Il est plus que temps que le Vatican sorte son rapport sur l’ascension honteuse de McCarrick
Par le Comité éditorial du National Catholic Reporter
Au moment où nous publions ces lignes, cela fera un an, dix mois et six jours que le pape François a commandé un rapport sur la documentation du Vatican concernant la façon dont Theodore McCarrick a été promu dans les rangs de la hiérarchie catholique pendant des décennies, malgré les multiples rapports, tenus alors secrets, sur son inconduite sexuelle avec des séminaristes.
Et cela fait six mois et six jours que le Vatican n’a donné aucune nouvelle information publique sur l’état d’avancement du rapport, depuis que le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, a déclaré à l’agence de presse Reuters que le travail sur le texte était terminé, n’attendant qu’un ordre de publication final de la part de François.
Il est certain que le monde a changé de manière drastique depuis que le pontife a ordonné la publication du rapport le 6 octobre 2018, et même depuis que Parolin a donné la dernière mise à jour sur l’état d’avancement le 6 février.
De mars à la mi-mai, l’activité du Vatican a effectivement été arrêtée par le confinement strict dû au coronavirus en Italie, ce qui a peut-être empêché tout examen final nécessaire des documents d’archives. Compte tenu de la réaction disparate des États-Unis au coronavirus, il aurait été difficile d’organiser les entretiens de suivi nécessaires avec les personnes lésées par McCarrick.
Et François s’est peut-être judicieusement interrogé sur l’opportunité de publier un texte censé rouvrir une multitude de vieilles blessures pour les survivants d’abus sexuels américains alors que les Américains, comme d’autres dans le monde, font face à une ère de mort, de souffrance et de perte sans précédent.
Mais nous arrivons rapidement au point où la poursuite du retard devient inexplicable.
McCarrick était l’un des prélats catholiques les plus haut-placés de son temps, un conseiller influent auprès des présidents et des papes. Et pendant tout ce temps – alors que le pape Jean-Paul II l’avait nommé évêque de Metuchen, dans le New Jersey, en 1981, archevêque de Newark, dans le New Jersey, en 1986, archevêque de Washington, D.C., en 2000, et cardinal en 2001 – McCarrick abusait de jeunes hommes.
La suspension initiale de McCarrick de son ministère en juin 2018 était fondée sur un rapport – jugé par la suite « crédible et fondé » par l’archevêché de New York – selon lequel il avait abusé sexuellement en 1971 d’un servant d’autel âgé de 16 ans.
Et nous savons maintenant qu’au moins deux anciens séminaristes ont dénoncé McCarrick à leurs évêques locaux dès les années 1990. L’archidiocèse de Newark et les diocèses de Metuchen et Trenton, dans le New Jersey, ont conclu un accord secret avec l’un des deux hommes en 2005, et le diocèse de Metuchen a conclu un accord secret avec le second en 2007.
Au sein même des annales d’abus sexuels commis par des clercs catholiques aux États-Unis, qui sont tristement remplies de personnages méprisables et détestables, McCarrick projette une ombre répugnante.
S’il existe des motifs légitimes pour retarder la publication du rapport sur la façon dont un tel homme a pu obtenir une promotion, encore et encore, le Vatican devrait le dire. Plus le temps passe, plus les idéologues de droite de l’Église sont encouragés à affirmer sans fondement que François, qui, en tant qu’archevêque de Buenos Aires, en Argentine, n’a tout simplement pas participé à la carrière de McCarrick, a étouffé l’affaire.
Le peuple de Dieu mérite un compte rendu complet. Il faut en finir.
Source : https://www.ncronline.org/news/accountability/editorial-its-past-time-vatican-report-mccarricks-shameful-rise
Traduction : Lucienne Gouguenheim