Le repas du Seigneur
Christine Fontaine.
Le premier récit qui nous soit parvenu du « Repas du Seigneur » se trouve dans la première épitre aux Corinthiens. Il s’agit d’une invective que Paul leur adresse : « Ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez » (1Co 11,20b). Quelles sont les raisons qui poussent Paul à leur dire qu’ils ont beau partager pain et vin au nom du Seigneur, ce n’est pas pour autant le repas du Seigneur auquel ils participent ? Surprise ! On aurait pu s’attendre à ce que Paul déclare : « Ce n’est pas le Repas du Seigneur que vous prenez, s’il n’y a pas parmi vous quelqu’un de sexe masculin – envoyé par moi qui suis apôtre de Jésus-Christ – pour présider ce Repas à la place du Seigneur. » Cette conception de l’Église et du Repas du Seigneur est totalement étrangère à Paul dans cette épître aux Corinthiens.
Le Repas du Seigneur dans les premières assemblées chrétiennes
Le premier récit qui nous soit parvenu du partage du pain et du vin en mémoire de Jésus-Christ dans les premières communautés chrétiennes date de l’année 54 environ. On le trouve dans la première lettre que Paul adresse aux Corinthiens (1Co 11,17-34). L’évangile de Marc, qui en parle également, a été écrit vers 65-70 soit au moins dix ans après. Ceux de Matthieu et Luc vers 85 et l’évangile de Jean dans les années 90-100, soit environ cinquante ans après la lettre de Paul. Cette première mention de ce que Paul appelle le Repas du Seigneur commence par une invective qu’il adresse aux Corinthiens :
« Et puisque j’en suis aux recommandations, je n’ai pas à vous louer de ce que vos réunions tournent non pas à votre bien, mais à votre détriment. Car j’apprends tout d’abord que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il se produit des divisions, et je le crois en partie. Il faut bien qu’il y ait aussi des scissions parmi vous, pour permettre aux hommes éprouvés de se manifester parmi vous » (1Co, 17-19).
La réunion en assemblée dont parle Paul ne concerne guère que quelques dizaines de membres qui se retrouvent dans la demeure de l’un d’entre eux, suffisamment grande pour les accueillir. Alors qu’à la synagogue l’espace des hommes est séparé de celui des femmes, ici les uns et les autres se côtoient à la même table. Le terme d’assemblée traduit le mot grec Ecclesia qui donne le mot Église. Originellement ce mot ne relève pas davantage du vocabulaire religieux que ceux de Cène ou Cénacle [1]. Il appartient au registre de l’organisation sociale dans la culture grecque. Dans l’Antiquité, l’Ecclesia est, à Athènes, l’Assemblée des citoyens libres, à laquelle ne peuvent donc appartenir ni les esclaves ni les femmes [2]. Cette assemblée se réunit trois ou quatre fois par mois et prend toutes les décisions concernant la cité. Lors de ces réunions, tous les citoyens présents peuvent prendre la parole et voter lors des prises de décisions.
La grande nouveauté entre l’Ecclesia à Athènes et celle dont parle Paul réside dans le fait que nulle catégorie sociale n’en est exclue. Les femmes autant que les hommes peuvent y prendre la parole au nom du Dieu de Jésus-Christ. Les unes comme les autres, au sein de ses assemblées, pouvaient prophétiser, moyennant le fait que la différence des sexes soit concrétisée par la manière de se couvrir la tête : « Tout homme qui prie ou prophétise ayant les cheveux longs fait affront à sa tête. Toute femme qui prie ou prophétise le chef découvert fait affront à sa tête, c’est exactement comme si elle était tondue » (1Co 11,4-5) [3]. On traite souvent Paul de misogyne [4]. En fait, il exclut, au sein de ces assemblées, toute différence de fonction : hommes et femmes prient et prophétisent autant les uns que les autres. Il ne peut y avoir pour Paul aucune supériorité des uns sur les autres : « Aussi bien, dans le Seigneur, la femme n’est pas autre que l’homme, et l’homme n’est pas autre que la femme ; car de même que la femme a été tirée de l’homme [5], ainsi l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu » (1Co 11,11).
Contrairement à l’ecclesia dans la culture grecque, chez les disciples du Christ, elle est composée de femmes autant que d’hommes entre qui la parole circule librement, qu’elle s’adresse à Dieu dans la prière ou aux autres membres de l’assemblée, au nom du Dieu de Jésus-Christ, dans la prophétie. L’ecclesia chez les premiers chrétiens est donc un espace où se côtoient et s’expriment les deux sexes. Si Paul insiste sur la différence entre la tenue des femmes et celles des hommes dans ces assemblées, c’est afin que cette absence de séparation entre les unes et les autres ne sombre pas dans la confusion entre les sexes. Cette étonnante nouveauté – pour la culture sociale et religieuse de l’époque – Paul félicite les Corinthiens de la pratiquer. Il le fait juste avant d’en venir à parler du repas du Seigneur [6].
Alors pourquoi Paul adresse-t-il cette invective aux Corinthiens ? Quelles sont ces divisions entre eux qui poussent Paul à leur dire qu’ils ont beau partager pain et vin au nom du Seigneur comme le Christ le leur a demandé, ce n’est pas pour autant le repas du Seigneur auquel ils participent ?
« Ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez » (1Co 11,20b).
« Lors donc que vous vous réunissez en commun, ce n’est pas le Repas du Seigneur que vous prenez. Dès qu’on est à table en effet, chacun prend d’abord son propre repas, et l’un a faim tandis que l’autre est ivre. Vous n’avez donc pas de maisons pour manger et boire ? Ou bien méprisez-vous l’Église (l’ecclesia) de Dieu, et voulez-vous faire honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dire ? Vous louer ? Sur ce point, je ne vous loue pas » (1Co 11,20-22).
Surprise ! Selon la mentalité des catholiques aujourd’hui, on aurait pu s’attendre à ce que Paul déclare : « Ce n’est pas le Repas du Seigneur que vous prenez, s’il n’y a pas parmi vous quelqu’un de sexe masculin qui soit envoyé par moi – qui suis apôtre de Jésus-Christ – pour présider ce Repas à la place du Seigneur. » Ce qui peut encore se dire par : « Il ne peut pas y avoir d’Église sans Cène et il ne peut pas y avoir de Cène sans prêtre qui soit envoyé par un successeur des apôtres, c’est-à-dire un évêque. » Cette conception de l’Église et du Repas du Seigneur est totalement étrangère à Paul dans cette épître aux Corinthiens. Il vient de les féliciter de former une assemblée dans laquelle femmes et hommes ne vivent plus dans un rapport de subordination. Mais, comme ivres de cette liberté toute nouvelle, ils en viennent à oublier que d’autres parmi eux ont faim d’être reconnus comme des sujets à part entière. Le festin auquel ils sont tous invités par Jésus-Christ n’est qu’un simulacre si la mixité des sexes – et la liberté qu’elle permet – occulte la hiérarchie qui subsiste entre riches et pauvres, esclaves et hommes libres au sein de leur assemblée.
Paul n’est pas un utopiste. Il ne demande pas aux riches de partager tous leurs biens avec les pauvres tout le temps et en tout lieu. Il se contente de parler de ce qui se passe quand ils se rassemblent pour le Repas qu’ils prennent au nom de Jésus-Christ. Il les appelle simplement à reconnaître qu’en ce lieu, le fait que les uns aient faim manifeste une faim bien plus profonde que le manque de nourriture : celle d’être reconnus comme membres à part entière de cette assemblée ; la faim qu’ont les pauvres d’être pris en compte, à égale dignité des plus favorisés. Si la mixité selon les sexes fait oublier l’absence de reconnaissance de l’égale dignité des croyants – par-delà leur statut social – ce n’est pas le Repas du Seigneur auquel ils participent. Ce n’est qu’après avoir félicité les Corinthiens pour avoir dépassé un régime de soumission d’un sexe sur l’autre, après les avoir invectivés pour ne pas agir de même à l’égard des pauvres quand ils se rassemblent, que Paul en vient à leur transmettre le récit de la première Cène, celle du Jeudi Saint. Il justifie tant ses félicitations que ses invectives par ce qui s’est passé ce jour-là – et qui est appelé à se renouveler chaque fois que des croyants se réunissent pour ce repas. Il écrit :
« Pour moi, en effet, j’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : “Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.” De même, après le repas, il prit la coupe en disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi.” Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur » (1Co 11,23-27).
Il est totalement hors champ de la foi de Paul de définir qui, parmi les Corinthiens, va représenter le Christ et prononcer à sa place les paroles qu’il a dites à ses amis le Jeudi Saint. « Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur… » (1Co 11,26a), déclare-t-il. Comment mieux affirmer que celui qui était présent dans une chair humaine a définitivement disparu ? Annoncer la mort de Jésus-Christ c’est prévenir toute prétention à ce que quelqu’un puisse le représenter après sa mort. Il s’agit bien d’une heureuse annonce ou d’une bonne nouvelle ! En effet, le pain et le vin partagés en son Nom est le signe qu’il donne à ses amis que sa mort charnelle n’est pas une fin, mais le commencement d’une vie nouvelle où il fera corps avec chacun d’entre eux, où son sang – qui est le véhicule de l’âme ou de l’Esprit – circulera comme un vin nouveau dans leurs propres veines. Autrement dit, il est bon pour eux qu’il disparaisse pour qu’ils en viennent à vivre en son Nom : « “Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi.” Chaque fois, en effet, que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. »
Cette Alliance nouvelle en son sang, pour laquelle Jésus a donné sa vie à ses amis, est celle dont parle Paul dans l’épître aux Galates : « Vous tous en effet, baptisés (c’est-à-dire plongés) dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Gal 3,27-28). Participer au Repas du Seigneur marque l’Alliance entre le désir du Christ de briser tout lien de servitude à l’intérieur de l’humanité et le désir des croyants de recevoir la force de vivre dans cet Esprit. Or la manière dont certains se comportent au cours de ce Repas manifeste le contraire. Ceux qui sont repus tandis que d’autres ont faim peuvent boire à la coupe et partager le pain en mémoire de Jésus-Christ, ce n’est pas pour autant le Repas du Seigneur qu’ils prennent. Les signes visibles de l’Alliance Nouvelle qu’est le partage du pain et du vin en mémoire du Seigneur sont contredits par leurs comportements.
« Ainsi donc, ajoute Paul, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur » (1Co 11,27). Paul n’agit pas en moraliste qui fixerait comme but à atteindre par les repus le fait de devoir attendre les autres. Il s’appuie sur l’éminente dignité qu’ils ont tous reçue et il exhorte les riches à ne pas mépriser leur propre dignité. En fait, ce ne sont pas les pauvres, mais les riches qui la perdent en omettant d’attendre les derniers venus : « Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour le Repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu’un a faim, qu’il mange chez lui, afin de ne pas vous réunir pour votre condamnation » (1Co 11,33).
« Que chacun s’éprouve soi-même »
L’invective que Paul adresse aux Corinthiens commence par : « Il faut bien qu’il y ait aussi des scissions parmi vous, pour permettre aux hommes éprouvés de se manifester parmi vous » (1Co 11,19). En grec, hoi dokimoi phaneroi genôntai : à ceux qui ont fait leurs preuves, sans autre précision, ni de sexe ni de fonction. La différence entre clercs et laïcs est étrangère à Paul dans cette épitre. La seule différence qui existe entre les Corinthiens repose sur le fait que certains ont déjà prouvé être capables de résister à l’injustice qui risque toujours de ressurgir parmi eux.
Si Paul semonce les Corinthiens, il n’en vient pas pour autant à exclure certains de la communion au pain et au vin. Il les invite simplement à faire la vérité sur les relations qui circulent entre eux. Jésus, lors de la première Cène a lavé les pieds de Judas et a partagé le pain avec lui autant qu’avec les autres. À la suite de Jésus, Paul refuse d’adopter la position du Maître ou Seigneur par qui la Loi s’imposerait aux autres et qui exclurait ceux qui ne s’y soumettraient pas. « Ceux que Dieu a établi dans l’Église, écrit-il, sont premièrement les apôtres » (1 Co 12,28b). L’autorité que Paul a sur les Corinthiens en qualité d’apôtre ne peut être celle d’un Seigneur qui commande en Maître. Elle ne peut s’exercer qu’en renvoyant chacun à son propre discernement. Il ne peut rien faire d’autre. Imposer aux repus d’attendre ceux qui n’ont rien n’aurait aucun sens. Paul ne peut que les pousser à constater que le cœur n’y est pas et à appeler chaque convive à discerner par lui-même si le cœur y est : « Que chacun s’éprouve soi-même… » leur dit-il (1Co 11,28a). Paul s’exclurait lui-même du Corps s’il considérait que sa qualité d’apôtre le plaçait à la tête des Corinthiens comme les chefs de ce monde sont à la tête de leurs troupes.
Si l’Esprit qui animait Paul au début du christianisme ne se retrouve plus aujourd’hui, alors les fondements de l’Église s’effondrent. Le Repas du Seigneur, aujourd’hui comme hier, n’est pas un acte qui transformerait, comme par magie, le pain et le vin en Corps et Sang du Christ pour peu que les paroles du Christ soient prononcées par un prêtre. Si ceux qui se rassemblent pour communier au Corps du Christ ne donnent pas une place d’honneur dans leurs assemblées aux pauvres – à toute victime d’une quelconque discrimination – ce n’est pas le Repas du Seigneur qu’ils prennent. Qu’ils soient prêtres ou laïcs n’y change rien. Paul, dans les années 50, écrivait aux riches Corinthiens repus : « Méprisez-vous l’Église de Dieu, et voulez-vous faire honte à ceux qui n’ont rien ? » (1Co 11,22b) Le chrétien Bernanos, vingt siècles après lui, demeure l’un de ceux par qui ce même esprit circule, comme un fil ténu, mais solide depuis les origines, envers et contre toute la volonté de puissance qui a caractérisé les Princes et Seigneurs dans l’Église catholique au long des siècles. Il écrit :
« Après vingt siècles de christianisme, tonnerre de Dieu, il ne devrait plus y avoir de honte à être pauvre. Ou bien, vous l’avez trahi, votre Christ ! Je ne sors pas de là. Bon Dieu de bon Dieu !
Reste qu’un pauvre, un vrai pauvre, un honnête pauvre ira de lui-même se coller aux dernières places dans la maison du Seigneur, la sienne, et qu’on n’a jamais vu, qu’on ne verra jamais un suisse, empanaché comme un corbillard, le venir chercher au fond de l’église pour l’amener dans le chœur, avec les égards dus à un Prince – un Prince de sang chrétien. Cette idée-là fait ordinairement rigoler vos confrères. (…) “On rirait de nous, disent-ils, un bougre en haillon dans le chœur, ça tournerait vite à la farce.” (…)
Allons donc ! Je me moque de passer pour un imbécile, je tiens le bon bout, le pape ne m’en ferait pas démordre. Et ce que je dis, mon garçon, vos saints l’ont fait, ça ne doit pas être si bête. À genoux devant le pauvre, l’infirme, le lépreux, voilà comme on les voit vos saints. Drôle d’armée où les caporaux se contentent de donner en passant une petite tape d’amitié protectrice sur l’épaule de l’hôte royal aux pieds duquel se prosternent les maréchaux ! » Georges Bernanos [7].
Notes :
[1] Le mot Cénacle comporte pour nous une connotation sacrée. En fait, il signifie simplement un lieu où l’on peut manger ensemble, ce qu’on appellerait aujourd’hui une salle à manger.[2] -Cf l’article de l’exégète Philippe Lefebvre « La liberté de parole dans l’Église » : http://www.dieumaintenant.com/libertedeparole.html
[3] Ces deux versets contredisent un autre passage de l’épitre aux Corinthiens : « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole ; qu’elles se tiennent dans la soumission, selon que la Loi même le dit. Si elles veulent s’instruire sur quelque point, qu’elles interrogent leur mari à la maison ; car il est inconvenant pour une femme de parler dans une assemblée. » 1Co 14,33b-35. Comment expliquer cette contradiction ? Paul veut-il dire qu’il est bon que les femmes prophétisent autant que les hommes, mais que pour autant il n’est pas bon qu’elles assomment l’assemblée par leurs questions ? De toute façon, s’il était inconvenant au premier siècle que les femmes parlent en public, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
[4] – En particulier, deux auteurs contemporains contestent le fait que Paul aurait été misogyne. Le philosophe, Alain Badiou – cofondateur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine – dans son livre Saint Paul, La fondation de l’universalisme, Ed. PUF 1997. L’exégète et bibliste, Daniel Marguerat dans son livre Paul de Tarse, L’enfant terrible du christianisme, Ed. Seuil 2023.
[5]- Paul évoque ici le récit de la Genèse où la femme est tirée de la côte (ou du côté) d’Adam.
[6] Cf 1Co 11,2-16. Ce qui concerne le « Repas du Seigneur » » commence au verset 17 du même chapitre.
[7] Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, Œuvres romanesques, Ed. de la Pléiade, 1961. Pages 1095-1096.