Par Michel Deheunynck
Ces jours-ci, nous avons pu échanger autour de nous des souhaits, des vœux de bonne année. Après Noël, chaque année, c’est une occasion de fête et une tradition sociale. Et dans le cadre de ce contexte rituel, nous fêtons en Église, l’Épiphanie, avec ce texte pittoresque qu’on connaît bien : l’histoire des rois. Non pas des 3 rois, mais des 2 rois : Hérode et Jésus. Et ces 2 rois, ils reçoivent tous les deux, la visite de ces personnages un peu mystérieux. Selon la tradition, ces visiteurs, ils viennent de loin. Ils ont dû en faire du chemin ! Au point que, lorsqu’ils sont arrivés, on pense que Jésus avait eu le temps de grandir, qu’Il n’était plus dans la crèche de Noël, mais à la maison, comme dit l’Évangile, avec ses parents. Et s’ils viennent de loin, c’est pour nous dire que Jésus, Il est pour toute l’humanité, tout le monde.
Et tout le monde, donc, se retrouve pour cette scène émouvante, attendrissante de l’Épiphanie autour de Jésus. Mais si Matthieu choisit de nous la raconter, contrairement à son collègue Luc qui avait plutôt choisi de nous raconter à Noël la visite des bergers, c’est peut-être pour nous mettre en garde dès le début de son Évangile qui sera le terrain d’un combat rude, avec un pouvoir sur la défensive, menacé dans sa sécurité quand survient un événement dérangeant, endurci par la peur de perdre ses privilèges, un pouvoir menaçant…
On est donc quand même assez loin de cette scène touchante et un peu triomphante où on vient embrasser le bébé Jésus en chantant et où tout le monde est heureux ! Et encore, ce n’est que le début. Pour Dieu, c’est le début d’une vie d’homme. Et pour nous, c’est le début d’une année nouvelle où nous pouvons recevoir ce texte comme une carte de vœux originale, à sa manière, pour nous inviter à reprendre notre route à la lumière de ce Noël que nous avons fêté.
À propos de se remettre en route, revenons à nos fameux voyageurs de l’Épiphanie. Ils ont cherché, ils ont demandé leur chemin, ils étaient confiants, mais, quand il l’a fallu, ils ont su aussi se méfier… Alors, ils peuvent, à leur façon, nous guider sur quelques bonnes pistes. Suivons-les et nous aurons peut-être de quoi faire de cette année, une année vraiment nouvelle qui nous fasse, nous aussi, avancer dans notre rencontre de Dieu.
Ils viennent de loin, ils cherchent, ils marchent, ils sont ensemble. Ils viennent rencontrer Dieu et ils retournent ensuite dans ce qui fait leur vie, mais ils trouvent un autre chemin, un chemin nouveau. Voilà tous les cadeaux qu’ils nous apportent dans leurs bagages pour redonner du sens à nos vies. J’en retiens deux :
D’abord, ce sont des chercheurs. La foi, ils ne connaissent pas, mais ils cherchent. Les réponses toutes faites qui sont dans les livres sacrés ou dans la tradition religieuse, ils ne connaissent pas, mais ils cherchent. Alors, nous aussi ; continuons à chercher le sens de notre vie, les raisons qu’on a d’y croire, la confiance pour réaliser nos projets, les questions nouvelles qui font bouger notre façon de vivre et de croire. C’est ainsi que, nous aussi, nous permettons à Dieu de prendre corps dans notre histoire, de s’humaniser dans notre monde ; le sens de Noël !
Et puis, ce sont des marcheurs. Ils nous apprennent à ne pas rester là où nous en sommes, à toujours redémarrer. Ce n’est pas toujours facile : ne pas baisser les bras, ne pas se résigner aux difficultés, ne pas croire qu’on ne peut pas aller plus loin, ne pas se sentir seul à côté de la route de la vie. Alors, que nous soyons, toute cette année, en bon état de marche ! Même en prenant une nouvelle route par un autre chemin.
Ce matin encore, nous nous sommes déplacés pour venir jusqu’ici, pour rencontrer dans une foi confiante ce Dieu qui s’est fait homme à Noël. Et Lui, aujourd’hui encore, Il nous renvoie, pour retrouver, au moins dans notre cœur, toutes celles et ceux qu’Il a mis dans notre vie. Et même, s’il le faut, rejoignons-les autrement, par un autre chemin.
Et ainsi, toute cette nouvelle année, soyons, nous aussi, des chercheurs et des marcheurs !
Source : La périphérie : un boulevard pour l’évangile ? – Michel Deheunynck (éd. Temps Présent), p. 253