Le synode de Rome
Gilles Castelnau.
Le synode catholique devrait, nous dit la grande presse, ouvrir la voie du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes, de la reconnaissance de l’homosexualité, etc., car ces blocages de l’Église catholique sont responsables de la désaffection des fidèles.
Certes.
Évidemment ces interdictions assénées de manière autoritaire et sans discussion par des papes intransigeants créent dans l’Église catholique une ambiance délétère incompatible avec la joie libératrice du message de l’Évangile de Jésus-Christ.
Les abus sexuels commis par des prêtres, dont l’existence même est vitrifiée par les structures de leur Église et qui enseignent et dénoncent une morale non crédible venue d’ailleurs, suscitent forcément une attitude globale de rejet qui se répercute sur la doctrine de l’Évangile.
Oui, tout à fait.
Mais, à mon avis, ce n’est rien de tout cela que le synode devrait discuter en priorité.
En effet les autres Églises sont débarrassées depuis 5 siècles de toute autorité centralisatrice et omnipuissante. Elles sont libérées depuis 50 ans de toute misogynie excluant les femmes du ministère. Elles se sont, pour la plupart, détendues à l’égard de l’homosexualité. Et pourtant aucune ne peut prétendre se porter bien. Les convictions qui se répandent le plus rapidement et séduisent la jeunesse sont l’agnosticisme et l’athéisme.
Ce dont le synode devrait se préoccuper – et les responsables des autres Églises aussi – me semble donc être la méconnaissance par toutes nos populations du contenu fondamental de la prédication chrétienne : l’esprit de liberté, le dynamisme, le courage d’affronter la vie que fait monter en nos cœurs la Présence créatrice du Souffle de Vie que l’on n’ose pratiquement plus appeler « Dieu » à cause de toutes les horreurs qui ont été faites en son nom.
Le Dieu « Père » céleste tout-puissant, omniscient, intervenant à son gré dans l’histoire qui hante credo, homélies, cantiques et textes liturgiques, est récusé à juste titre par une majorité de nos contemporains qui constatent qu’en réalité il laisse faire les tremblements de terre, les guerres, les cancers et les injustices.
Mais toute la Bible nous parle du « Saint-Esprit », Dieu intérieur et parmi nous qui dynamise les esclaves d’Égypte pour leur faire passer la mer Rouge, qui anime le petit David pour vaincre le terrible géant Goliat, qui pardonne le paralysé sans attendre le Yom Kippour, redonne un cœur de reine à Madeleine et réhabilite Jésus vainqueur de la tombe.
Pourquoi une telle prédication a-t-elle tant de peine à se faire entendre dans les diverses chaires chrétiennes alors qu’elle correspond à toutes nos préoccupations fondamentales ?
Il serait d’ailleurs bien nécessaire que les théologiens musulmans et juifs se préoccupent également du si faible niveau spirituel des « fidèles » qui attachent évidemment et sans en tirer grand bien plus d’importance à la nourriture qui entre dans leur bouche qu’aux paroles qui en sortent…
https://croireenliberte.wordpress.com/2023/10/13/le-synode-de-rome/