Dans la dernière bataille de la guerre contre la mafia, le Pape dissout la « dévotion du don à Marie »
Par Cameron Doody
Les médias ont publié le 19 août des extraits préliminaires d’une lettre dans laquelle le pontife appelle à la fin du culte douteux de la Vierge par les patrons du crime organisé italien [1].
Insistant sur la nécessité de sauvegarder la dévotion religieuse à Marie « dans sa pureté originelle » en la « libérant des superstructures, des pouvoirs ou des conditionnements qui ne répondent pas aux critères évangéliques de justice, de liberté, d’honnêteté et de solidarité », le pontife a explicitement soutenu une initiative visant à « libérer la figure de la Vierge de l’influence des organisations criminelles ».
Dans les passages cités par les médias, le pontife a fait référence à un nouveau groupe de travail de l’Académie Pontificale Internationale Mariale, dans lequel des représentants de l’Église et la police italienne, aux côtés d’autres experts, cherchent à développer des stratégies contre la Cosa Nostra, la Ndrangheta, la Camorra et la Sacra Corona.
L’objectif est notamment d’empêcher la pratique, lors des processions, de l’inclinaison des statues mariales devant les maisons des chefs de clan en signe de respect.
Au cours des sept années de son pontificat jusqu’à présent, François n’a jamais reculé devant les critiques sévères de la mafia.
En mars 2014, par exemple, lors d’une veillée de prière pour les victimes du crime organisé, le pape a dit aux chefs de la mafia « le pouvoir, l’argent, que vous avez maintenant provenant de tant d’entreprises sales, de tant de crimes mafieux, c’est de l’argent taché de sang, du pouvoir taché de sang, vous ne pouvez pas l’emporter avec vous dans votre prochaine vie. Repentez-vous ».
Plus tard, en juin de la même année, lors d’une messe en plein air à Piana di Sibari, en Calabre, le pape a averti que « ceux qui, dans leur vie, ont suivi les chemins du mal, comme dans le cas de la mafia, ne sont pas avec Dieu, ils sont excommuniés ».
En mars 2015, lors d’une visite à Naples, François a poursuivi sur ce langage dur de l’excommunication des mafiosi, en disant que les membres de la mafia « qui prennent volontairement le chemin du mal volent un morceau d’espoir ». Ils le volent à eux-mêmes et à tout le monde, à la société, à tant de personnes honnêtes et travailleuses, ils le volent à la bonne réputation de la ville et à son économie ».
En janvier 2017, lors d’une nouvelle audience avec les chefs de la brigade antimafia italienne, le Pape s’est insurgé contre les chefs du crime organisé, soulignant que « je prie Dieu, juste et miséricordieux, de toucher le cœur des hommes et des femmes des différentes organisations mafieuses, afin qu’ils arrêtent, cessent de faire le mal, changent de chemin et adoptent une vie différente ».
En septembre 2018, dans un sermon prononcé lors d’une messe à Palerme en l’honneur du père Giuseppe Puglisi, victime de la mafia, le pontife a averti qu’« un mafioso ne vit pas en chrétien parce qu’avec sa vie il blasphème contre le nom de Dieu ».
« Changez, frères et sœurs ! Cessez de penser à vous et à votre argent… Convertissez-vous au vrai Dieu », a exhorté François à ceux qui sont pris dans le crime organisé.
En octobre 2019, le pape a doublé sa rhétorique antimafia en nommant l’un des principaux procureurs antimafia d’Italie, Giuseppe Pignatone, au poste de président du tribunal de la Cité du Vatican.
Note :
[1] Lire https://nsae.fr/le-pape-veut-assecher-le-culte-marial-de-la-mafia/
Source :
https://novenanews.com/war-mafia-pope-cracks-down-dons-devotion-mary/