Philippe Grazon
Philippe est une grande figure de NSAE, dont il a été l’un des fondateurs, militant dans son groupe local du Cher et membre du conseil d’administration national jusqu’à ce que, ces deniers temps, la maladie le contraigne à renoncer.
C’était le 22 juillet, dans l’église Notre-Dame de Vierzon.
« Philippe, nous t’accueillons dans l’église où tu as vécu beaucoup de moments forts de ton existence, moments de joie et de souffrance.
Tu y as aussi animé pendant plus de 10 ans de nombreuses célébrations d’obsèques et tu disais recevoir beaucoup des familles en deuil.
Cette église, avec tous les amis présents, elle s’ouvre pour toi aujourd’hui ».
Une église où l’on sentait Philippe « chez lui » au milieu de ceux qui ont compté pour lui et pour qui il a compté, heureux et reconnaissants d’avoir simplement croisé sa route, partagé ses combats ou sa vie. Ils en ont témoigné, par la parole et la musique, autour du fil conducteur de l’Évangile de Jean chapitre 15 verset 9-17
Nous avons choisi de reproduire ici la lettre de Philippe à son arrière-petit-fils, Bertil, Bonjour petit Bertil, et le témoignage de son fils, Denis :
Mon vieux papa,
Oui, comme on l’a entendu, tu t’es bien battu !
Sacré vieux gaucho !
Sacré vieux gaucho… Catho !
Ça te résume quand même pas mal !
Ça résume bien ce qui a fait ta vie et ce que tu en as fait alors que tes débuts n’ont pas été faciles.
Il faudrait ajouter plein de choses, c’est sûr !
Sacré Papa !
Papa joueur, Papa fort, Papa qui taille des petits bateaux dans les écorces de pin, qui fait disparaître son briquet dans ses mains, qui joue au « rami » sous la tente avec les amis et les enfants, qui rigole, qui chante, qui gueule aussi parfois, et qui sait se recueillir.
Souvenirs merveilleux de messes dehors, sous les spins de l’île d’Oléron, en été.
Nous tous réunis, priant, chantant, dans l’odeur de forêt de pins, le calme, le vent.
Moi, petit, émerveillé par cette liberté.
Mais ça ne suffit pas à te décrire.
Ce qu’il faudrait ajouter encore, ce serait par exemple :
Sacré vieux copain ! Un compagnon. Celui avec qui on partage son pain.
J’ajouterais ici sacré frangin, sacré beau-frère, cousin, ami.
On l’a évoqué : à combien de belles fêtes tu les as conviés et régalés ?
Pour tous tes copains, tes proches, tu as été un ami fidèle, formidable et qui ne jugeait pas. Un ami parfois bien déconneur aussi !
Tu restes pour tes amis, avec tout ça et tous ces bons moments, dans leur cœur.
Quoi ajouter d’autre ?
Un sacré mari
Un sacré mari pour Annie, avec laquelle on vient de fêter vos 42 ans de mariage.
Annie qui t’a tant aimé, soutenu, aidé et accompagné jusqu’au bout, sans faillir.
Annie qui nous a adoptés et qu’on a adoptée aussi.
Merci Annie, merci pour tout ça, vraiment merci !
Tout le monde t’aime beaucoup.
Un sacré mari pour notre maman aussi à Anne, Béatrice et moi, après avoir été un camarade de JOC, un père, un bâtisseur.
Vous allez en avoir à vous raconter !
J’ai du mal à parler de toi au passé en fait, parce que pour moi, tu es autant un papa qu’un symbole.
Un symbole, oui. Et un symbole, ça ne meurt pas, ça reste un repère pour toujours.
Ces valeurs et ces repères que tu incarnes sont devenus les nôtres, les miens, et me guident, même si pour nous tous, tu as mis la barre très haut pour ce qui est de ton engagement…
Symbole de courage d’abord.
2 maisons, 3 enfants, un jardin avec 12 canards, 15 poules, 80 lapins, 30 moutons et autres cochons, 400 arbres et plantes en tout genre, et surtout 2 millions de kilomètres de pieds de pommes de terre, de fraises, de salade, et… des betteraves plates d’Egypte.
Et tout ça pour un seul bonhomme !
Quel sacré bonhomme !
Quel sacré jardinier !
Quel boulot ! Quel courage, quelle ténacité magnifique !
Quel courage désintéressé surtout puisque tu as bien dû donner la moitié de tes récoltes à qui pouvait s’en régaler, pour le besoin ou pour le plaisir.
Un symbole de bonté,.. de bienveillance, … de justice, … de partage … et de pardon.
Toutes ces valeurs positives et humaines qui font de toi un type bien !
Un sacré type bien !
Un type engagé et conséquent !
Un sacré bonhomme !
Merci pour ces valeurs, ces symboles, et continue de nous montrer la route !
Mon vieux copain Dominique Auton, avec lequel tu nous as fait le catéchisme pendant quelques années, m’a répondu, quand je lui ai appris ton départ, ces quelques mots si gentils. Je le cite : « Je découvre à quel point ton papa aura contribué à m’aider à me situer dans la vie. Un militant, un homme bienveillant, croyant en Dieu et peut-être plus encore en l’homme. »
Merci Dominique pour cette belle image qui lui fait honneur.
Je pense qu’il a joué ce rôle aussi pour pas mal de gens qui ont croisé sa route.
Un symbole de lutte aussi.
Sacré camarade !
Lutte politique, syndicale, chrétienne, tu ne t’es pas contenté de lire de beaux livres ou de beaux articles. Tu en as écrit toi aussi, tu as fait l’histoire, tu t’es battu avec tant d’autres, pour changer le monde, pour qu’il aille dans le bon sens, tu as été de tous les fronts, de toutes les manifs, de tous les manifestes.
Et puis, on peut le dire comme tu l’aurais dit toi-même : tu as bien souvent su aussi « ouvrir ta gueule » et te faire entendre quand il le fallait.
Un sacré camarade oui, ça te résume bien aussi.
C’est d’ailleurs sur ce mot que je vais conclure puisqu’il te résume assez bien également.
Je suis certain que si Dieu existe, tu es assis pas loin. « A la droite du père », comme dit la bible.
Je suis sûr aussi que tu t’es déjà porté volontaire au bureau des bénévoles pour accueillir les réfugiés qui ne seront jamais arrivés à leur destination, les victimes de guerres de toutes sortes et tous les malheureux du monde qui nous précéderont au royaume de Dieu mais qui sont si nombreux.
Dans ton cercueil, j’ai mis un petit bol en céramique.
C’est aussi à toi que je dois, avec tous tes outils, tes bricolages et tes constructions, d’être devenu ce que je suis, créatif et maintenant créateur.
Ce petit bol porte ma marque, Un ‘G’. Un ‘G’ comme Grazon, le nom que tu m’as donné et que j’ai donné à mon grand fils Robin.
La céramique, ça se fait avec les mains de l’homme, avec du travail, et une de ses particularités, c’est que ça dure très, très longtemps.
Les archéologues s’en servent pour dater les événements.
Puisse ce petit bol porter ton nom pour des milliers d’années.
Depuis quelques jours, je te parle, tout seul, dans ma tête, tranquillement, et je te remercie pour tout ce que tu as fait et donné pour nous tous, car tu as toujours été là pour nous.
Aujourd’hui je te dis juste au revoir, car je vais te retrouver en pensée et tenter, moi aussi, d’appliquer au moins quelques-unes de tes belles valeurs.
Au revoir papa, et à tout de suite !