Logement : des valises pour dénoncer les expulsions
Par Marie Pouzadoux
À la veille de l’été, où certains s’envolent pour des vacances, la Fondation Abbé-Pierre et des familles se sont mobilisées pour dénoncer la vague d’expulsions locatives qui font que d’autres atterrissent à la rue.
Il est 12h 30, mercredi 20 juin, un tas de valises est disposé au milieu de la place de la Réunion (XXe arrondissement de Paris). Malgré le temps ensoleillé, il ne s’agit pas d’un départ en vacances, tout au contraire. Affiches et banderoles sont dispersées sur le parvis : « Expulsions ! », « Quand s’envolent certains pour des vacances, d’autres atterrissent à la rue ». Ce sont des membres de la Fondation Abbé-Pierre qui ont pris possession des lieux.
La quarantaine de personnes présentes est mobilisée pour dénoncer les expulsions locatives « toujours plus absurdes et nombreuses ». La fin de l’année scolaire et l’arrivée de la saison estivale marquent le début d’un nouveau cycle de mises à la rue. Sous le regard des familles présentes, des bénévoles et des journalistes, Christophe Robert, délégué général de la fondation, prend la parole :
Nous sommes ici pour témoigner de notre immense inquiétude face aux expulsions locatives qui ne cessent de croître dans le pays. En 2016, près de 15 000 ménages ont été expulsés par les forces de l’ordre. Depuis dix ans les expulsions ont augmenté de 40 % ! Et si ces chiffres sont déjà conséquents, on sait que deux à trois fois plus de personnes ont quitté leur logement avant la procédure.
Le ton est grave et la colère affleure. Pour lui tout cela démontre « l’échec de la France à ce sujet. Malgré des avancées, ça ne suffit pas ». Il pointe du doigt la situation alarmante de l’Île-de-France : « La région représente 27 % des résiliations de bail forcées (décision de justice) et 44 % des expulsions. Une politique dure, dans une région où ça devrait être l’inverse. » C’est un constat amer, qu’il partage également sur « l’attente interminable de ménages que la Fondation Abbé-Pierre accompagne, pourtant reconnus au Dalo, qui parfois attendent dix-sept ans avant d’obtenir un logement social et qui sont expulsées alors qu’elles doivent être protégées par la loi ! » La Fondation Abbé-Pierre dénonce ainsi « le manque de moyens, la responsabilité des parcs privés et de l’État ».
Dans quel monde vivons-nous ? C’est aussi un message d’espoir pour vous dire que, si l’on veut, on peut faire autrement !
Source : https://www.politis.fr/articles/2018/06/logement-des-valises-pour-denoncer-les-expulsions-39027/