Par Joshua J. McElwee
Le dicastère du Vatican chargé de superviser les établissements d’enseignement catholiques du monde entier a accablé la théorie moderne du genre, affirmant dans un nouveau document qu’elle cherche à « anéantir le concept de “nature”. »
Dans une instruction publiée le 10 juin alors que les personnes LGBT célèbrent le mois de la fierté dans le monde, la Congrégation pour l’éducation catholique estime que l’idée qu’il existe chez les personnes un spectre d’identité de genre n’est « rien d’autre qu’un concept confus de liberté dans le domaine des sentiments et des désirs ».
Qualifiant les différences biologiques entre hommes et femmes de « constitutives de l’identité humaine », le dicastère remet également en question les intentions de ceux qui s’identifient comme intersexués et transgenres.
« Les efforts pour aller au-delà de la différence sexuelle constitutive entre hommes et femmes, tels que les concepts » intersexué « ou » transgenre », conduisent à une masculinité ou une féminité ambiguë », indique le document.
« Cette oscillation entre homme et femme ne devient en fin de compte qu’une démonstration de » provocation « à l’encontre des » cadres traditionnels « », poursuit-il.
Le document, qui porte le titre « Homme et femme il les a créés », a été publié par le Vatican le 10 juin sans annonce préalable. Décrit comme une aide pour les enseignants et les parents catholiques, il est signé par les responsables de la congrégation de l’éducation, le cardinal italien Giuseppe Versaldi et l’archevêque Angelo Zani.

L’instruction ne porte pas la signature du pape François et le texte ne mentionne pas que le pontife ait examiné le document.
Les groupes de catholiques LGBT ont immédiatement critiqué le document. New Ways Ministry, l’un de ces groupes, l’a qualifié d’« outil néfaste qui servira à opprimer et à nuire non seulement aux personnes transgenres, mais également aux personnes lesbiennes, gays et bisexuelles ».
François, dont le début du pontificat a été défini par son « Qui dois-je juger ? » en réponse à une question sur un prêtre prétendu gay travaillant au Vatican, a fait des remarques contradictoires sur la théorie du genre et les personnes transgenres tout au long de ses six années de papauté.
Dans une interview de 2015, par exemple, le pontife a comparé la théorie du genre aux armes nucléaires, affirmant que le concept « ne reconnaît pas l’ordre de la création ». Mais en 2016, le pape a révélé lors d’une conférence de presse qu’il avait rencontré au Vatican un homme transgenre espagnol qui avait été ostracisé par son curé de paroisse après avoir subi une opération de changement de sexe.
« Nous devons être attentifs, ne pas dire que tous sont pareils », a déclaré François à propos de cette expérience, ajoutant que « les gens doivent être accompagnés, comme Jésus les a accompagnés ».
Le nouveau document, qui compte 31 pages, ne parle pas d’accompagner les personnes transgenres. Au lieu de cela, il émet des avertissements féroces et des critiques sur la manière dont les enfants et les jeunes sont éduqués aujourd’hui.
Le texte s’ouvre sur l’assertion que la société est confrontée à « une crise de l’éducation, en particulier dans le domaine de l’affectivité et de la sexualité ».
Il affirme ensuite que la « désorientation » culturelle a déstabilisé la famille en tant qu’institution, « amenant avec elle une tendance à effacer les différences entre hommes et femmes, les présentant plutôt comme le simple produit d’un conditionnement historique et culturel ».
Le cœur du document critique la façon dont la société moderne détache le concept de genre d’un individu de son sexe biologique.
« La théorie du genre (…) parle d’un processus graduel de dénaturalisation, c’est-à-dire un éloignement de la nature et une option absolue pour la décision des sentiments du sujet humain », indique le rapport.
« Dans cette façon de voir des choses, les conceptions de l’identité sexuelle et de la famille sont soumises aux mêmes » liquidités « et » fluidités « qui caractérisent d’autres aspects de la culture post-moderne, souvent fondés sur un concept confus de liberté dans le domaine des sentiments et des désirs, ou de dispositions momentanées provoquées par des impulsions émotionnelles et la volonté de l’individu », poursuit-il.
Le texte affirme que des études génétiques ont montré que les embryons mâles et femelles diffèrent « à partir du moment même de la conception ». Dans les cas où un enfant est né avec des organes génitaux ambigus, il est indiqué que « ce sont les professionnels de la santé qui peuvent effectuer une intervention thérapeutique ».
« Dans de telles situations, les parents ne peuvent pas faire un choix arbitraire sur la question ni la société », recommande-t-il. « Au contraire, la science médicale devrait agir à des fins purement thérapeutiques et intervenir de la manière la moins invasive possible, sur la base de paramètres objectifs et dans le but d’établir l’identité constitutive de la personne. »
Rappelant l’histoire de la Genèse selon laquelle Dieu a créé l’homme à son image d’homme et de femme, le document appelle à réaffirmer « les racines métaphysiques de la différence sexuelle ».
Dans une courte section détaillant quelques « points d’accord » avec la théorie du genre, le texte loue des programmes éducatifs qui « partagent un désir louable de lutter contre toutes les expressions de discrimination injuste, une exigence qui peut être partagée par toutes les parties ».
« En effet, il est indéniable que, au cours des siècles, les formes de discrimination injuste ont été une triste réalité de l’histoire et ont également eu une influence au sein de l’Église ». « Cela a entraîné un certain statu quo rigide, retardant l’inculturation nécessaire et progressive de la proclamation par Jésus de l’égalité de dignité entre hommes et femmes, et a provoqué des accusations d’une sorte de mentalité masculiniste, recouvertes à un degré plus ou moins grand par des motifs religieux », poursuit-il.
Le document loue également les études anthropologiques qui se concentrent sur les « valeurs de la féminité », soulignant que la « capacité des femmes à l’ouverture à l’autre » favorise une lecture plus réaliste et plus élaborée des situations en évolution ».
Traduction : Lucienne Gouguenheim