Le chef des évêques allemands lie la survie de la foi et de l’Église à un plus grand rôle pour les femmes
Par Mada Jurado
Le chef des évêques allemands a lié la survie de la foi et de l’Église à un plus grand rôle des femmes dans le catholicisme.
« Fondée par des femmes, soutenue par des femmes, témoignée par des femmes, conquise et animée par des femmes – voilà l’Église. Et c’est seulement ainsi qu’elle aura un avenir », a averti le président de la conférence épiscopale allemande, l’évêque Georg Bätzing, dans une homélie le 22 novembre.
L’évêque du Limbourg, Mgr Bätzing, présidait la nouvelle consécration de la Frauenfriedenskirche (« l’église de la paix de la Vierge ») à Francfort.
L’origine de l’église remonte à 1916, lorsque Hedwig Dransfeld, alors présidente de la Katholischer Deutscher Frauenbund (organisation des femmes catholiques allemandes), a collecté de l’argent pour construire une « prière de pierre pour la paix » en l’honneur des morts de la Première Guerre mondiale.
Les fonds récoltés alors ont été perdus dans l’hyperinflation de la République de Weimar, mais l’église a finalement été achevée en 1929, pour être ensuite gravement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, l’église a été consacrée à nouveau, suite au projet de restauration de cinq millions d’euros sur trois ans, avec, dans son portique, une mosaïque moderne originale et spectaculaire de 12 mètres de haut de Notre-Dame Reine de la Paix, que Bätzing a qualifiée de « très inhabituelle ».
Faire de la « colère » contre la marginalisation des femmes un « moteur » du changement.
Étant donné l’histoire de la Frauenfriedenskirche, Bätzing a consacré son homélie du dimanche à rendre hommage au rôle des femmes dans l’Église.
Dès le début, il a fait l’éloge des « questions des femmes, des plaintes des femmes, du courage des femmes, de la colère des femmes, des dons des femmes, de l’union des femmes, des opinions des femmes, de l’espoir des femmes, de la foi des femmes [et] de la paix des femmes ».
Les questions des femmes sur la manière dont elles peuvent assumer un plus grand leadership dans l’Église et les réponses que la hiérarchie donne à ces demandes « sont décisives pour savoir si notre situation culturelle et sociale continue avec la croyance dans le Dieu d’amour et son Fils sauveur et son esprit vital, ou si cette confession millénaire continuera à vaciller », a averti Bätzing dans son homélie.
Mais, quelles que soient les réponses pour une plus grande égalité des sexes qui descendent de la hiérarchie, Bätzing a encouragé les femmes à poursuivre leur combat pour la justice, et à utiliser leur « colère » comme « moteur » pour pousser à la réforme.
« Pour un certain nombre de femmes dans l’Église, le point de basculement est maintenant atteint. Elles se regroupent. Et je dis : C’est bien, car l’alternative ne serait pas de se taire, mais de partir, comme l’ont déjà fait beaucoup trop de femmes », a reconnu l’évêque.
La mentalité de « coalition des hommes » règne toujours
L’évêque Bätzing est un défenseur infatigable des femmes au sein de l’Église ; il s’est exprimé à plusieurs reprises sur la nécessité d’une plus grande justice entre les sexes dans le catholicisme et c’est l’un des rares prélats allemands à avoir rencontré des groupes catholiques de défense des droits des femmes tels que « Maria 2.0 » [1].
La semaine dernière, l’évêque du Limbourg a réitéré cette opinion dans un discours prononcé devant l’assemblée générale du Comité central des laïcs catholiques allemands (ZdK), dans lequel il a reconnu être « très mécontent de la situation générale que nous avons dans l’Église allemande », principalement en ce qui concerne la crise actuelle des abus sexuels du clergé dans l’archidiocèse de Cologne et dans d’autres endroits.
Au lieu de la transparence sur le front des abus, le cléricalisme, une mentalité de « coalisation d’hommes » et le souci de protéger l’institution à tout prix règnent toujours, a déploré Bätzing.
Avec son adjoint, l’évêque Franz-Josef Bode, et son porte-parole Hans Langendörfer, le chef des évêques allemands, Bätzing, a participé à des discussions avec le Vatican le 12 novembre – non pas sur la place des femmes dans l’Église ni sur la crise des abus, mais sur l’instruction paroissiale controversée que le Vatican a publiée en juillet.
Selon la conférence des évêques, la conversation entre Bätzing, Bode, Langendörfer et le préfet de la Congrégation du Vatican pour le clergé, le cardinal Beniamino Stella, a été « caractérisée par l’ouverture et la compréhension mutuelle » autour du document paroissial, qu’une majorité d’évêques allemands ont critiqué de renforcer le cléricalisme et d’affaiblir la coresponsabilité des laïcs.
En dépit des craintes que les laïcs ne soient pas impliqués dans les discussions des évêques allemands avec le Vatican sur le document paroissial, la conférence des évêques allemands note que le cardinal Stella a « expressément souligné » que des représentants laïcs « devraient bien sûr être présents à la prochaine réunion ».
Note :
[1] Lire : Maria 2.0 : une voix de femmes catholiques pour le changement
Source : https://novenanews.com/german-bishops-head-survival-faith-church-women/
Traduction : Lucienne Gouguenheim
Illustration : https://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187337-d241913-Reviews-Frauenfriedenskirche-Frankfurt_Hesse.html#photos;aggregationId=101&albumid=101&filter=7&ff=248216233