Sous la signature de son nouveau correspondant à Rome, Loup Besmond de Senneville, La Croix écrit en date du 21 octobre :
« En 2018, lors de son voyage au Chili, le pape avait refusé de se prononcer sur le cas de Mgr Juan Barros, qui était proche de Fernando Karadima dans les années 1980 et qui était, selon plusieurs victimes du prêtre, témoin de ses agissements. Le pape avait alors réclamé des “preuves” de sa culpabilité, avant de reconnaître, quelques jours plus tard, avoir commis une erreur de jugement. Il avait finalement accepté la démission de Mgr Barros lorsque tous les évêques chiliens avaient remis leur charge épiscopale, en mai 2018 ».
Le livre de Régine et Guy Ringwald, « La bataille d’Osorno » retrace en détail toute l’histoire, en la remettant en perspective. Voyons ce qu’il en est de l’information publiée par la Croix :
« Le pape avait refusé de se prononcer sur le cas de Mgr Juan Barros ». En fait, il n’a pas cessé depuis 2015 de proclamer son innocence, de dire qu’il avait fait faire des enquêtes. De plus, par la place de choix qu’il lui a réservée durant tout son voyage au Chili et qui a scandalisé tout le pays, il l’avait ostensiblement soutenu.
« proche de Karadima dans les années 1980 ». L’auteur de l’article reprend ici le même type de dissimulation que celle qu’on pouvait déjà lire dans La Croix en 2015, disant que Barros était accusé d’avoir couvert un prêtre pédophile « quand il était jeune séminariste ». En fait, Barros a été proche de Karadima pendant 40 ans, il avait même fait le voyage de Rome pour le soutenir lors du procès canonique. Il avait encore fait son éloge en 2004 dans une homélie solennelle.
« Quelques jours plus tard », bien sûr « mille ans sont comme un jour » mais cette expression signifie pour le lecteur « dans les jours qui ont suivi ». En fait, c’est trois mois plus tard, et après le très lourd rapport de Mgr Scicluna, que la démission de Mgr Barros a été « acceptée ». Or les interventions de Barros et sa proximité avec Karadima furent dans le procès canonique de son maître, et le pape disposait aussi depuis trois ans d’une lettre détaillée d’une des victimes.
Les lecteurs peu au courant du problème qui lisent un tel article reçoivent une information qui ne correspond pas du tout à la réalité des faits.
Coïncidence ? Le Sismographe (Il sismografo) publie, de Rome, une information sur ce qui se passe dans l’Église catholique, avec une liberté de ton rafraîchissante. Son directeur est Luis Badilla. Il signe, le 24 octobre, un article intitulé « Quelle est la relation du Vatican avec la vérité ?».