Nous avons appris son décès le matin du 20 septembre.
C’était l’un des théologiens de la libération et des biblistes latino-américains les plus renommés en Amérique latine et dans le monde. Il avait une excellente formation pluridisciplinaire.
Il a eu comme professeurs les maîtres les plus prestigieux dans les différents domaines de sa formation, José Comblin et Gustavo Gutiérrez, en théologie, Luis Alonso Schökel, Carlo María Martini, Pierre Grelot et Roland de Vaux….. Il avait une connaissance profonde du marxisme dans ses aspects utopiques, humanistes et critiques.
Il a vécu activement l’élection de Salvador Allende et le processus démocratique et pacifique de transition vers le socialisme dans son pays, le Chili, où est né le mouvement Chrétiens pour le Socialisme.
Après son exil en France, forcé par la dictature de Pinochet, il s’est installé en 1978 à San José, au Costa Rica, pour travailler au Département de recherche œcuménique (DEI), dont il était le directeur, travaillant sans interruption pendant 40 ans, sans doute les plus fructueux et créatifs.
La théologie de Pablo Richard repose sur quatre piliers : la pratique de la libération, l’Église des pauvres, la lecture communautaire populaire de la Bible et la spiritualité. Sa théologie, engagée politiquement, économiquement et socialement, ne se limite pas à penser et à interpréter le monde, mais à le transformer.
Il a accompagné les processus révolutionnaires latino-américains, notamment la révolution sandiniste au Nicaragua. Il a joué un rôle fondamental dans le passage de “l’Église de la chrétienté” à “l’Église des pauvres”.
Il a créé le mouvement de lecture populaire et communautaire de la Bible visant à la formation d’agents pastoraux dans toute l’Amérique latine à travers une herméneutique libératrice de la Bible comme source de vie et d’espérance.
La mémoire de Pablo Richard vivra dans son épouse Gabriela et ses enfants, dans les communautés ecclésiales de base, dans le monde des pauvres qu’il a accompagnés et dans ses livres, qui continueront à éclairer notre chemin vers l’utopie d’un autre monde possible.