La liquidation d’un trésor encombrant
Par Jean-Luc Lecat
Le trésor…
À nouveau, un prêtre quitte Saint-Merry, il démissionne…
Saint-Merry et son Centre Pastoral, le vilain petit canard de l’Église de Paris ?
Saint-Merry, le « bourreau » des prêtres ?
Saint-Merry, l’indocile et le perpétuel mécontent ?
Saint-Merry, l’hérétique qui célèbre à sa façon ?
Saint-Merry, les prétentieux qui se croient les meilleurs ?
Non ! nous ne sommes pas les meilleurs !
Nous ne cherchons pas à être un modèle…
Nous ne sommes pas des « parfaits »
Nous ne disons pas qu’il n’y a que nous de vrais
Nous ne sommes pas là pour mettre la pagaille dans l’Église
Nous ne sommes pas des contestataires invétérés et systématiques.
Nous ne sommes pas des « mangeurs de curé »
Nous ne voulons la peau de personne !
Et nous sommes très profondément désolés que des prêtres s’y sentent agressés, pas reconnus, pas aimés : leur vécu est effectivement très important.
Mais, en même temps, une communauté ne peut pas exister simplement pour permettre aux prêtres d’être heureux, pour éviter les tensions.
Nous sommes tous ensemble des adultes doués de liberté, capables de réflexion et c’est tous ensemble, à égalité d’humanité et de baptême, que nous souhaitons avancer, même si nous avons des rôles différents. Et partager ensemble notre marche d’humanité, en prise avec le monde de notre temps, éclairés et nourris par l’Esprit et la parole du Christ, c’est là notre désir et notre horizon.
Nous venons à Saint-Merry parce que, ici, nous avons trouvé une résonance avec nos questions, notre recherche, notre passion pour Jésus vivant.
Nous sommes là parce que ces questionnements, cette recherche, nous pouvons et voulons les vivre ensemble, nous en parler, nous éclairer les uns les autres, nous enrichir de la parole et du regard de chacun.
Nous aimons célébrer à Saint-Merry parce que nous pouvons créer notre célébration comme une rencontre de personnes vivantes et actives autour de la parole et du pain partagé. C’est la possibilité, pour nous et tous ceux qui peuvent entrer dans l’église pendant cette rencontre, de trouver une expression de la foi, qui tente de se rendre accessible aux personnes de notre temps, et cherche à nous rejoindre dans nos vies d’aujourd’hui. Cette rencontre hebdomadaire qui se veut célébration est le cœur de Saint-Merry : vers elle tout converge, et d’elle tout s’éclate, tout s’invente, tout s’anime, et tout repart, comme les rameaux d’un arbre sont issus du tronc et s’en nourrissent.
Nous confronter à Jésus et à sa parole, découvrir avec d’autres ce que cela peut vouloir dire pour nous et comment cela peut nous rejoindre aujourd’hui. Cette rencontre c’est vraiment le cœur de Saint-Merry et cette rencontre nous appartient à tous, elle est notre affaire à tous.
On peut supprimer tout ce que l’on veut à la communauté du Centre Pastoral, la seule chose vitale pour nous, c’est cette rencontre ouverte à qui veut, construite ensemble et célébrée au grand vent de la vie de notre monde.
C’est d’abord pour cela que nous venons à Saint-Merry des quatre coins de Paris et de sa banlieue. C’est d’abord cela qui nous a été offert et confié par François Marty, archevêque de Paris, et par Xavier de Chalendar entouré de quelques passionnés, pour permettre à la vie du 21e siècle de pénétrer dans l’Église et pour offrir à une communauté chrétienne ouverte à tous, en règle ou pas avec les schémas traditionnels, de s’ajuster à la demande de nos contemporains, à leurs attentes à leurs besoins, au langage de notre temps.
Tel est, pour moi, le trésor de Saint-Merry. Il est entre nos mains à tous. Qu’en ferons-nous ?
La liquidation
L’archevêque de Paris écrit le 7 février 2021 « aux membres des conseils de la paroisse Saint-Merry et aux personnes engagées dans le Centre Pastoral » :
« Je vous annonce mettre fin à dater du 1er mars 2021 à la mission confiée par le cardinal Marty en 1975 au Centre Pastoral Halles Beaubourg (aujourd’hui dénommé Centre Pastoral Saint-Merry). »…
« Il n’y a aura plus après cette date de célébration eucharistique dominicale à 11 h 15 mais uniquement une messe paroissiale célébrée à 10 h, préparée par les paroissiens de Saint-Merry autour des prêtres auxquels j’en confie la responsabilité. »
La justification invoquée pour cette décision, c’est « la méchanceté, l’absence de charité et la volonté de détruire » des laïcs de la communauté…
« La charité » : sésame chrétien bien-pensant, qui exclut toute tension, tout désaccord, tout conflit… mais qui dissimule divergences et non-dits, obstacles à la pensée unique et au pouvoir qui se dit « divin ».
Lire la Lettre de Mgr Aupetit
Lire la réponse de l’équipe pastorale
Lire : Il faut sauver l’esprit de Saint-Merry
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Signer la pétition OUI AU MAINTIEN D’UN CENTRE PASTORAL À SAINT-MERRY