Féminisme, écologie, transcendance et… christofascisme
Par Matthew Fox
Dorothée Sölle [1] propose une nouvelle manière de penser la transcendance à partir de la théologie féministe. Elle ne pense pas que « la transcendance soit une vision indépendante et surpassant toutes choses, mais bien au contraire que tout soit relié à la grande trame de la vie. »
Elle fait écho à Hildegarde de Bingen qui parlait, il y a 800 ans, de la « toile de la vie » réunissant toutes les créatures. Cette conception de l’interdépendance de toutes choses et de tous les systèmes de relations semble, en effet, bien appropriée au souci écologique de notre temps et correspond d’ailleurs à ce que la science découvre aujourd’hui. Et, Hildegarde de Bingen nous le rappelle, c’est aussi la pensée des mystiques prémodernes, tout au contraire des antiféministes, comme l’était le pape précédent.
Sölle explique qu’une telle conscience « signifie que l’on passe de Dieu-au-dessus-de-nous à Dieu-en-nous et que l’on se débarrasse de la fausse idée d’une transcendance hiérarchique. »
Celle-ci n’a pas d’existence réelle et comme on l’a vu dans l’article Dorothée Sölle. De la christolâtrie au mysticisme tombe dans la christolâtrie et se manifeste aussi dans le christofascisme.
Le christofascisme est une réalité puissante et répandue de nos jours. La canonisation précipitée et obscène du prêtre fasciste Jose Maria Escriva, fondateur de l’Opus Dei n’est qu’un exemple effrayant de la montée aujourd’hui du christofascisme.
Il en va de même pour l’union d’un grand nombre d’évangéliques américains avec l’extrême droite et le parti républicain. On peut s’attendre à la même chose chez les « nationalistes chrétiens », dans le mouvement de la « suprématie blanche » et la montée de l’antisémitisme, car le fascisme est le plus souvent raciste.
Une telle idéologie se fonde invariablement sur la notion d’un Dieu père-punitif et il n’est pas étonnant de constater les réactions violentes, angoissées et méprisantes de ses adeptes à l’égard de tout féminisme.
Thomas d’Aquin a vu juste lorsqu’il a dit : « les tyrans ont raison de se méfier des justes plutôt que des injustes et de s’efforcer de les amadouer et de les utiliser ! »
Note :
[1] théologienne protestante allemande 1929-2003Source : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc853.htm