Christiane Bascou (Atelier de Parvis).
Au cours de cette nouvelle étape [1], chacune et chacun étaient invités à répondre aux trois questions suivantes : 1. Qu’est-ce que, pour moi ou pour mon groupe, la « Bonne Nouvelle » au plan personnel, social et collectif ? 2. Comment voyons-nous son avenir ? 3. Comment dire, vivre, représenter –par exemple avec quelles images –cette « Bonne Nouvelle » aujourd’hui afin de dire son actualité ? Voici une relecture des quinze contributions reçues et partagées au cours de cette étape.
0. Qu’est-ce que c’est, d’abord, une bonne nouvelle ?
C’est une information neuve, ça rend heureux et c’est bon ! Ça parle de changements positifs, de dynamique, ça ouvre des horizons.
C’est aussi une nouvelle qu’on est heureux d’apporter, car on sait qu’elle va être bénéfique pour ceux à qui on l’annonce, qu’elle va dans le sens de la vie et de la joie.
1. La « Bonne Nouvelle » dont parle Jésus, quelle est-elle ?
Le projet de Jésus, que le christianisme veut continuer, consiste à faire découvrir aux hommes la Source originelle de l’Amour qui depuis toujours les habite. « Évangile » signifie littéralement « bonne nouvelle » (eu-angelion) car il proclame la possibilité du bonheur pour chaque personne, qui est aimée et peut aimer à son tour. Ce n’est pas un dépôt sacré mais un appel universel et atemporel à toute l’humanité aimée de Dieu, invitée à se constituer en son « Royaume ». C’est aussi une déclaration d’amour en perpétuel devenir, car chaque nouvelle génération doit la faire sienne : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Jésus nous transmet sa confiance en cette source d’amour qu’il appelle « notre Père ». Cette force de vie, cette présence qui fait partie de notre être même, nous la pressentons dans l’expérience intime de la prière comme dans le désir de vie pour l’autre, « nous pouvons [la] connaître et [l’] expérimenter dans tout ce qui renforce la vie, augmente l’amour et accroît notre capacité à être » (J. S. Spong).
Cette Bonne Nouvelle, Jésus l’a répandue et vécue dans la vie de tous les jours par le choix des pauvres et des « mal aimés » de son temps, dans le respect de l’autre, l’entraide, la paix, le pardon, l’humilité, le choix du cœur, l’accueil des enfants, des lépreux, des prostituées, des handicapés, des malades mentaux, l’universalité… À travers ses actions motivées par les exigences de l’amour, il est allé plus loin, opérant une véritable « révolution humaine » de la gratuité, en aidant les autres à entrer en libération, à vivre à plein leur humanité, à secouer leurs chaînes, aliénations, carcans religieux, barrières de classe, de genre, de préjugés contre l’étranger, jusqu’à encourir la mort.
2. Au plan personnel, spirituel
La bonne nouvelle nous dit que chacun-e vaut plus que la somme de ses actes, qu’aucune situation humaine n’est définitivement perdue, figée pour toujours. Chacun-e, quel que soit son passé, a un avenir et peut se mettre librement sur un chemin humain de transformation, dans une dynamique de vie, de joie et de courage, à la suite de Jésus, cet homme en qui le divin transparaissait.
La prise de conscience personnelle que l’on peut soi-même devenir messager d’une bonne nouvelle et bâtisseur d’un humanisme capable de transformer le visage du monde est d’abord une expérience spirituelle. Cette espérance induit un changement de mentalité, un regard positif sur soi et sur les autres, une inversion radicale des priorités qui éclaire le monde et qui fait du bien, aux antipodes de toute culpabilité.
La dureté de la vie demeure, mais la Bonne Nouvelle donne du souffle et empêche d’étouffer, sauve de la peur, du non-sens, redonne confiance en soi, en l’autre, en Dieu.
La deuxième Bonne Nouvelle, c’est qu’il nous appartient, à nous, disciples de Jésus -et humains en général -de la mettre en œuvre, à son exemple et librement, par des paroles mais surtout dans le quotidien et l’agir de nos vies. Ainsi, croire en la Bonne Nouvelle, c’est être soi-même transformé et habité d’une générosité joyeuse puisée à la source inépuisable des évangiles, permettant d’apporter vie et joie dans les rencontres personnelles comme dans les engagements militants.
3. Au plan social, collectif, universel
La Bonne Nouvelle est une chance à partager avec d’autres. Nous n’existons que par les relations que nous tissons les uns avec les autres et là est le cœur du christianisme, la révolution humaine introduite par Jésus, cette révolution des cœurs qui inverse les valeurs habituelles de la société en priorisant les plus méprisés des humains, en montrant qu’ils sont aussi importants que les puissants et les élites ! Et elle se réalise dans la vraie vie, pas dans les nuages !
Le retentissement du message de Jésus dans nos vies de tous les jours est une bonne nouvelle, car il renouvelle ce contact à l’autre dans la reconnaissance de sa dignité que rien ne saurait détruire, prouvant que tous les êtres humains sont uniques, précieux ferments d’humanité en puissance, tous irremplaçables et nécessaires à la vie du Monde.
Liée à nos choix à tous les niveaux, personnels, sociaux et politiques, la Bonne Nouvelle a un avenir, car chacun-e peut grâce à elle donner du sens à la vie, améliorer celle-ci pour ses semblables et lui-même, devenir responsable, initiateur et inspirateur d’essentiel, faisant ainsi advenir un peu plus le «Royaume » où chaque humain – femme, homme et enfant – puisse avoir de quoi manger, se loger, se soigner, respirer, partager, s’épanouir, créer, apporter à son tour ses richesses aux autres, leur permettre de grandir en humanité.
4. Quel avenir et quelles formes pour la Bonne nouvelle
Il s’agit de la dire, de la rendre audible, de donner envie de la connaître, de l’actualiser en abandonnant les schémas d’un autre âge, les conceptions dépassées, les vieilles théologies invraisemblables, les discours insupportables et répétitifs, le fatras de dogmes qui sont un contre témoignage et qui font obstacle à la saveur du message simple et lumineux de la Bonne Nouvelle qui n’a, en réalité, aucun savoir à transmettre, rien que de l’amour.
Il s’agit surtout de la vivre par nos choix, d’en faire l’expérience dans la solidarité concrète avec d’autres personnes de bonne volonté, croyants ou non, en faisant attention aux petites choses qui poussent : être disponible, dire souvent sa gratitude, entrer plus dans une écologie de l’attention et de la relation, s’engager au service de ceux dont la parole a été dérobée ou bafouée, lutter pour la justice et l’égalité des droits. Vivons-la comme un style de vie inédit, capable de surmonter et de vaincre les impasses et les ornières dans lesquelles se traînent et se détruisent les humains (isolement dans sa caste et sa tribu, refus de l’inconnu et peur du risque qui dérange, culte de l’avoir dans l’ignorance des démunis), dans un esprit à l’exact opposé de celui de notre société, dont le moteur est la compétition généralisée et la lutte permanente pour dominer et posséder.
Il s’agit aussi de la reconnaître, de la découvrir vivante dans la vie des gens de tous bords. Car au-delà de Jésus, au-delà des chrétiens, il y a d’autres chemins convergents vers toujours plus de justice et d’humanité, vers une vie plus profonde et humanisée, qui rapproche du divin, même dans des contextes mortifères, par la résistance et la lutte contre le mensonge, l’injustice, la haine ou le mépris, par le soutien aux initiatives créatrices de vie, de partage et de fraternité pour les nouvelles générations.
La Bonne Nouvelle, avec pour guides la reconnaissance de l’autre, l’amour comme énergie exclusive et la mise des talents de chacun-e au service de tous, est un message humain universel pour une Terre plus habitable, sans rejet ni exclusion. Elle n’est le monopole d’aucune religion, elle concerne tout être humain et peut être étendue à tout et à la sauvegarde de notre Terre commune.
5. Et les symboles ?
La lumière qui éclaire le chemin, l’eau qui donne vie et régénère, l’humus qui fait grandir et fructifier, le sel qui donne du goût, le pain que l’on partage, restent d’actualité !
Note :
[1] Voir :Échos de l’atelier de Parvis : « Dire Dieu, Jésus, la foi aujourd’hui »
« Dire Dieu, Jésus, la foi aujourd’hui » : qui est Jésus pour nous ?
Source : https://www.reseaux-parvis.fr/2023/04/24/parvis-atelier-n1-etape-5/