Nous sommes tous à la fois Gaza et Israël
José Arregi.
« C’est une barbarie cruelle du Hamas qui répond à une barbarie encore plus grave et plus cruelle du gouvernement d’Israël », fut la première pensée qui me traversa l’esprit.
Il m’est difficile de comprendre l’action du Hamas par son atrocité et son non-sens. Je peux seulement la comprendre comme l’expression sinistre de la haine, de la vengeance, de la désespérance et de l’impuissance accumulée pendant 8 décennies. Et cela m’angoisse de penser que ce fait ne fera qu’aggraver la douleur et les lamentations de ses anciens, jeunes et enfants, et creuser la tombe de son peuple. Et laisser ses alliés dans le pire endroit.
Il m’est encore plus difficile de comprendre l’extrême violence, l’inhumaine et tellement longue oppression, que beaucoup de gouvernements d’Israël, celui de Benjamin Netanyahou plus que tout autre, ont exercée et exercent de façon systématique sur le peuple palestinien. Je ne peux le comprendre que comme une expression de puissance, légitimée par les croyances religieuses les plus irrationnelles et confortée par l’hypocrite complicité de beaucoup de pays occidentaux, les États-Unis en tête.
Je regarde Gaza et tout le Moyen-Orient, berceau de civilisations et carrefour de routes commerciales et belliqueuses, je regarde Haïti l’oubliée, Afrique la martyre, l’Europe de l’Est, la Méditerranée plus proche…, nos droites et nos bourses sur le pied de guerre. Et le désespoir m’envahit. Peut-il y avoir de l’espérance pour une espèce incapable de refréner, de calmer son envie de pouvoir, ses peurs et ses haines ? Pauvre Homo Sapiens.
Peut-il y avoir de l’espérance pour Gaza et pour toute la Palestine ? J’arrive seulement à voir que la haine et le massacre ne sont pas le bon chemin. Israël pourra-t-il vivre en paix et en sécurité ? Non, jamais il ne pourra, tant qu’il niera à ses frères palestiniens la possibilité réelle de vivre dignement.
Nous sommes tous Israël et Gaza. Nous sommes enfants de la même terre blessée. Le même souffle de vie libérée et fraternelle nous fait vivre. Nous ne pouvons renier ce que nous sommes. La terre et la vie nous appellent d’urgence à nous asseoir, avant qu’il ne soit trop tard, à la même table pour partager le pain et la parole de la fraternité et de la sororité universelle avec leur profond bonheur. N’est-ce pas cela l’étincelle de divinité que nous sommes, l’inépuisable, l’infinie possibilité qui habite au cœur du cosmos et en notre pauvre cœur humain ?
Traduit par Rose-Marie Barandiaran .