LES BRAS TOUJOURS OUVERTS
Par José Antonio Pagola
Pour beaucoup de personnes, Dieu est tout sauf quelqu’un capable de mettre de la joie dans leur vie. Penser à lui leur ramène de mauvais souvenirs : dans leur cœur, se réveille l’idée d’un être menaçant et exigeant, qui rend la vie plus agaçante, inconfortable et dangereuse.
Petit à petit, ils s’en sont passés. La foi est restée « réprimée » dans leur intérieur. Aujourd’hui, ils ne savent plus s’ils croient ou ne croient pas. Ils sont à court de routes vers Dieu. Certains se souviennent encore de « la parabole du fils prodigue », mais ils ne l’ont jamais entendu dans leur cœur.
Le véritable protagoniste de cette parabole est le père. Il répète deux fois le même cri de joie : « Ce fils était mort et il est revenu à la vie : il était perdu et nous l’avons retrouvé ». Ce cri révèle les sentiments qui habitent son cœur de père.
Ce père ne se soucie pas de son honneur, de ses intérêts ou du traitement que ses enfants lui donnent. Il n’utilise jamais un langage moral. Il ne pense qu’à la vie de son fils : qu’il ne se sente pas détruit, qu’il ne reste pas mort, qu’il ne voit pas perdu, sans connaître la joie de vivre.
Le récit décrit en détail la rencontre surprenante entre le père et ce fils qui avait quitté la maison. Étant encore loin, le père « l’aperçoit » revenant affamé et humilié, et « il en est ému » jusqu’aux entrailles. C’est ce beau regard plein de bonté et de compassion qui nous sauve. Seul Dieu nous regarde comme ça.
Tout de suite, « il se met à courir ». Ce n’est pas le fils qui rentre à la maison. C’est le père qui sort en courant et cherche à l’embrasser avec plus d’ardeur que le fils lui-même. « Il s’est jeté à son cou et a commencé à le couvrir de baisers ». C’est comme ça que Dieu agit toujours. Il court sans cesse les bras ouverts vers ceux qui reviennent vers lui.
Le fils commence ses aveux : il les a préparés longtemps dans son cœur. Le père l’interrompt pour lui épargner plus d’humiliations. Il ne lui impose pas de punition, il n’exige de lui aucun rite d’expiation ; il ne lui met aucune condition pour l’accueillir chez lui. Seul Dieu accueille et protège ainsi les pécheurs.
Le père ne pense qu’à la dignité de son fils. Il faut agir rapidement. Il ordonne d’apporter les meilleurs habits, sa bague de fils et les sandales pour entrer dans la maison. C’est ainsi qu’il sera reçu lors du banquet organisé en son honneur. Le fils doit connaître auprès de son père la vie digne et heureuse dont il n’a pas pu jouir lorsqu’il était loin de lui.
Celui qui entend cette parabole de l’extérieur ne comprendra rien. Il continuera à marcher dans la vie sans Dieu. Quiconque l’entendra dans son cœur, pleurera peut-être de joie et de gratitude. Il sentira pour la première fois que le Mystère ultime de la vie est Quelqu’un qui nous accueille et nous pardonne parce qu’il ne veut que notre joie.
Source : http://www.feadulta.com/es/buscadoravanzado/item/10611-les-bras-toujours-ouverts.html
Traducteur : Carlos Orduna