Au Réseau Européen Églises et Libertés : Pour les droits des migrants
Par Sylvie KEMPGENS
Début novembre 2022, le Réseau Européen Églises et Libertés (dont PAVÉS fait partie) a signé avec d’autres associations un appel lancé par SOS Méditerranée [1], exhortant les États européens à faciliter le débarquement immédiat, dans un lieu sûr, de toutes les personnes rescapées qui étaient bloquées à bord des navires de sauvetage en Méditerranée centrale. On assistait alors, entre le gouvernement italien et le ministre français de l’Intérieur, au concours de celui qui se montrerait le plus inhospitalier, le plus intolérant, le plus infâme.
Dans le même temps, la politique de l’accueil en Belgique est une honte. Les décisions des tribunaux ne sont pas respectées, les astreintes ne sont pas payées, une sous-organisation coupable est délibérément entretenue, alors même que les partis de la droite extrême ne sont pas au pouvoir au niveau fédéral. Mais leur présence haineuse est si puissante, des médias sociaux jusqu’aux différents Parlements, que la menace de leurs prochains résultats électoraux tétanise le pouvoir en place.
Me revient cette image saisissante parue sous la plume du philosophe Dominique Bourg, spécialiste des questions environnementales (je vous la restitue de mémoire) : nos sociétés sont dans un bus dévalant la pente à toute allure ; le conducteur (nos gouvernants) arrache triomphalement la pédale de frein en criant aux passagers de surtout garder à l’œil les deux migrants assis à l’arrière !
Pourtant le 10 décembre 1946, les nations, unies, avaient affirmé que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, et qu’ils doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Ceci constituait le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, on l’avait compris.
Au Conseil de l’Europe à Strasbourg, au sein de la Conférence des OING où notre Réseau est accrédité, un de nos membres, Fernand Jehl, milite au sein du Comité des droits des personnes migrantes [2]. Un petit groupe de représentants de nos mouvements nationaux (Espagne, Belgique, France, Pays-Bas, Angleterre) soutiennent son engagement et lui fournissent documentation et témoignages. Le but est aussi qu’ils interpellent les parlementaires nationaux qui siègent à Strasbourg pour savoir si et comment ceux-ci répercutent les préoccupations et les recommandations émises à Strasbourg.
Les droits humains ont beau être des principes fondamentaux, ils restent fragiles, et toutes les forces de la société civile sont nécessaires pour plaider leur cause et faire valoir leur indiscutable priorité.
À la suite de Jacques Gaillot dans un récent « post » sur Facebook [3], rappelons donc ceci, en tout temps et en tous lieux : « Les migrants ne nous agressent pas, ils ne nous envahissent pas, ils ne font qu’exercer un droit humain fondamental : se déplacer, se libérer de la misère et de la violence pour vivre ailleurs, une vie qui soit digne. »
Notes :
[1] https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/appel-urgent-de-plus-20-acteurs-de-la-societe-civile-les-rescapes-de-la-mediterranee-doivent-debarquer-en-lieu-sur/ [2] https://www.coe.int/fr/web/ingo/rights-of-persons-who-are-migrants [3] https://www.facebook.com/search/top/?q=jacques%20gaillotSource : Bulletin PAVES n°73