PAROLE en liberté
Présentation, lors de l’Assemblée générale de NSAE, le 27 février 2016, par Yvette Sausset
Notre groupe d’Indre-et-Loire – « PAROLE en liberté » – a pris naissance avec l’affaire Gaillot. Ce groupe, à l’époque, est devenu une grosse association avec statuts déposés en Préfecture. Trois présidents se sont succédé : André Thireau, Alain Bouthéon, puis Michel Bafour ; Michel Bafour, en devenant président, a pris le temps d’une relecture complète des rapports d’activité et en a sorti un document précis. Il en a été plutôt été remué par, je le cite, « le développement énorme des actions ». Des conférences qui drainaient jusqu’à 150 personnes, un très grand nombre d’adhérents.
Il se vivait là quelque chose de fort, rassemblant des gens de conviction dans la recherche et l’invention d’une autre manière de vivre en Église.
Personnellement, j’y ai été invitée à l’occasion d’un temps fort, il y a environ 12 ans. Ce fut une découverte, une joie !Il existait donc, près de chez moi, des chrétiens qui réfléchissaient, partageaient, célébraient « autrement ».
Avec tout mon passé de chrétienne un peu en marge de l’institution, un peu fâchée aussi, mais engagée depuis fort longtemps en ACE, en ACO…, j’y trouvais mon compte. Quelle bouffée de jeunesse ! Avec la rencontre de Maurice, Monique, Guy, Françoise, Georges, Gilles, Marcelle, Marie-Thérèse, Monique, Michel, Alain…. et les autres, tous les autres ! Des personnes « qui disent », qui ont une parole investie, des chercheurs, libres dans leur rapport à la Foi, ça me parlait bien !
Puis le temps a passé.
On s’éloigne de l’affaire Gaillot. Les forces vives baissent, ainsi que l’énergie et les compétences pour mettre en œuvre et réaliser les temps forts. Le 3 décembre 2011, on décide une assemblée générale extraordinaire. On y constate qu’il n’y a plus de bras pour « s’y coller ».
La réunion est triste, houleuse ; la question de la dissolution provoque la colère de certains adhérents.
Mais la dissolution est votée : il n’y a pas d’autre choix possible. À la fin de cette assemblée générale pas facile, il s’est pourtant dit : « et si on prenait quand même une date ? » « Ceux qui veulent… dans quelques mois, pourquoi pas… de manière informelle.
Beaucoup d’entre nous ne pouvaient consentir à ce que ce terrain si riche, si nourrissant soit abandonné.
Nous nous sommes effectivement retrouvés au printemps 2012, de manière informelle, à une douzaine de personnes, sans lieu fixe.
Très rapidement, nous réunions sont devenues mensuelles.
Nous avons tenu au côté « informel » qui nous soulageait de la charge administrative que nous ne nous sentions pas capables d’assumer.
Depuis, nous nous retrouvons avec le plaisir du partage avec des gens de conviction, d’engagement.
Le très riche passé de Parole en Liberté nous porte ! on en est bien conscient, on en bénéficie.
Nous avons, par l’usage, et pour commodité, pris le nom de « Ex-PEL »
En janvier 2015, après suggestion de nous affilier à NSAE, nous avons repris le nom de Parole en Liberté = PEL.
Chaque mois, c’est un moment amical, convivial, ou nous pouvons dire que nous sommes réunis « en Son Nom, sous Son Regard » (vrai pour les uns, moins évident pour les autres.)
Une vingtaine de km nous séparent les uns des autres… occasion de covoiturage pour se rendre chez les Arnoux, ou chez les Jacob.
Fin juin, le rendez-vous, c’est Tours-Nord, chez moi. Le ch’nord, on n’y va que quand il fait beau, dans le jardin. Selon l’expression d’Albert Rouet « la convivialité rend la Foi crédible », ça nous va !
Nous sommes une dizaine à chaque rencontre. Nous arrivons porteurs de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, de nos questions, de ce à quoi nous croyons.
Moyenne d’âge ? ben… euh…. disons que la teneur des échanges donne une impression de jeunesse… à faire envie !
Ces débats sont alimentés par l’actualité, la vie de chacun aussi, et s’ouvrent spontanément.
Sur cette année 2015, chargée en sujets de réflexion :
* Monique a porté particulièrement * les questions brûlantes qui touchent à la laïcité.
* Nous avons partagé nos expériences de lecture (TC, Spong)
*Les attentats de 2015 nous ont amenés aux questions de la liberté d’expression – (Charlie-
Hebdo, dès janvier 2015) et du politiquement correct qui se met insidieusement en place chez nous en France
* du rôle à jouer par l’école : donner des repères, éviter les dérives, maintenir une éthique quand les hommes politiques n’en font pas une exigence eux-mêmes, quand se fait ressentir ardemment le besoin de changer l’économie de marché
* les questions de société autour de l’anti-islamisme… de la soumission des femmes musulmanes (le voile = qui se voilera ? qui ne le fera pas ?) et comment vivre cela avec elles au moment de les accueillir comme demandeuses d’asile.
* de la progression dangereuse du F.N. aux élections régionales de décembre 2015.
* des migrants avec qui plusieurs d’entre nous sont en lien de manière proche et concrète. De nos doutes, de notre fatigue parfois aussi – mais aussi de toutes « les merveilles » modestes des témoignages de ce que nous vivons avec eux.
* des réfugiés, avec l’information et la désinformation continue, à leur sujet. Pourquoi partent-ils ? dans quelles conditions ? Pourquoi des pays dits « chrétiens » les rejettent-ils ? Que faire ?
* de l’état d’urgence – après les attentats du 13 novembre 2015- avec ses possibles dérives.
* du colloque du CEDEC, sur la laïcité, au lendemain des attentats du Bataclan et autre à Paris, le samedi 14 novembre ; qui a eu lieu « contre vents et marées » après avoir failli être annulé pour cause de fermeture de tous lieux publics. Et qui a pu, en dernière minute, s’organiser dans le restaurant où le repas était prévu.
Moment fort pour nous tous ! bravo au restaurateur qui a accepté et facilité le bon déroulement, ainsi qu’aux intervenants qui se sont adaptés.
Le drapeau tricolore flotte sur le restaurant, depuis ce jour : voilà…
Pour citer de nouveau Mgr Rouet : « la fraternité humaine, s’incarner, conduisent à la crédibilité de l’Évangile » . On ne se situe pas tous de la même façon dans ce groupe, sur la question de la foi. Mais notre axe commun est d’être en recherche de fraternité dans nos vies et entre nous. Avec une attention préférentielle vers la pauvreté.