Au terme de quelques jours de fréquentation de vastes espaces avec un ami théologien, nous voudrions vous partager un grand bol d’air synodal tout frais en commençant par un trait d’humour :
Qu’est-ce que le Tiers État : TOUT
Qu’a-t-il été jusqu’à présent : RIEN
Que demande-t-il à devenir : QUELQUE CHOSE.
C’est un constat comparable qui nous vient à propos de notre place actuelle de laïcs dans l’Église. D’où cette lettre.
C’est un constat comparable qui nous vient à propos de notre place actuelle de laïcs dans l’Église. D’où cette lettre.
Nous sommes profondément tristes : implosion et repli de notre Église, explosion de sa triste réalité aux yeux du monde, désintérêt des jeunes, désespérance intime de la majorité de baptisés.
Nous avions vécu avec « joie et espérance » l’essor théologique et pastoral qui accompagnait Vatican II. Soixante ans après, nous assistons à un recroquevillement de l’Église sur des rites et des revendications communautaristes : un immense gâchis alors que nous devrions rayonner de la joie d’une si Bonne Nouvelle à annoncer à l’humanité tout entière…
Nous regrettons de nous être comportés comme un peuple grégaire qui a contribué au prolongement d’une routine en se laissant bercer par des mots obsolètes : bref du vide au lieu de la vie. Nous étions des adultes libres qui, par soumission au cléricalisme, n’ont pas su (osé ?) voir, empêcher et dénoncer les abus dont l’ampleur a éclaté au grand jour.
La lassitude nous gagne, sinon parfois l’envie de tout laisser en plan et de refermer la porte derrière notre fuite.
Dès lors, une alternative se présente à nous : ou bien laisser mourir l’arbre rabougri ou bien couper ce qui est mort pour garder ce qui est encore vivant.
Nous ne croyons plus guère au changement, mais nous l’espérons encore.
Saisissons-nous du Synode pour une ultime tentative de nous faire entendre sans filtre : nous ne voulons pas être seulement critiques, mais être force de proposition.
« Mais pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? » (Luc, 12, 57).
Cela veut dire :
– accomplir un véritable travail d’intelligence, d’élagage et de formulation sur l’appareil dogmatique de l’Église, car le caractère irrecevable – mythologique – de ce dernier éclate désormais aux yeux de tous,
– oser un abandon courageux des comportements magiques (même dans la célébration et
l’usage des sacrements),
– renoncer à l’instrumentalisation du Mystère qui tue dans l’œuf tout effort critique légitime, et passer du « religieux » à la Foi véritable qui est exigeante et nue,
– reconnaître aux chrétiens une vraie liberté, un vrai discernement personnel sans qu’ils se voient dicter un code de conduite,
– permettre aux Églises locales dans le monde de s’adapter à ce que vit le peuple dont elles ont la charge,
– évacuer immédiatement tout préjugé et toute discrimination (sexe, orientation sexuelle, conjugalité, etc.).
Tout cela à la lumière de cette parole de vérité qu’est l’Évangile.
« Il la taille et la nettoie pour qu’elle porte davantage de fruit … » (Jean, 15).
Cela veut dire :
– réviser le langage pour qu’il soit en phase avec notre quotidien,
– abandonner le décorum qui détourne trop souvent de l’essentiel et favorise l’ésotérisme et l’exclusion,
– effacer une théologie artificielle sous-jacente qui fait obstacle à l’accueil de tous et bien sûr à l’œcuménisme, car nous pensons, décidément, qu’il est indispensable d’aller jusqu’à la racine théologique des nombreux dysfonctionnements actuels.
Bref en tous points, revenir à la fraîcheur, à l’authenticité et à la simplicité l’Évangile.
« Faites ceci en mémoire de moi » (Luc, 22,19).
Cela veut dire :
– participer tous fraternellement avec nos différences vues comme des richesses,
– réviser la sacralisation du clergé bâtie sur de fausses interprétations de l’Écriture, comme d’autres systèmes générant emprise, inégalités et divisions,
– éradiquer le cléricalisme invétéré qui subsiste en dépit de tous les aménagements superficiels alors qu’il a trop fait preuve de sa perversité,
– permettre à tous les clercs de choisir leur mode de vie et de mener une activité qui leur assure ancrage dans la vie et indépendance financière.
Au fond, c’est sans doute aussi notre conception des sacrements sur laquelle il nous faut travailler ensemble, pour corriger le rapport trop souvent «mercantile » que nous entretenons avec eux. Et d’ailleurs qu’est-ce qu’un sacrement au regard de l’Évangile ?
Revenons ensemble à l’essentiel du message de l’Évangile, qui est chemin, vérité et vie.
En résumé, construisons une Église bio, locale, durable : débarrassée de ce qui nuit, adaptée à des contextes différents et permettant le développement personnel et communautaire de tout homme de désir. ,
Voilà le chemin de grande randonnée qui s’ouvre devant nous !
Nicole Bucquet, du Bas-Rhin
Marie-Hélène Choisnard, des Vosges et des Yvelines
Hélène Guillou, des Yvelines
Claire Lore, de la Drôme
Sabine et Olivier Manchon, de la Dordogne et des Yvelines
Marguerite Rousselot, de la région parisienne
Suzanne Wipff, des Yvelines
toujours désireux, avec tant d’autres, de faire Église.
Pour nous répondre aussi : vers.hautesterres@gmail.com