Contribution au chemin synodal
Membre de la Fédération du Parvis, notre groupe Pour un christianisme d’avenir est solidaire de la position officielle du Parvis datée du 18 octobre 2021, suite à la publication du rapport de la Commission Sauvé. Nous souhaitons reprendre à notre compte et justifier un des remèdes qui y est proposé et qui nous semble fondamental.
Ce remède est formulé ainsi : il faut « ne pas hésiter à mettre à plat les fondements théologiques, anthropologiques et dogmatiques de l’Église catholique ». En effet, c’est à cette profondeur que se situe pour nous une véritable réforme, car les dérives à tous les niveaux sont liées à ces fondements. Ces fondements n’ont rien à voir avec les convictions de Jésus de Nazareth, son enseignement et ses actes libérateurs que l’exégèse des textes évangéliques permet de mettre en valeur. Ils ont été élaborés dans la foulée des textes du Nouveau Testament, premières interprétations de l’événement Jésus, lesquelles ont été lues d’une manière littérale en milieu grec où s’est développée rapidement la Voie chrétienne.
Ainsi, dans une autre culture et une autre anthropologie que celles de Jésus et des apôtres, on a construit peu à peu une identité divine de Jésus, envoyé par Dieu son Père pour racheter la faute originelle et remettre en amitié l’humanité pécheresse avec son Dieu. Les premiers conciles des IVe et Ve siècle, en définissant les dogmes de la divinité de Jésus et de ses deux natures, celui de la divinité du Saint-Esprit et celui de la Trinité et en les imposant pour les siècles des siècles, ont figé le christianisme dans une doctrine relative à une culture d’un siècle déterminé. Par ailleurs, dès le IIe siècle, les communautés chrétiennes, qui se géraient jusqu’alors d’une manière collégiale, ont vu leur animation passer entre les mains d’un seul homme, l’épiscope (en français l’évêque), qui s’est attribué le pouvoir de présider l’eucharistie, d’enseigner la vraie foi, de légiférer et de sanctionner. Ainsi est née la malencontreuse division clercs-laïcs, les premiers sacralisant et justifiant leurs pouvoirs en faisant appel à des textes évangéliques lus de manière littérale, les seconds n’ayant que le devoir d’obéir aux premiers.
Voilà l’origine du système clérical et du système dogmatique, deux systèmes étroitement liés, dont nous avons hérité dans le catholicisme actuel et qui demeurent verrouillés à double tour. Ce ne sont pas des petites améliorations de surface qui pourront bousculer ce béton clérical et dogmatique, considéré comme venant du Christ et donc de Dieu. Seule une révolution copernicienne pourra y parvenir. Des croyants chercheurs, aussi différents que Dietrich Bonhoeffer, Teilhard de Chardin, Marcel Légaut, Joseph Moingt, John Shelby Spong et bien d’autres, ont posé les jalons de ce christianisme d’avenir.
Mais les responsables de l’Église, les théologiens et l’ensemble des catholiques « pratiquants », qui croient fermement que le catholicisme actuel est frappé de l’estampille divine, donc immuable en son fond, sont-ils prêts à cette révision fondamentale ? Nous en doutons fortement. Beaucoup de chrétiens qui ont quitté les églises ne sont pas non plus conscients à quel point le système catholique est infidèle à la pensée et au témoignage de Jésus, ni non plus à quel niveau de soumission sont réduits les catholiques par ce système.
Il nous paraît donc vital et nécessaire de nous mettre ou remettre en route, d’aller ensemble plus loin que les réactions d’humeur et d’être lucide sur ce qui gangrène l’Église institutionnelle (ses structures hiérarchiques et sans doute plus encore sa doctrine dogmatique, dont dépend sa liturgie). C’est, à notre avis, l’analyse et la discussion qu’il faut faire remonter dans les rencontres synodales, d’où la nécessité pour chacune et chacun d’être au clair sur les raisons de cette crise. Les véritables propositions de changement ne peuvent s’imaginer qu’en prenant conscience des perversions dues aux systèmes clérical et dogmatique. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs.
Robert Ageneau, Serge Couderc, Paul Fleuret,
Jacques Musset, Philippe Perrin, Marlène Tuininga
Notre adresse mail : pourunchristianismedavenir@gmail.com
L’ordination du multiple (le peuple) à l’Un, ordonne la souveraineté de l’Un. Quid des “souverains-pontifs” ?
Attribuer à un existant humain ou acquérir pour un existant humain, un pouvoir sacré, interrogent l’intelligence éclairée par les sciences sociales (relatives à l’analyse d’une vision générale et historique d’un groupement humain).
“Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ [16]. Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie [17] et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective.” (Lumen gentium n° 10)
“Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, n’ont pas entre eux une différence essentielle (ontologique) mais une différence de degré (en communication).
Autrement dit, le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique sont de même nature ontologique et de degré différent en communication.