Réponse de Robin Meyers (traduction Gilles Castelnau)
J’espère bien que non !
La croyance en un Dieu trinitaire a sans doute perturbé plus de gens qu’elle n’en a aidés. Comme toutes les doctrines « définitives », la Sainte Trinité. Comme toutes les doctrines « élaborées », la Sainte Trinité qui était une manière d’essayer de comprendre Dieu est devenue une croyance centrale que les chrétiens doivent admettre, même s’il est impossible de la prendre à la lettre.
L’évêque Spong disait : « La Sainte Trinité n’est pas et n’a jamais été une description de l’être même de Dieu. Elle reflète plutôt une tentative de définir notre expérience humaine de Dieu. »
Nous comprenons que Dieu est créateur, que Jésus est l’incarnation de l’amour de Dieu et le Saint-Esprit est l’élan de cet amour qui nous attire et nous inspire. C’est une métaphore que l’on peut conserver. Comme l’a dit William Sloane Coffin : « c’est un poteau indicateur et non un joug ». Mais lorsque l’Église a voulu assurer son pouvoir et son exclusivité spirituelle, elle a donné à la Trinité une place qui dépasse largement la simple métaphore ou la poésie liturgique.
Lorsque l’Église occidentale a décidé en 1054 que le Saint-Esprit émanait du Père et du Fils (filioque), le Grand schisme d’Orient s’en est suivi. Rome a fait du Saint-Esprit sa franchise exclusive (Note de GC : le Saint-Esprit dépendait désormais du Fils, c’est-à-dire concrètement de ses sacrements distribués exclusivement par l’Église) alors que Constantinople continuait à le voir opérer indépendamment des rites de l’Église. C’est exactement ce qui se passe lorsque nous prétendons à la vérité littérale de nos métaphores : nous ne proposons plus alors seulement une image utile à la compréhension de Dieu (que l’on ne peut évidemment jamais comprendre vraiment), mais nous imposons aux gens une interprétation unique et obligatoire.
C’est pourquoi j’ai été toute ma vie un pasteur non trinitaire. Enseigner « trois en un » et « un en trois » (comme d’ailleurs « entièrement humain et entièrement divin » n’a non seulement aucun sens, mais c’est surtout vendre aux gens ce qu’on ne possède pas soi-même.
J’ai repéré une fois un excellent autocollant sur le pare-chocs d’une voiture : « les métaphores soient avec vous ! »
Source : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc810.htm