Pâques 2020, une vie nouvelle
Par Michel Deheunynck
Un des premiers textes interrogateurs que j’avais écrit au séminaire, à l’époque où l’esprit critique était reconnu comme formateur, portait sur le calendrier liturgique. De Noël à la Pentecôte, passant par Pâques, celui-ci me mettait plutôt mal à l’aise. Concernant Pâques, le passage de la mort à la vie avec le Christ me semblait du quotidien vécu à chaque moment et à chaque étape chronologique de la vie affective, sociale, professionnelle et non limité à une date précise de l’agenda, fut-elle celle où la nature printanière elle-même revendique son droit à une vie nouvelle, ressuscitée.
Il y a un an, l’incendie de Notre-Dame de Paris pouvait signifier la mort d’une référence culturelle, historique, religieuse pour ouvrir un Temple de Dieu enfin nouveau, fait du cœur, des luttes, des espoirs de nos contemporains, un sanctuaire autre, celui d’un peuple de Dieu renouvelé, désormais dispersé en humanité, Pâques d’une vie nouvelle, ressuscitée.
Tout au long de cette année, des salariés, des fonctionnaires, des soignants ont manifesté leur volonté de donner un sens nouveau à leur travail, plus respectueux non seulement de leurs conditions de vie, mais d’une société plus juste, plus humaine, aux moyens plus redistributifs.
Eux aussi l’ont voulue cette vie nouvelle, cette vie ressuscitée.
Depuis quelques semaines, la mort, armée d’un redoutable virus, entend crucifier notre humanité. Mais c’est aussi à d’autres virus, autrement plus pernicieux, qu’elle s’en est pris, des virus qui prétendaient régler sournoisement la vie :
• Celui d’une économie marchande débridée, rongeant notre solidarité sociale et donc notre viereçue pour être partagée ;
• Celui des sectarismes religieux qui asservissent la conscience des croyants ;
• Celui des replis individualistes ou identitaires qui corrompent le sens de notre communauté de destin en humanité.
Mais au-delà de ces morts, apparaît une résurrection pascale :
• Le CAC 40 se fragilise… on parle même de renationalisations ;
• Les édifices cultuels routiniers sont vides… et la foi s’exprime en reprenant vie dans les cœurs ;
• Le relationnel rapproché se trouve confiné, en sommeil… mais l’universel se réveille.
Alors, tout moment de l’année peut être le bon pour une vie nouvelle
Pâques, une résurrection pour changer vraiment la vie !
J’étais Dieu fait homme.
J’ai triomphé de toutes vos épreuves parce que, au commencement, Dieu l’a décidé.
Venez !
Tout est achevé.
Dieu est tout en tous et en tout.