Victoire d’Emmaüs : le gouvernement va interdire aux marques de jeter leurs vêtements invendus
Par Marina Fabre
C’était une des demandes d’Emmaüs : appliquer les grands principes de gaspillage alimentaire au secteur textile pour interdire aux marques de jeter leurs vêtements invendus et les obliger à nouer des partenariats avec des associations. C’est ce que propose désormais le gouvernement dans sa nouvelle feuille de route sur l’économie circulaire. À échéance 2019, il ne veut plus d’invendus vestimentaires jetés ou éliminés.
Édouard Philippe veut passer du économie linéaire à une économie circulaire.
©Ministère
C’est une mesure passée inaperçue dans la feuille de route sur l’économie circulaire publiée le 23 avril par le gouvernement. Et pourtant, elle marque une avancée considérable dans la lutte contre le gaspillage vestimentaire. Le gouvernement veut s’assurer que d’ici 2019, plus aucun invendu de la filière textile ne soit « jeté ou éliminé ».
Pour répondre à ce défi, le ministère veut faire « appliquer les grands principes de la lutte contre le gaspillage alimentaire ». Il s’agit de calquer la loi qui oblige depuis février 2016 toutes les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés à conclure une convention avec une association caritative pour leur donner les invendus alimentaires.
Première étape : l’état des lieux
Cette demande était portée depuis quelques mois par Emmaüs via la directrice générale adjointe, Valérie Fayard. Cette dernière se réjouit de cette avancée. « Pour l’instant, rien n’est vraiment précisé, c’est une feuille de route de présentation, mais c’est une bonne nouvelle. L’échéance de 2019 va permettre au gouvernement de lancer un état des lieux de la situation, calculer le nombre de tonnages jetés, les procédés mis en place par les marques, les difficultés… », estime-t-elle.
Dans le secteur, l’opacité règne. Difficile de savoir réellement ce que deviennent les invendus. Mais la filière est minée par les scandales. Récemment, une équipe de Celio a été photographiée par une habitante de Rouen en train de lacérer et de jeter des vêtements. De même, H&M a été pointée du doigt par des journalistes danois pour avoir brûlé depuis 2013 soixante tonnes de vêtements invendus.
Les marques pourront redorer leur blason
Ces scandales entachent la réputation des marques. « Une nouvelle loi permettra aussi aux marques de mettre en avant leur démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Il faut que cela soit un partenariat gagnant-gagnant, autant pour les entreprises que pour les associations », avance Valérie Fayard.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire, contacté par Novethic, n’a pas encore répondu à nos sollicitations sur les détails de cette proposition. Cependant, elle souligne une volonté de l’exécutif de responsabiliser les acteurs de la filière textile, deuxième secteur le plus polluant au monde après le pétrole.
Par le passé, H&M n’avait pas voulu prendre position sur une possible loi sur le gaspillage vestimentaire. Mais, la marque assurait à Novethic que, sur le marché français, il n’avait pas « d’invendus au sens de produits qui ne trouveraient pas preneurs ».