La requête
Cette initiative est née en Autriche, à la suite d’une situation difficile provoquée par la nomination par Rome d’évêques contre l’avis des paroissiens. En Allemagne, elle a connu un succès important, grâce à l’Association « Wir Sind Kirche – Nous Sommes Eglise ». Reprise dans de nombreux pays, deux millions de signatures ont été remises au Vatican. En France, elle a été ignorée de la plupart des médias : seuls Témoignage Chrétien, Golias et Réforme en ont publié le texte complet.
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Conjointement avec « Nous sommes Église » d’Autriche et toutes les initiatives similaires d’autres pays (Allemagne, Pays-Bas, Italie, Portugal, Espagne, Canada, USA, Mexique, Royaume Uni…), nous appelons le peuple chrétien à s’engager en faveur de la réforme de l’Église catholique.
Nous appelons à la discussion suivie d’une mise en œuvre progressive de mesures répondant à l’attente du peuple chrétien, ceci afin que les hommes des siècles à venir aient la possibilité d’accéder au cœur de la Bonne nouvelle.
Dans l’esprit du Concile Vatican II, « Nous sommes l’Église » entend rassembler, soutenir et promouvoir toute forme de dialogue et d’initiative donnant à l’Église de percevoir ses taches œcuméniques dans le monde.
BUTS et EXIGENCES
1. Édification d’une Église fraternelle
Nous demandons :
- l’égalité de tous les croyants, l’abolition de la coupure clercs/laïcs qui exclut la reconnaissance des vrais compétences;
- la participation des Églises locales au choix de leurs évêques. Seul peut devenir évêque celui qui jouit de la confiance du peuple.
2. Égalité totale des femmes et des hommes :
- par la participation aux discussions et aux décisions à tous les niveaux de l’Église;
- par l’accès au diaconat permanent;
- par l’accès au sacerdoce et à la conduite de l’Église. L’exclusion des femmes des ministères ecclésiastiques n’a pas de fondement biblique. L’Église ne peut se passer plus longtemps de la richesse de leurs capacités et de leurs expériences.
3. Libre choix entre vie de célibat ou vie conjugale
- Ni la bible ni le dogme n’ont jamais établi de lien contraignant entre ministère sacerdotal et célibat; il ne s’agit là que d’une donnée propre à une partie de l’Église romaine;
- En fait ce célibat obligatoire perd de plus en plus son sens dans notre société. Il écarte surtout du sacerdoce nombre de chrétiens capables de présider l’Eucharistie. Or le droit des communautés à l’Eucharistie et à une direction est plus important que la réglementation ecclésiastique en la matière; il faut la réviser.
4. Valorisation positive de la sexualité, élément important de l’humanité voulue par Dieu
Nous attendons :
- la reconnaissance de la capacité des humains à prendre leurs responsabilités en matière de morale sexuelle, par exemple à propos de la régulation des naissances;
- l’abolition de l’équivalence posée entre régulation des naissances et avortement;
- la compréhension, et non plus de continuelles condamnations fracassantes, par exemple en matière de relations préconjugales ou d’homosexualité;
- la mise en valeur accrue de certains thèmes : paix, justice, conservation de la nature, etc. et non plus une fixation crispée sur la morale sexuelle.
5. Bonne nouvelle et non plus menaces
Nous attendons de l’Église :
- la solidarité et l’accompagnement des gens en difficultés, et non pas des rappels angoissés de normes rétrécies;
- une compréhension accrue et des dispositions à la réconciliation avec tous ceux qui sont en situation de détresse, afin de les aider à prendre un nouveau départ (divorcés, prêtres mariés écartés du ministère, etc. ) et non pas une sévérité rigide.
En signant cette requête, vous adhérez à l’appel à un renouveau de l’Église dans l’esprit de Jésus, et en solidarité avec les objectifs de “Nous sommes l’Église”.
“Notre engagement à NSAE”.
Tout en étant en accord avec les cinq points de la Requête, je suis dans une recherche qui se situe à un autre niveau. Par ailleurs, j’estime que la référence à une réforme possible de l’Eglise est dépassée.
Si j’apprécie d’avoir trouvé à NSAE ” la liberté d’expression”, je ne crois pas possible d’introduire dans l’institution catholique de la démocratie et un dialogue inter-religieux, car nous nous trouvons devant une monarchie absolue qui est fière de l’être et refuse de cesser de vouloir tout dominer. Ma recherche va au-delà d’une libéralisation, elle vise à remplacer la dogmatique que je refuse dans sa totalité, par un enseignement établi sur la base des “dits” de Jésus, non revus et corrigés par Pierre, Paul, Jacques ou Jean.
Cela, je ne l’ai pas trouvé à NSAE dont l’action se situe dans la praxis, comme si ce mouvement se méfiait des mots et voulait, coûte que coûte, ancrer ses convictions dans le réel pour fuir les illusions catholiques d’une institution qui prêche la pauvreté, mais a, au cours des siècles, toujours vécu dans le faste et a toujours pris le parti des riches.
La dénomination NSAE ne signifie-t-elle pas que “nous sommes de cette Eglise, malgré ses défauts” ou que, au mieux, “malgré les transgressions, le non-respect des interdits, nous nous maintenons dans l’institution afin de la faire changer”.
Ecœuré, révolté par les trahisons, émanant de l’Eglise, du message de Jésus, par son goût obsessionnel du pouvoir, n’ayant plus vos illusions, j’ai quitté cette dictature, au risque de me retrouver seul et de devoir reconstruire les bases de ma foi.
Bien sûr, j’ai trouvé à NSAE de multiples raisons d’accorder à ce mouvement beaucoup de crédit pour ses actions résolues dans la bataille pour la défense de la laïcité, pour ses rapports constructifs avec d’autres partenaires attachés à la liberté, pour la bataille pour une Europe dégagée de la main-mise confessionnelle, pour une pratique de la mondialisation où la solidarité remplacerait le libre échange et les systèmes d’exploitation de moins riches et pour la réhabilitation des divorcés qui se remarient ou se sont remariés.
Cette utopie si attachante, ne pourrait-elle pas être le fait d’un simple humanisme, même teinté de culture chrétienne ?
Mais dans tout cela où sont les réponses aux questions que certains se posent sur l’identité de Jésus, sur une meilleure connaissance de son enseignement, de son message, si difficile à saisir dans le discours des évangiles ?
Pourquoi Jésus prophète est-il plus proche de nous que le Christ-Roi ?
Qu’est-ce qui le faisait marcher sur les routes de Galilée ?
Pourquoi est-il allé à la mort, alors qu’il aurait pu y échapper ?
Pourquoi l’invention de l’Agneau de Dieu, de la victime expiatoire, nous gêne-t-elle pour accéder à un Jésus proche de nous ?
Suis-je “chrétien”, si je récuse la plupart des apports de Paul, le père de la christologie ?
Le Dieu de Jésus, cet “abba” dont il nous parle avec émotion est-il le Dieu de l’Eglise catholique, entité divisée en trois personnes qui n’en font qu’une ?
Autant de questions (avec bien d’autres) auxquelles NSAE ne nous a pas aidés à trouver de réponse.
Je regrette que la proposition de Michel Benoît de nous aider à approcher d’une meilleure connaissance de Jésus, n’ait pas retenu l’attention de NSAE.
Je le regrette tout en étant conscient que :
1 – on ne peut pas être de tous les combats et qu’il faut, pour éviter d’agir en Gribouille, se limiter à ce que l’on est en mesure de bien faire,
2 – tenter de répondre sérieusement aux questions sus-citées, c’est, à coup sûr, entrer dans des conflits violents avec ceux qui, tout en se croyant contestataires, restent attachés à l’institution romaine et ne peuvent pas couper le cordon qui les relie à elle.
Je pense que si NSAE a fourni des réponses dans les domaines de l’action, de l’écoute et de la prise de conscience, il a failli dans celui de l’information spirituelle, se limitant à celle, moins conflictuelle des positions humanistes.