Par Giordano Ruini

Je ne veux pas que l’économie se redresse
ni qu’elle recommence à être instrument d’avidité et d’inégalité
Je veux qu’elle soit au service de l’authentique bien-être

Je ne veux pas que nous recommencions à travailler comme avant
Je veux que les travaux inutiles et dangereux s’effondrent
que le travail se transforme en Œuvre
que l’on travaille moins et que cela soit plus valorisé

Je ne veux pas que l’on recommence à lutter pour la survie
avec l’angoisse que cela ne suffise pas
Je veux le soutien de tous pour tous
que la richesse de quelques-uns soit redistribuée à la multitude
Je veux me rappeler que l’idée de pénurie est une arnaque qu’on nous a inoculée

Je ne veux pas que la finance mondiale et les géants pétroliers s’en sortent indemnes en recommençant à exploiter et à spéculer
Je veux que tout ceci soit un tremblement de terre qui secoue l’injustice mondiale

Je ne veux pas que les centres commerciaux recommencent à être toujours ouverts
Je veux que les espaces de partage et d’échange soient au service de l’humain et non de la consommation

Je ne veux pas me remettre à conduire dans une circulation congestionnée
Je veux bouger lentement et content
Au rythme naturel de l’univers
Qui fait que je m’émerveille de la floraison de l’abricot

Je ne veux pas être paranoïaque pour ma santé maintenant
puis recommencer tranquillement après à respirer la fumée des industries
comme s’il était normal de recommencer à crever de tumeurs
Je veux que l’air de ces jours-ci reste propre
que les dauphins revenus sur les côtes n’en repartent pas
Je veux me nourrir chaque jour
de cette nature dont je fais partie

Je ne veux pas que les écoles rouvrent
si c’est pour rester le théâtre de prestations anxiogènes
stupide bureaucratie et inutile engourdissement cognitif
Je veux que la connaissance soit joie, plaisir et créativité
Je veux que le temps soit consacré à inciter à l’art, au chant, au jeu

Je ne veux plus tenir pour acquis le toucher de ta main sur la mienne,
les pieds nus sur la plage et le coucher de soleil sur la colline

Je veux remercier quand bat mon pouls, quand je me tiens debout
quand je peux embrasser ma mère
Je veux me rappeler que ce moment est la chose la plus précieuse

Je ne veux pas revenir à la normalité
Je veux retourner à la vie

Source : https://www.facebook.com/giordanoruiniofficial/
Traduction : Didier Verdeille