UN NOUVEAU CLASSISME
Par José Antonio Pagola
Nous connaissons la parabole. Un riche insouciant qui « fait des fêtes somptueuses », insensible à la souffrance des autres, et un pauvre mendiant à qui « personne ne donne rien ». Deux hommes séparés par un abîme d’égoïsme et de manque de solidarité qui, selon Jésus, peut devenir définitif, pour l’éternité.
Allons en profondeur dans la pensée de Jésus. L’homme riche de la parabole n’est pas décrit comme un exploiteur qui opprime sans scrupules ses serviteurs. Ce n’est pas là son péché. L’homme riche est condamné simplement parce qu’il profite négligemment de sa richesse sans s’approcher du pauvre Lazare.
C’est la conviction profonde de Jésus. Lorsque la richesse est « la jouissance exclusive de l’abondance », elle ne fait pas grandir une personne, mais la déshumanise, car elle la rend insensible et indifférente au malheur des autres.
Le chômage fait naître un nouveau « classisme » parmi nous. La classe de ceux d’entre nous qui ont un travail et la classe de ceux qui n’en ont pas. Ceux d’entre nous qui peuvent continuer à augmenter leur bien-être et ceux qui s’appauvrissent. Ceux d’entre nous qui exigent des salaires toujours plus élevés et des accords toujours plus avantageux et ceux qui ne peuvent plus rien « exiger ».
La parabole est un défi à notre vie satisfaite : pouvons-nous continuer à organiser nos « dîners du week-end » et continuer de jouir allègrement de notre bien-être alors que le spectre de la pauvreté menace déjà de nombreux foyers ?
Notre grand péché est l’indifférence. Le chômage est devenu tellement « normal et quotidien » qu’il ne nous choque plus et ne nous fait plus autant de mal. Nous nous renfermons chacun dans «,notre propre vie » et devenons aveugles et insensibles à la frustration, à la crise familiale, à l’insécurité et au désespoir de ces hommes et de ces femmes.
Le chômage n’est pas seulement un phénomène qui reflète l’échec d’un système socio-économique radicalement injuste. Le chômage, ce sont des personnes concrètes qui ont actuellement besoin de l’aide de ceux d’entre nous qui bénéficient de la sécurité d’un emploi. Nous ferons des pas concrets de solidarité si nous osons répondre à ces questions : avons-nous vraiment besoin de tout ce que nous achetons ? Quand s’arrêtent nos besoins et commencent nos caprices ? Comment pouvons-nous aider les chômeurs ?
Source : https://www.feadulta.com/es/buscadoravanzado/item/14215-un-nouveau-classisme.html