Par Michel Deheunynck
Nous voici donc entrés dans le temps du Carême. Un temps dans notre vie de croyants où Dieu en Jésus nous propose peut-être une relation de complicité plus rapprochée avec Lui. Mais qui est donc ce Dieu dont nous sommes ainsi les complices ? Le passage d’Évangile que nous venons de lire nous fait au moins comprendre ce qu’Il n’est pas. Avec ce fameux épisode au désert et les conflits de conscience comme nous pouvons tous en connaître et auxquels Jésus aurait résisté. Voyons donc ce que notre Dieu n’est pas et ce que, en Jésus, Il a refusé d’être.
D’abord, Il n’est pas un magicien, un faiseur de miracles. Et pourtant aujourd’hui encore, on en connaît des communautés plus ou moins sectaires et même d’autres, « homologuées », qui n’hésitent pas, en son nom, à manipuler des croyants crédules en leur faisant croire à des « miracles » pour régler les problèmes. Non, en Jésus, notre Dieu ne règle pas nos problèmes magiquement. Il les affronte avec nous !
Ensuite, Il n’est pas non plus un héros, un faiseur d’exploits pour épater la galerie et se faire applaudir triomphalement. Il n’est pas sur le terrain pour marquer des buts, mais pour nous passer le ballon et que nous, on marque des buts ensemble, en équipe, sur le terrain de la vie.
Enfin, Il n’est pas un personnage puissant qui prendrait le pouvoir dans notre société que certains, pourtant, auraient tant voulu faire un monde de chrétienté. Dans certains milieux, on en rêve encore… Non, notre Dieu n’a aucune envie de prendre le pouvoir. Ce dont Il a envie, c’est que nous, nous édifions une humanité de partage et de solidarité.
Voilà donc ce que notre Dieu n’est pas et ce que Jésus a donc refusé d’être. Alors quel sens cela peut-il donner à ce temps du Carême qui commence ?
D’abord, que ce Carême n’est pas un temps de performance, surtout s’il s’agissait d’être meilleurs que les autres ! Et puis que ce n’est pas non plus un temps pesant d’obligations religieuses, mais, au contraire, un temps pour nous alléger de tout ce qui encombre inutilement notre foi. Ni un temps pour restreindre quoi que ce soit à notre vie. Pour beaucoup, elle est déjà bien assez restreinte comme ça, cette vie… mais, au contraire, un temps pour donner un plus à notre vie. Pour tout cela, comme Jésus, nous avons, nous aussi, à résister à certaines tentations :
• la tentation de baisser les bras et de renoncer ;
• la tentation de baisser la tête et de s’humilier ;
• la tentation de baisser le ton et de s’écraser.
Alors, que ce Carême nous fasse mettre en œuvre non pas tant des vertus passives de soumission, de renoncement et d’endurance personnelle que surtout des actions libérantes pour nous et pour les autres, qui nous fasse avancer un peu plus avant dans notre histoire en opérant les dépassements nécessaires et tous les déblocages et tous les décoinçages dans nos vies, dans nos têtes, dans nos cœurs et dans notre foi. Tout ce qui peut nous permettre de retrouver confiance en nous-mêmes, en nos amis et en ce Dieu qui Lui, croit en nous…
Ce Dieu qui ne s’intéresse pas à notre passé, mais à notre devenir ; non pas à nos faiblesses, mais à nos potentialités. Ce Dieu qui ne nous demande de faire, ni des miracles, ni des exploits, ni des performances. Qui nous demande seulement que ce monde qu’Il nous a confié, ne soit pour personne un désert, un lieu de privation, de frustration et de faim. C’est pour cela qu’Il compte sur nous.
Alors, vivons donc cet itinéraire de Carême comme des chemins qui se rejoignent et qui nous font progresser avec Jésus en humanité, dans une dynamique de dignité et de marche en avant, à la rencontre les uns des autres et donc de Lui.
Bonne route à toutes et tous sur ces chemins !
Source : La périphérie : un boulevard pour l’évangile ? (Temps Présent)
“Qui donc est Dieu pour que nous puissions dire de lui : “il s’est fait voir en l’homme Jésus ?”. (Louis-Marie Chauvet – Dieu, un détour inutile ?) Et tout existe, en Jésus, en Jésus où l’humain culmine.