À quand les Jeux Olympiques de la transition écologique ?
Julien Lecomte.
Il serait clairement abusif de qualifier d’écologiques les JO de Paris 2024. Toutefois, plusieurs choix importants dans leur organisation retiennent l’attention, et pourraient très bien être généralisés pour accélérer la transition écologique de nos sociétés.
Énergie
La cérémonie d’ouverture a débuté à 19h30, horaire dit « aux trois-quarts jour », afin de profiter d’un éclairage naturel encore présent pour économiser le recours aux illuminations artificielles. Les caprices de la météo n’ont pas permis d’obtenir toute la luminosité attendue pour l’ouverture initiale, en revanche celle des JO Paralympiques s’est déroulée sous un beau coucher de soleil.
La flamme olympique, et c’est une première, a été alimentée par l’énergie électrique. Nous ne savons pas s’il s’agissait d’électricité verte, mais, symboliquement, elle a marqué la rupture avec l’usage d’un combustible fossile, jusque-là en cours.
Recyclage et emploi local
La confection des costumes de cérémonie a utilisé des ressources sourcées et recyclées. La volonté de mettre en avant la « mode responsable » a été clairement affirmée par la styliste et journaliste Daphné Bürki, directrice de ce programme. L’atelier de fabrication se trouvait en Seine-Saint-Denis, pour une production totalement localisée.
Installations éphémères : réduire l’empreinte écologique
Plusieurs sites olympiques ont été installés dans des lieux historiques de la capitale comme les Invalides, le Champ-de-Mars ou encore le Grand Palais, mais aussi le château de Versailles pour le concours hippique. Outre l’effet télégénique certain, c’est une importante économie de ressources qui a été réalisée, et des économies futures de gestion, en préférant des installations éphémères à des constructions en dur. Ajoutons que la France est un pays déjà richement doté en équipements sportifs. Au final, peu d’équipements nouveaux ont été construits en comparaison de précédentes éditions des JO, et ils serviront pour de futures compétitions nationales et internationales. Une critique récurrente, et justifiée, faite aux JO, est qu’ils entraînent l’édification de grands équipements coûteux à usage unique, et qui finissent abandonnés. Le cas des JO 2004 d’Athènes est caractéristique de ce genre de gâchis insupportable. À ces considérations économiques, il faut ajouter l’empreinte écologique durable de ces équipements, qui est évitée dans le cas d’installations éphémères.
Traitement des eaux de la Seine
Revenons au fameux sujet du traitement des eaux de la Seine pour les épreuves en eau libre. L’ensemble des travaux a coûté 1,4 milliard d’euros, déclenchant une polémique. Or ce budget a été condensé sur un délai court, car toutes ces opérations étaient prévues par un programme établi en 2015 par la région Île-de-France. Quoiqu’il en soit, ces travaux se seraient faits, et il est même probable que leur conduite simultanée a permis des économies d’échelle. Cependant, un ancien maire de Langres, dont le plateau accueille les sources de la Seine et de la Marne, a rappelé dans une tribune au Monde qu’il ne fallait pas oublier les efforts consentis depuis plusieurs décennies par les collectivités du cours amont du fleuve, tempérant un autosatisfecit parisiano-parisien.
Espérons qu’il sera possible, dans un avenir proche, de se baigner à nouveau dans la Seine, réalisant enfin la promesse (non-tenue) faite par un célèbre maire de Paris il y a une quarantaine d’années.
« Impossible n’est pas français : chiche ! »
Constatons surtout qu’en un laps de temps relativement bref, d’importantes ressources conceptuelles, techniques et financières ont été mobilisées pour engager cette compétition internationale dans une nouvelle ère de transition plus vertueuse pour l’environnement. « Impossible n’est pas français » aiment à clamer pour ces JO celles et ceux qui, pourtant, ne cessent par ailleurs de répéter que la transition écologique est une contrainte pesante, coûteuse et irréaliste, et appuient de tout leur poids pour sans cesse la reporter. Bizarrement, les râleurs accusés de faire gnagnagna par la maire de Paris n’étaient pas nécessairement ceux qu’on entend dès qu’il s’agit de modifier quelque peu leurs habitudes de consommation.
Le scepticisme qui entourait ces JO depuis leur attribution à Paris était compréhensible, tant nous sommes devenus désabusés face à toutes les grandes déclarations d’intentions finissant en eau de boudin, en particulier sur la transition écologique. À croire que la citation de Pagnol s’appliquerait cette fois, et étonnamment, à l’État et aux collectivités concernées : « Tout le monde savait que c’était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait ».
Alors, à quand des JO de l’écologie tous les 365 jours de l’année pour engager résolument la transition indispensable ? Impossible n’est pas français, qu’on se le redise !