L’Homo Sapiens : ou la vie ou la mort
Par José Arregi.
J’ai lu dans EL PAÍS : « Les hommes vont avoir du mal à être fertiles dans à peine une décennie, s’ils continuent à ce rythme : le nombre de spermatozoïdes par éjaculation n’a cessé de baisser depuis près d’un siècle. Leur concentration est également tombée à moins de la moitié de ce qu’elle était il y a 50 ans, approchant le seuil de l’infertilité. Et le taux de déclin s’est accéléré jusqu’à présent ce siècle, doublant. Ce sont les chiffres alarmants d’une étude portant sur 53 pays. Les auteurs de la recherche n’ont pas approfondi les causes, mais ils pointent du doigt certaines habitudes de vie et l’exposition à des polluants chimiques dès le fœtus » (Miguel Ángel Criado, 15 novembre 2022).
Il y a un an, le paléontologue, biologiste de l’évolution et éditeur Henry Gee écrivait : « L’homo sapiens est peut-être déjà une espèce morte qui marche ». Il a annoncé son effondrement progressif à partir de l’an 2100, et a souligné certains des nombreux signes, tels que le manque de variation génétique, la chute des taux de natalité, la pollution et le stress de la vie dans les villes surpeuplées.
L’évangile de Luc met ces mots dans la bouche de Jésus : « Quand vous voyez un nuage se lever au couchant, vous dites aussitôt : “La pluie vient”, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : “il va faire une chaleur accablante”, et cela arrive. Vous savez discerner l’aspect de la terre et du ciel, et le temps présent, comment ne savez-vous pas le reconnaître ? » (Lc 1, 54-57).
À l’horizon de ces temps, et quelques heures après la décision – ou l’indécision – prise par près de 200 États à la COP27 de remédier aux dommages causés par le changement climatique sans en éliminer la cause, je vois poindre de très sérieux points d’interrogation : se pourrait-il que l’Homo Sapiens veuille et ne puisse pas survivre ? Ou bien est-ce qu’elle ne veut ni ne peut le faire ? Est-ce que, pour son propre bien et pour celui de la Terre, cela ne vaut pas la peine qu’elle survive à moins qu’elle ne décide d’adopter réellement les mesures globales – elles à sa portée – pour vouloir et pouvoir vivre vraiment, c’est-à-dire être plus humaine et fraternelle, plus bonne et plus heureuse ?
Source : https://josearregi.com/fr/lhomo-sapiens-face-a-la-vie-ou-a-la-mort/