Le Vatican réprimande les évêques allemands pour leurs propositions de réforme
Les projets d’inclusion des laïcs dans un processus de réforme ont suscité la colère du Vatican. L’Église catholique en Allemagne est maintenant sur le point de se heurter frontalement à Rome.
La Conférence épiscopale allemande a reçu un avertissement sévère du Vatican sur les consultations de réforme prévues, a-t-il été révélé vendredi.
La lettre de Rome a critiqué le « parcours synodal » de l’Église catholique allemande, qui devrait commencer en décembre. L’initiative est destinée à traiter des sujets tels que le célibat, l’abus de pouvoir en morale sexuelle et le rôle des femmes dans l’église, ainsi que de venir à bout des cas d’abus.
L’évaluation du Vatican, écrite par le cardinal Marc Ouellet, qui dirige le Conseil pontifical du Vatican pour les textes législatifs, a été également particulièrement critique sur le fait que la Conférence ait fait entrer le Comité central pour les catholiques allemands (ZdK) dans le processus.
Cela signifie que les laïcs auront une voix aux côtés du clergé.
Un ton résolument plus sévère
La lettre d’Ouellet fait suite à une lettre de 19 pages du pape François fin juin. Bien que la lettre de François ait été écrite sur un ton amical et ouvert, son flou laissait beaucoup de place à l’interprétation. En conséquence, les progressistes et les conservateurs allemands avaient des interprétations très divergentes des paroles du pontife.
L’évaluation du cardinal Ouellet n’a laissé toutefois aucun doute sur la position du Vatican. Il a critiqué l’inclusion du ZdK, rappelant aux évêques que bien que l’Église se félicite de la participation de tous les catholiques, « cela ne signifie pas que l’Église a une structure démocratique où les décisions sont prises conformément à l’opinion de la majorité des fidèles ».
La lettre a posé plusieurs questions directes aux évêques. L’une d’elles traite de l’inclusion du ZdK et demande : « Comment une conférence épiscopale peut-elle se laisser dominer par un ensemble de participants, dont la majorité ne sont pas des évêques ? »
Il a également demandé aux évêques : « Comment une Église particulière pourrait-elle prendre des décisions contraignantes lorsque les sujets abordés affectent l’Église universelle ?»
L’importance d’un nom
Le problème est également la terminologie utilisée par les évêques allemands et le ZdK, à savoir le fait qu’ils aient qualifié leurs réunions de synode, ce que le cardinal Ouellet a qualifié de « non valable sur le plan ecclésiastique».
En outre, il a déclaré que les plans violaient les normes canoniques, accusant les Allemands de chercher à modifier les doctrines catholiques universelles. Il a de nouveau averti les évêques que toute conclusion à laquelle ils pourraient aboutir « doit être en phase avec l’Église universelle ».
Voyage à Rome
Le cardinal Reinhard Marx, qui préside la conférence épiscopale allemande, a tenté de minimiser les préoccupations de Rome, affirmant que bon nombre des éléments les plus controversés des premiers documents de travail avaient été supprimés avant que l’évaluation de Ouellet ne soit parvenue.
Marx se rendra à Rome la semaine prochaine pour tenter de « dissiper tout malentendu ».
Une personne impliquée dans les réunions allemandes a déclaré : « La lettre nous a surpris de façon très négative. »
Thomas Sternberg, qui dirige le ZdK, a insisté sur le fait qu’un processus synodal contraignant devant débuter le premier jour de l’Avent était une condition préalable à la participation de son organisation.
Le salut par la réforme ?
Sternberg a exprimé son mécontentement avec la lettre en posant sa propre question : « Quelqu’un croit-il vraiment, compte tenu de la crise actuelle de l’Église, qu’il est possible de supprimer une discussion ouverte qui recherche des réponses et des réformes urgentes ? »
Cette question touche le cœur de la question pour les catholiques allemands. Ils soutiennent que l’Église catholique doit évoluer avec le temps si elle espère retrouver tout le terrain qu’elle a perdu avec ses membres à la suite des scandales d’abus sexuels qui l’ont secouée ces dernières années.
Les attentes suscitées
Bien que les évêques aient précédemment écarté les controverses lors de leur rencontre entre 2011 et 2015, ils ont insisté pour que les choses soient différentes cette année.
Cela a suscité des attentes parmi les organisations de femmes catholiques allemandes, qui ont déclaré : « Nous voulons clairement aborder les changements nécessaires dans l’Église et la manière dont nous pouvons mettre en œuvre l’égalité des sexes ».
Mgr Stefan Heße, archevêque de Hambourg, a déclaré que, bien que certains craignent que la Conférence des évêques allemands ne se mette en conflit avec le Vatican, « La voie synodale n’est pas conçue pour diviser, mais pour aider à unifier l’Église ».
Source : la chaine d’information allemande Deutsche Welle : https://amp.dw.com/en/vatican-rebuffs-german-bishops-over-reform-proposals/a-50423772
Traduction : Lucienne Gouguenheim
Lire aussi :
Les évêques allemands ont rejeté le projet de « Priorité à l’évangélisation » pour le parcours synodal
Le « parcours synodal » de l’Allemagne va-t-il changer le monde catholique ?