continuer à enseigner que Jésus est mort à cause du péché qu’aurait commis Adam. » Avec la relecture de la Genèse, toute la dogmatique est sur la sellette.

Oublier la notion de chute et accueillir la grâce

Dès le IIe siècle, le mystique persan Meybodi avait contesté la notion de chute, clé de voûte de siècles de théologie : selon lui, Adam n’est pas chassé du paradis. Il y vivait dans le Tout, il était intégré à la matrice primordiale, dépourvu d’identité propre. Il n’est donc pas « chassé », puisqu’en sortant de sa bulle, il prend conscience de son manque, il reçoit la chance de connaître le désir, il est invité à la quête du bonheur.

Troisième exemple d’un ressourcement biblique plus profond et plus fidèle, le mythe de la Tour de Babel, un mythe d’origine assyrienne rapporté dans la Genèse et repris dans la Sunna musulmane, qui doit être réinterprété non comme une seconde chute, mais comme une nouvelle chance : le plan humain qui, en faisant bloc et en dressant des murs, visait à édifier la tour de l’uniformité et de l’entre-soi, ce plan est déjoué par le plan divin, il est littéralement déconstruit en même temps que la Tour. Comme l’écrit Paul Tillich, le narrateur biblique de Babel montre qu’en dispersant le peuple et en le forçant à vivre au risque de la diversité, Dieu ne le chasse pas, il ne le punit pas, mais, tout au contraire, il le bénit : Babel confond la tentative de trouver refuge dans l’enfermement et la religiosité, cette tentation qui enrobe l’angoisse collective. La destruction de Babel dispense la grâce de vivre la diversité. Le christianisme s’écrira et se vivra « avec un langage nouveau, prophétise Bonhoeffer, peut-être tout à fait a-religieux, mais libérateur et rédempteur, comme celui du Christ ; les hommes en seront épouvantés et, néanmoins, vécus par son pouvoir ; ce sera le langage d’une justice et d’une vérité nouvelles, qui annoncera la réconciliation de Dieu avec les hommes et l’approche de son royaume ».

Le glas du pouvoir et le tocsin de l’Esprit du christianisme

Le scandale de la pédocriminalité ecclésiastique accélère l’histoire du christianisme et pas seulement sur le plan institutionnel. Ce n’est pas la première fois que le système est mis au pied du mur. Confronté à des crises majeures, il a pu les traverser quand les papes ont convoqué des conciles : Nicée face à l’arianisme (325), Constance face au Grand Schisme (1414), Trente face à la Réforme (1542), Vatican I face au modernisme (1870), Vatican II face à la modernité (1965). Aujourd’hui, pas de Vatican III à l’horizon. Le pape actuel préfère la formule du synode. Restaurée en 1965, la synodalité est en effet seulement et purement consultative, elle laisse donc au pontife le dernier mot, le pouvoir absolu. Il décidera souverainement ce qu’il voudra, comme il le voudra. Mais le temps du pouvoir papal et épiscopal n’est-il pas révolu, pour qui sonne, en effet, le glas ? Ne vient-il pas le temps « où Dieu se révèle en esprit et en vérité, dépouillé des phantasmes dont nous le revêtons, des pratiques et des formulations imposées par la religion ? » (J. Moingt) N’est-ce pas le tocsin qui doit retentir pour alerter le peuple et le mobiliser dans l’Esprit du christianisme ?

[1] Journaliste et théologien. Dernier ouvrage paru : Adieu curé, Empreinte temps présent, 2021.

Source : Golias Hebdo n°696

Pour aller plus loin : Adieu curé – 696. Golias Hebdo n° 696 (Fichier PDF)

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crise de l'église, eglise

One comment on “Église : sonner le tocsin plutôt que le glas”

  1. Jacques Clavier dit :
    24 novembre 2021 à 17:04

    Quand les acteurs de l’institution – qui enseigne dans la chaire de Jésus – sombrent dans la mise en abîme de l’institution, le temps du pouvoir papal et épiscopal est révolu.

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