Pour les premiers croyants, le christianisme n’était pas vraiment une religion, mais une nouvelle façon de vivre
José Antonio Pagola.
Les chrétiens de la première et de la deuxième génération n’ont jamais pensé qu’une religion était en train de naître avec eux. En fait, ils ne savaient pas par quel nom désigner le mouvement qui grandissait de manière insoupçonnée. Ils étaient encore frappés par le souvenir de Jésus, qu’ils sentaient vivant au milieu d’eux.
C’est pourquoi les groupes qui se réunissaient dans des villes comme Corinthe ou Éphèse ont commencé à être appelés « Églises », c’est-à-dire des communautés formées par une même foi en Jésus. Ailleurs, le christianisme était appelé « la voie ». Un écrit rédigé vers l’an 80 et appelé la lettre aux Hébreux dit qu’il s’agit d’une « voie nouvelle et vivante » pour affronter la vie. Le chemin « inauguré » par Jésus et à parcourir « les yeux fixés sur lui».
Il n’y a aucun doute à ce sujet. Pour ces premiers croyants, le christianisme n’était pas une religion en tant que telle, mais une nouvelle façon de vivre. La première chose pour eux n’était pas de vivre au sein d’une institution religieuse, mais d’apprendre ensemble à vivre comme Jésus au milieu de ce vaste empire. Telle était leur force. C’est ce qu’ils pouvaient offrir à tous.
Dans ce climat, les paroles du quatrième Évangile sur les lèvres de Jésus sont bien comprises : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». C’est le point de départ du christianisme. Un chrétien est un homme ou une femme qui découvre en Jésus la bonne manière de vivre, la vérité la plus sûre pour s’orienter, le secret le plus espérant de la vie.
Ce chemin est très concret. Il ne sert pas à grand-chose de se sentir conservateur ou de se déclarer progressiste. Le choix que nous devons faire est différent. Soit nous organisons notre vie à notre manière, soit nous apprenons à vivre à partir de Jésus. Nous devons choisir.
L’indifférence à l’égard de ceux qui souffrent ou la compassion sous toutes ses formes. Le bien-être pour moi et les miens ou un monde plus humain pour tous. L’intolérance et l’exclusion de ceux qui sont différents ou une attitude ouverte et accueillante envers tous. L’oubli de Dieu ou la communication confiante dans le Père de tous. Fatalisme et résignation ou espérance ultime pour l’ensemble de la création.