AU NOM DE TOUS MES FRÈRES N°10 – LE CHILI, UNE TERRE DE MISSION
👉Dans ce dixième numéro, nous vous présentons des éléments contextuels sur le Chili des années 1960 et 1970, un pays où les prêtres et les sœurs missionnaires sont particulièrement nombreux après le Concile Vatican II. ACTUALITÉS RÉCENTES 👉Invité par Radio Libertaire dans “Tribuna Latinoamericana”, Samuel a présenté le projet “Au nom de tous mes frères” et exposé les défis de la recherche historique et mémorielle dans le Chili contemporain, encore marqué par les séquelles de la dictature civico-militaire. 👉 Le podcast de l’émission est disponible en bas de l’article et ici. UN ARTICLE DANS LE MONDE DIPLOMATIQUE ! 👉 Merci à María Reyes pour son article sur le documentaire “Au nom de tous mes frères”, désormais disponible sur la version chilienne du Monde Diplomatique. Merci à Víctor Hugo de la Fuente pour avoir permis cette publication ! Lire l’article CONGRÉGATIONS ET FIDEI DONUM AU CHILI 👉Durant la dictature chilienne, certains réseaux liés à l’institution ecclésiale s’organisent pour opposer une résistance au régime criminel et de nombreux prêtres et religieuses étrangers sont présents aux côtés des membres de l’Église chilienne. À l’image de Sœur Odile, plusieurs d’entre eux s’engagent dans une lutte fraternelle auprès du peuple chilien, se prolongeant parfois jusqu’à la chute de Pinochet (1990). 👉 Cette présence étrangère dans le pays s’inscrit dans le cadre du mouvement qui s’intensifie à partir de la fin des années 1950, en particulier à la suite de l’Encyclique Fidei donum (« Don de la foi ») de 1957, qui invite les Églises européennes à encourager les missions vers les pays du “Sud”. L’appel de Rome, ensuite relayé par les Églises nationales, entraîne l’intensification des flux transatlantiques et l’envoi de nombreux prêtres européens et nord-américains sur le continent latino-américain. Ils y rencontrent des Congrégations religieuses féminines venues d’Europe, parfois implantées depuis plus d’un siècle et dont les rangs se densifient avec le renouveau et l’ouverture de l’Église post-conciliaire (1962-1965). Une messe célébrée dans la Zone Ouest de Santiago en 1983, juste avant l’expulsion de plusieurs prêtres européens (à gauche) et une banderole réclamant la fin de l’exil forcé et des expulsions de religieux (à droite). 👉 La majorité des prêtres étrangers envoyés en Amérique Latine s’inscrivent dans la mouvance de la Théologie de la Libération et sont porteurs d’une option préférentielle pour les pauvres, qui se renforce et se concrétise au cours de leur mission. Au Chili, beaucoup font le choix de s’implanter dans des zones rurales isolées ou en périphérie des grandes villes, notamment dans les poblaciones de Santiago. Ils y deviennent « prêtres-ouvriers » et côtoient le peuple chilien, dont ils peuvent observer les angoisses et les difficultés. Si elles s’inscrivent dans un cadre plus traditionnel, certaines Sœurs étrangères font aussi la rencontre de ce pauvrétariat urbain et s’engagent pour sa libération. Ces membres de l’Église participent alors à la transformation de la société chilienne, initiée par la “Révolution en liberté” (1964-1970) de la Démocratie-chrétienne, et approfondie par la « Voie chilienne vers le socialisme » (1970-1973) sous l’Unité Populaire. Ils et elles s’engagent par exemple dans des organisations politiques et syndicales, ou dans des mouvements religieux de gauche comme les Chrétiens pour le Socialisme (CPS). UNE SITUATION DIFFICILE APRÈS 1973 Peinture murale à Santiago représentant l’assassinat du prêtre espagnol Joan Alsina en septembre 10973. Il dit au soldat qui allait l’exécuter : “Tue-moi de face, car je veux te voir pour te donner mon pardon”. 👉 Pour ces religieux étrangers, le coup d’État du 11 septembre 1973 marque un tournant dans leur expérience chilienne. Bien que leur appartenance à l’institution ecclésiale et leur nationalité leur procure un statut privilégié par rapport au reste de la population, ils ne sont pas épargnés par la répression. Ceux qui se sont engagés dans les organisations populaires sont désormais exposés à la violence de la dictature naissante qui cherche à se débarrasser des éléments indésirables. Des prêtres étrangers sont ainsi arrêtés et emprisonnés dans les centres de détention du régime, comme les navires de la Marine au large de Valparaíso ou le Stade National à Santiago. Les autorités procèdent en outre à l’expulsion de nombreux religieux, dont 15 prêtres français. Plusieurs prêtres sont même exécutés, comme le chileno-britannique Miguel Woodward ou le catalan Joan Alsina. 👉 Dans ce climat dangereux, de nombreux religieux engagés se cachent pour tenter d’échapper aux griffes du régime. L’ambassade de France à Santiago accueille par exemple plusieurs prêtres venus de l’Hexagone, pour qui le refuge dans le siège diplomatique est synonyme de retour au pays. Plusieurs Congrégations de religieuses font également le choix de quitter le Chili durant ces années difficiles, marquées par les détentions, les arrestations et les disparitions. De nombreux prêtres et religieuses sont ainsi contraint de quitter le Chili à contrecœur, comme le salésien Michel Donabin au milieu de l’année 1974, qui emporte avec lui les carnets de Nadine Loubet… Une poignée d’entre eux, moins exposés et soumis à la surveillance des militaires, fait toutefois le choix de rester au Chili malgré les risques, à l’instar de Sœur Odile. UNE NOUVELLE IMPORTANTE … 👉Après plusieurs de mois de travail concernant l’évolution du projet “Au nom de tous mes frères”, une nouvelle structure associative est en voie de création afin de faciliter la promotion et la diffusion du documentaire, ainsi que pour soutenir le projet d’écriture en cours. Bientôt, un numéro spécial de notre lettre d’information vous présentera officiellement l’association “Alboradas – Mémoires Parallèles” ! 📕✍️ Les séances d’écriture progressent … Merci aux religieuses et ex-religieuses qui collaborent activement à ce projet. N’oubliez pas de nous contacter si vous souhaitez organiser une projection du documentaire ou désirez vous en procurer un DVD. 👉aunomdetous mesfreres@gmail.com 👉https://linktr.ee/iglesialiberadora Dans l’attente de pouvoir vous en dévoiler un peu plus … Samuel Laurent Xu et Gaspard Thiéry Marcacci. |