La réaction ne s’est pas fait attendre. La Commission des Épiscopats de l’Union Européenne (COMECE), regrette la résolution adoptée par le Parlement Européen proposant d’inclure l’avortement dans la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union.
« Nous regrettons que le Parlement européen ait adopté hier cette résolution, qui ouvre la voie à une dérogation aux droits de l’homme universellement reconnus et dénature la tragédie de l’avortement pour les mères en difficulté. Nous devons œuvrer en faveur d’une plus grande unité entre les Européens, et non pas créer de nouvelles barrières idéologiques et une polarisation supplémentaire. Nous devons soutenir les mères enceintes et les accompagner pour surmonter les obstacles dans des situations problématiques », selon une déclaration signée par le secrétaire général de la COMECE, l’Espagnol Manuel Barrios.
« L’avortement ne relève pas de sa compétence ».
Selon la COMECE, le Parlement européen ne doit pas entrer dans un domaine, tel que l’avortement, « qui ne relève pas de sa compétence, ni s’immiscer dans les affaires intérieures des pays démocratiques membres ou non de l’UE ». La promotion d’agendas politiques radicaux met en péril les droits fondamentaux, notamment la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté d’expression, la liberté de réunion, et nuit à la cohésion sociale », indique le texte.
Selon la COMECE, donner la priorité à l’inclusion de l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, dans le contexte d’une éventuelle révision des traités de l’UE, « peut remettre en question les chances de succès d’un tel processus de réforme, tout en intensifiant les confrontations entre nos concitoyens et entre les États membres ».
Le Parlement condamne l’abrogation de l’avortement aux Etats-Unis
Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution condamnant fermement « la détérioration de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes aux États-Unis ».
La résolution fait suite à la décision de la Cour suprême des États-Unis, en juin dernier, d’invalider une loi accordant le droit à l’avortement dans tout le pays. Désormais, la législation sera du ressort de chaque État, ce qui amènera les États les plus conservateurs à imposer des interdictions ou de sévères restrictions.
Le Parlement européen demande que le droit à l’avortement soit inclus dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE.
Les sociaux-démocrates, les libéraux, les verts et la gauche obtiennent une majorité sans le PP européen et les conservateurs pour faire passer le texte. https://t.co/12kVcmi3Pa
– Laura Zornoza (@LauraZornoza) 7 juillet 2022
Certains députés européens se sont réjouis de la résolution :
« J’ai été absolument choquée lorsque j’ai entendu parler des plans visant à faire reculer les droits fondamentaux », a déclaré Terry Reintke, députée européenne des Verts pour l’Allemagne. « Surtout en tant que femme, je crois en “nos corps, nos droits”. C’est notre choix. Je pense que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour combattre et résister à ce genre d’attaques. »
Un droit fondamental ?
Avec 324 voix pour et 155 contre, la résolution adoptée comprend un appel à ajouter le droit à l’avortement à la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Les députés estiment qu’il y a également des signes inquiétants au sein du bloc.
« Il y a certains pays en Europe qui ne garantissent pas la santé et les droits reproductifs des femmes », a déclaré l’eurodéputée espagnole socialiste et démocrate Iratxe García. « Par exemple la Pologne, et nous ne savons pas ce qui se passera dans les autres pays ? Mais dans tous les cas, l’important est de veiller à ce que nous puissions inclure la santé sexuelle et génésique dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE afin de garantir que nous parlons bien des droits de l’homme ».
Dans toute l’Union européenne, Malte est le seul pays qui interdit l’avortement. La Pologne a également des lois très restrictives.
Le Parlement invite instamment les États membres à garantir l’accès à des services d’avortement sûrs, légaux et gratuits, ainsi qu’à des services de soins prénatals et maternels.