Réponse de Mgr Georg Bätzing, président de la conférence épiscopale allemande à la lettre critiquant le Chemin synodal
Par Greg Erlandson.
Mgr Georg Bätzing, président de la conférence épiscopale allemande, a remercié les évêques pour leur lettre du 11 avril [1] et s’est dit heureux que les évêques prennent au sérieux le processus du Chemin synodal en Allemagne. Mais il les a assurés que « le Chemin synodal ne sape en aucun cas l’autorité de l’Église, y compris celle du pape François, comme vous l’écrivez. »
Dans une lettre datée du 14 avril et publiée sur le site Web de la conférence épiscopale allemande, l’évêque du Limbourg a rappelé à Mgr Samuel J. Aquila, archevêque de Denver, et aux autres signataires de la lettre, originaires d’Amérique du Nord, d’Afrique, d’Italie et d’Australie, que la décision de s’engager sur le chemin synodal visait à s’attaquer aux causes systémiques des abus et à leur dissimulation. Il a ajouté que c’était « notre tentative de renouveler une proclamation crédible de la Bonne Nouvelle ».
« Cette occasion et ce contexte sont particulièrement importants pour nous, mais, malheureusement, ils ne sont pas du tout mentionnés dans votre lettre. Je serais pourtant très surpris que vous et les signataires de la lettre ouverte ne voyiez pas l’importance de la nécessité d’affronter la question des abus en tant qu’Église et d’en tirer les conséquences pour l’Église et ses structures. »
Bätzing a déclaré qu’il était important de parler ouvertement du pouvoir et de l’abus de pouvoir dans l’Église.
« L’habillage euphémique, comme vous essayez de le faire dans votre lettre, n’aide pas vraiment », a déclaré l’évêque. « Malheureusement, de tels abus de pouvoir – également de la part des autorités épiscopales – n’appartiennent pas seulement au passé, mais se produisent également dans le présent et conduisent à des violations massives des droits et de l’intégrité personnelle des fidèles et des religieux ». La participation des fidèles à la prise de décision à tous les niveaux de l’action ecclésiastique (c’est ce que nous entendons lorsque nous parlons de séparation des pouvoirs) n’entamera en rien l’autorité de la fonction hiérarchique, elle lui donnera une acceptation nouvellement fondée au sein du peuple de Dieu, j’en suis convaincu. »
La lettre ouverte aux Allemands a été signée par 49 évêques des États-Unis, quatre du Canada, 19 Africains, un Italien et un Australien, le cardinal George Pell. Le cardinal nigérian Francis Arinze, le cardinal sud-africain Wilfred Napier et le cardinal américain Raymond L. Burke figuraient parmi les signataires. La lettre note que « les événements survenus dans une nation ont inévitablement un impact sur la vie ecclésiale ailleurs ».
Elle soulève sept critiques, notamment le fait de « ne pas écouter l’Esprit Saint et l’Évangile », de s’appuyer davantage sur « l’analyse sociologique et les idéologies politiques contemporaines, y compris le genre, » que sur l’Écriture et la Tradition, et d’être trop centré sur le « pouvoir » et l’« autonomie ».
« Le processus du chemin synodal, à presque toutes les étapes, est le travail d’experts et de comités », indique la lettre, qui qualifie le processus de « lourd en bureaucratie, obsessionnellement critique et replié sur lui-même. »
« Dans les faits, le Chemin synodal fait preuve de plus de soumission et d’obéissance au monde et aux idéologies qu’à Jésus-Christ en tant que Seigneur et Sauveur », ajoute la lettre.
Le chemin synodal comprend des forums dans lesquels les questions sont discutées et des assemblées au cours desquelles les personnes issues des forums font un rapport et les propositions sont discutées et votées. Certains textes doivent non seulement recevoir l’approbation de plus des deux tiers de tous les délégués, clercs et laïcs, mais aussi celle de plus des deux tiers des évêques.
Mgr Bätzing a déclaré que l’ensemble du processus synodal était organisé autour de la messe et de la prière. Il a noté qu’en raison du processus, il « exige parfois un travail concentré sur les textes et les résolutions, intégré dans des discussions, des publications et des formats médiatiques. »
Il a renvoyé les signataires de la lettre au texte d’orientation sur le site Web du Chemin synodal.
« Le Cheminn synodal, tel que décrit en détail dans le Texte d’orientation, n’est pas orientée vers des théories sociologiques éphémères ou des idéologies séculaires, mais vers les sources centrales de la connaissance de la foi : L’Écriture et la Tradition, le magistère et la théologie, ainsi que le sens de la foi des croyants et les signes de l’Évangile interprétés à la lumière de l’Évangile. Cette orientation fondamentale, dans une réflexion théologique attentive, détermine les délibérations du Chemin synodal. »
Pour cette raison, a-t-il dit, personne ne peut penser que l’Église catholique en Allemagne risque de devenir schismatique.
Les évêques nordiques et polonais, qui ont fait part publiquement de leurs préoccupations, craignent que le Chemin synodal ne crée des divisions et ne réponde aux pressions de l’époque.
Mais à plusieurs reprises, Bätzing a déclaré que l’Église allemande faisait exactement ce que le pape François a demandé aux catholiques du pays en 2019, c’est-à-dire s’engager dans un « chemin spirituel en demandant la guidance de l’Esprit Saint. »
Les évêques allemands sont parfaitement conscients des préoccupations des autres conférences concernant la direction que prend leur Chemin synodal. Mgr Bätzing a reconnu que les opinions étaient très divergentes sur des questions telles que les cérémonies de bénédiction des couples de même sexe ou l’ordination des femmes comme diacres ou prêtres.
L’agence de presse catholique allemande KNA a rapporté qu’il s’était engagé à ce que les évêques soumettent toutes les décisions de réforme synodale qui ne peuvent être mises en œuvre qu’au niveau de l’Église universelle au processus synodal mondial lancé par le pape François en vue du Synode des évêques de 2023 sur la synodalité. Bätzing a réitéré dans sa lettre du 14 avril que certains changements proposés doivent être soumis à l’Église universelle.
Note :
[1] https://nsae.fr/2022/04/19/des-eveques-mettent-en-garde-contre-le-potentiel-de-schisme-du-processus-synodal-allemand/