« Nous sommes Église » Allemagne soutient la poursuite des réformes du « chemin synodal »
Par Cameron Doody
Le mouvement de réforme catholique « Nous sommes Église » (NSE) Allemagne a plaidé pour que les discussions sur la réforme de l’Église de ce pays, sur le « chemin synodal », se poursuivent malgré le COVID-19 et les récentes instructions « extrêmement irritantes » du Vatican sur les paroisses.
« Une période de crise est toujours aussi une période d’opportunité »
« Nous sommes au milieu d’une crise, voire de plusieurs crises simultanées. Mais une période de crise, de décision, est toujours aussi une période d’opportunités et de nouvelles possibilités », a écrit NSE-Allemagne dans une lettre ouverte aux participants du « chemin synodal » [1] publiée le 11 août.
C’est cette ouverture aux opportunités et aux possibilités dans les crises qui a conduit le groupe de réforme à demander instamment que le « chemin synodal » de l’Église allemande – le processus de deux ans au cours duquel évêques, prêtres, laïcs et experts extérieurs réévaluent la doctrine et la pratique catholiques à la lumière des scandales d’abus sexuels du clergé – ne s’arrête « en aucun cas », mais « se poursuive sans relâche », même en dépit de la pandémie et des obstacles mis par Rome.
« L’Église est là où se trouve le peuple, pas là où il se trouve qu’il y a un prêtre »
L’un des motifs de la lettre de NSE-Allemagne aux participants du cheminement synodal était la frustration ressentie par le groupe lors des « messes fantômes » pendant les confinements dus au coronavirus, au cours desquels les prêtres insistaient pour célébrer l’Eucharistie même si les assemblées n’étaient pas physiquement présentes.
Ces messes fantômes « ne sont pas des services religieux, mais des spectacles cléricaux », a dénoncé NSE-Allemagne, ajoutant que « l’Église ne doit pas être pensée du point de vue du prêtre ; l’Église est là où se trouve le peuple, pas là où se trouve un prêtre » et demandant instamment que la « double classe » du clergé supérieur et des laïcs inférieurs soit définitivement supprimée.
Pendant la quarantaine du coronavirus, « nous avons fait l’expérience que… l’Église ne doit pas être pensée de haut en bas, mais en sens inverse », écrivent les auteurs de la lettre de NSE-Allemagne
Nous ne devons pas nous soustraire à notre responsabilité de chrétiens adultes.
Insistant sur le fait que ce dont les catholiques et la société en général ont besoin « est une Église pour le peuple, pour toutes les personnes qui sont touchées par une crise mondiale » et qui s’inspire « de l’esprit de l’homme de Nazareth » plutôt que d’être enfermée « dans un corset de lois », NSE-Allemagne a dénoncé l’instruction du 20 juillet sur la vie paroissiale de la Congrégation pour le clergé, qui a été largement accusée de renforcer le cléricalisme.
Le groupe de réforme catholique allemand a dénoncé l’instruction du Vatican comme étant « complètement inattendue et extrêmement irritante », et a déploré qu’elle ait été préparée « sans aucune consultation avec les Églises locales » dans l’ensemble du monde.
Comme si l’Allemagne n’avait jamais pensé à des paroisses missionnaires auparavant », s’est lamenté « Nous sommes Église », avant de poser une question ironique : « La Congrégation pour le Clergé n’a-t-elle pas pris note des débats théologiques et pastoraux de ces 50 dernières années ? »
Le document romain « rétrograde et clérical » complètement opposé, par ailleurs, au désir du pape François d’une plus grande synodalité, ne doit pas décourager les catholiques « de parler de ce qui est important », a poursuivi le groupe.
« Nous ne devons pas fuir notre responsabilité en tant que chrétiens adultes. Ne nous laissons pas contraindre une fois de plus par des statuts et des règlements et des paroles vides de sens, ne nous laissons pas interdire de penser », ont insisté les catholiques allemands progressistes.
Les retards dans les réformes « doivent prendre fin si l’on veut surmonter les crises enracinées dans l’Église cléricale ».
Les discussions du chemin synodal se déroulent dans des forums autour de quatre thèmes : la participation et la séparation des pouvoirs dans l’Église, la morale sexuelle catholique, le célibat obligatoire et le mode de vie sacerdotal et les femmes dans les ministères et les bureaux de l’Église.
« Nous sommes Église » a rappelé que ces questions sont toutes des sujets qui ont été débattus dans l’Église depuis le Concile Vatican II il y a plus de cinquante ans, même si les idées théologiques auxquelles les catholiques sont parvenus au cours de ce demi-siècle « sont encore largement ignorées » et si les désirs de réforme de la plupart des catholiques « ont été repoussés de décennie en décennie ».
Le retard pris dans la mise en œuvre du changement « doit enfin prendre fin si l’on veut surmonter les crises enracinées dans la structure cléricale de l’Église », a averti NSE-Allemagne.
Le groupe de réforme catholique a conclu sa lettre en reconnaissant que « la voie synodale en Allemagne ne veut pas et ne peut pas changer directement l’Église universelle, quelle que soit la qualité des consultations et des décisions ».
Mais le mouvement a appelé les participants au chemin synodal à trouver « des réponses pastoralement responsables et théologiquement saines aux crises actuelles », et à lancer ainsi un appel au changement qui sera non seulement fructueux pour l’Église mondiale, mais que le Vatican ne pourra pas ignorer.
Notes :
[1] https://www.wir-sind-kirche.de/files/wsk/2020/Wir_sind_Kirche_Offener_Brief_SW_20200811.pdf
Source : https://novenanews.com/we-are-church-germany-synodal-path-reforms/
Traduction : Lucienne Gouguenheim