Par Michel Deheunynck
En voilà une bien belle histoire ! Aujourd’hui, on sait bien qu’elle n’a rien d’historique et que Jésus n’est pas du tout né de cette façon. Mais peu importe, c’est quand même une belle histoire ! Et l’évangéliste Luc (c’est le seul !) a eu la bonne idée de nous la restituer sous cette forme.
Bien sûr, l’étable, ça ne fait pas vraiment partie du paysage en milieu urbain. Mais on peut penser à tous ces lieux d’exclusion et de marginalité, les camps de réfugiés, les centres de rétention, etc.
Camp de migrants au marché aux puces de Saint-Ouen
Bien sûr, les recensements, ça ne se passe plus comme cela. Mais on nous parle aujourd’hui du tri des migrants entre ceux qui ont fui la violence policière et militaire et ceux qui ont fui la violence de la pauvreté et de la misère.
Bien sûr, les bergers, on n’en connaît pas forcément beaucoup, mais il y a tous ces gens pas très comme il faut, pas très propres sur eux, qui ne savent pas bien se tenir en bonne société.
Et on comprend que tous ces gens-là sont, dès le tout début, les premiers et les meilleurs amis de Jésus. Ce sera ainsi tout au long de l’Évangile.
Bien sûr, si Jésus avait fait partie des grands de ce monde, Il aurait été reçu avec les honneurs à Bethléem et il serait né dans une maternité 4 étoiles. Si Marie et Joseph avaient seulement dit qu’Il était le Fils de Dieu, le fameux Messie, annoncé par Isaïe, alors les bons croyants très pieux et leurs chefs auraient tout fait pour les recevoir en grande pompe religieuse. Et l’administration aurait vite réglé leurs problèmes de papiers.
Mais ce sont des vagabonds, et Jésus, notre Dieu est un pauvre mec. Alors, forcément, non, il n’y avait pas de place… on ne peut quand même pas accueillir tout le monde, pensez donc !
Comme pour tous ceux qui, aujourd’hui, sont jetés de chez eux, de leur travail, de leur pays, de leur communauté, parce qu’ils sont différents ou ne conviennent pas. Tous les exclus de notre humanité.
Mais ce qui est le plus important dans cette histoire, c’est que, en Jésus, Dieu, au lieu de rester là-haut à nous contrôler, compter les points, Il vient nous rejoindre là où nous sommes, au cœur même de notre vie en humanité. Même quand on trouve que cette vie, elle est dure, injuste, décevante, lui, Il a quand même estimé que, dans cette vie merdique, il y avait aussi de belles choses et Il a choisi de venir les partager avec nous et d’être partie prenante de tous nos espoirs, de tous nos rêves, de tous nos liens humains, amoureux, sociaux, de tous nos combats pour mieux vivre ensemble. Il souffre avec ceux qui souffrent, se révolte avec eux et se relève avec eux ; et ainsi, notre foi en lui, ce n’est pas une simple croyance religieuse, c’est bien plus que cela : c’est une relation humanisée entre notre Dieu et nous. Alors, bien plus que son côté merveilleux, voilà le sens de cette belle histoire de Noël !
Et puis, n’oublions pas que si Dieu est venu se faire si petit à Noël, c’est pour que nous, avec lui, nous grandissions ensemble, en nous libérant de tous les préjugés, de tous les rejets, de toutes les humiliations, de toutes les hontes et de toutes les peurs. Et que chacune, chacun, puisse conquérir ou reconquérir sa place, toute sa place, à commencer par les plus fragilisés, les plus atteints dans leur dignité. Jésus en fera ses amis les plus sûrs. Et pour Lui, ce ne sera ni de la compassion ni de la pitié ; ce sera de la justice ! Car pour que son projet de solidarité et d’amour, il soit vraiment pour tous, Il veut, car il le faut, que les plus petits s’en emparent d’abord. Comme Lui, ce bébé sur la paille de Bethléem.
Alors, Jésus, nous, nous te disons « Bienvenue chez nous ! » Parce que, avec Toi, comme Toi, nous voulons, nous aussi, grandir dans notre humanité et dans notre foi !
Superbe ! Michel, que ce texte sur Noël
Annie