Après le synode de l’Amazonie, où en est-on de la synodalité ?
Par Phyllis Zagano
Il ne faut pas oublier que l’Église n’est pas une démocratie.
Dans une démocratie, du moins en théorie, tout le monde a une voix et un vote. Mais l’Église est contrôlée par moins de 1 % de ses membres. L’Église – à tous les niveaux – est contrôlée par ses clercs.
Alors, qu’est-ce que tout ce discours sur la « synodalité » ? Comment ce discours peut-il devenir la marche à suivre lorsqu’il s’agit des femmes dans l’Église ?
À un certain niveau, la synodalité signifie la collégialité, ce qui nous ramène à notre point de départ. Dans l’Église catholique, la collégialité signifie que les prêtres et les évêques se parlent et décident de ce qu’ils veulent faire. Le pape François a dit que la synodalité, qui lui tient à cœur, « c’est marcher ensemble, et c’est ce que le Seigneur attend de l’Église au troisième millénaire ». Mais qui marche avec qui ?
D’ACCORD. Lors du récent synode des évêques pour la région panamazonienne, il y a eu beaucoup de discussions et de « marches en ensemble ». Quelque 230 hommes et 35 femmes étaient présents dans la salle Paul VI et dans les 12 groupes discussion linguistiques – cinq espagnols, quatre portugais, deux italiens, un français/anglais.
Mais sur les questions interdépendantes des prêtres mariés et des femmes diacres, la parole et la marche n’ont pas suffi. Chaque proposition a reçu un soutien écrasant : 128 pour et 41 contre l’ordination de diacres mariés comme prêtres, et 137 pour et 30 contre les femmes diacres.
Oui, des femmes étaient présentes au synode. Oui, des femmes étaient observatrices. Oui, des femmes étaient expertes. Mais aucune d’entre elles ne pouvait faire autre chose que de s’asseoir et de regarder les hommes décider. Il se trouve que chaque vote était émis par un homme.
Mais les souhaits du groupe ne semblent pas avoir changé les choses.
La question des femmes dans l’Église s’arrête aux portes de la Curie, contrôlée par les hommes. Le problème sous-jacent : des vestiges de croyances scandaleuses présentées par les cardinaux et les canonistes médiévaux, certaines ayant même été promulguées par des papes. Aujourd’hui, personne ne le dira à voix haute, mais il existe des preuves écrites que les hiérarchies de l’Église considéraient les femmes comme a) impures, b) stupides, c) indignes de confiance, d) trompeuses et e) trop d’autres qualificatifs trop offensants pour les consigner ici.
Quoi faire, pour une femme ? Il existe une expression dans l’armée selon laquelle, lorsque les troupes cessent de se plaindre, le commandant est en difficulté. J’ai le sentiment que les femmes ne se plaignent plus, ou, si elles le font, elles ne se plaindront plus très longtemps. Le récent coup de force de la Congrégation pour le clergé, insistant sur le fait que les prêtres sont responsables même lorsque d’autres font le travail, pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder la colère des femmes. Ou alors, c’est peut-être un reproche à François, qui semble penser que c’est OK pour les femmes.
Mais quid de « marcher ensemble » ? Chaque jour de nombreuses femmes s’éloignent de l’Église, emmenant avec elles leurs maris et leurs enfants. Voyez les preuves dans les journaux : Combien de mariages catholiques avez-vous vus annoncés récemment ? Combien de baptêmes catholiques sont mentionnés dans le bulletin paroissial ? Et, pandémie ou non, les messes comptent plus de personnes de plus que de moins de 60 ans.
À Rome, on continue à couper les cheveux en quatre. On claironne des canons fallacieux. Le plus consternant : pendant le synode, le cardinal allemand à la retraite Gerhard Müller, autrefois préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, brandissant le canon tridentin sur les sacrements face aux hommes et aux femmes du synode qui demandaient sincèrement un changement.
Il a déclaré que les femmes ne pouvaient pas être ordonnées (à quelque niveau que ce soit) parce que le Concile de Trente a déclaré que la substance d’un sacrement ne pouvait pas être modifiée. Peut-être a-t-il manqué le mémo (ou plutôt l’encyclique papale Sacramentum Ordinis), mais en 1947, le pape Pie XII a décrété que la question de l’ordination était l’imposition des mains, et que la forme de l’ordination était les mots signifiant la grâce du Saint-Esprit. La substance ? Eh bien, il est évident que des êtres humains sont ordonnés, mais il n’y a pas de doctrine qui renverse le précédent historique de l’ordination des femmes comme diacres.
Il n’y a pas non plus de doctrine contre l’ordination d’un homme marié comme diacre ou prêtre. Les membres du synode qui ont plaidé en faveur de l’ordination d’hommes mariés en tant que prêtres ont affirmé deux points : 1) le célibat est un grand don à l’Église et devrait être maintenu ; 2) la région amazonienne est en telle crise maintenant que les individus sont privés de l’Eucharistie.
Les membres du synode, parlant et marchant ensemble, ont également affirmé la nécessité pastorale pour l’Église de restaurer sa pratique historique d’ordonner des femmes diacres.
Pensez-vous que quelqu’un s’en soucie ?
Source : https://www.ncronline.org/news/opinion/just-catholic/amazon-synod-what-has-happened-talk-synodality
Traduction : Lucienne Gouguenheim