Luis Miguel Modino.
Le match aller se termine, mais le match retour est encore à venir. Une analogie sportive pour parler des dernières heures de la première session de l’Assemblée synodale du Synode de la synodalité, qui a commencé le 4 octobre et sera clôturée ce dimanche 29 par une messe à Saint-Pierre, les travaux ayant eu lieu dans la soirée du samedi 28.
De la substance ?
Le document d’une quarantaine de pages, conclusion du projet étudié et discuté depuis mercredi, contient beaucoup de mots, mais on ne sait pas s’il y aura beaucoup de substance, élément décisif pour la période intersessionnelle de l’Assemblée synodale. Dans une Église synodale, si le saint peuple fidèle de Dieu n’est pas impliqué dans l’écoute, le dialogue et le discernement, le sens du processus se perd, et cette marche commune laisse des pièces derrière elle jusqu’à devenir une marche avec l’habituel « seulement avec la mienne ». Dans l’Assemblée synodale, voilà la première jambe, mais la jambe de retour est manquante.
François a marqué le chemin, le temps du jeu, mais il y a toujours des brebis rebelles qui n’écoutent pas le berger, qui veulent être les stars de l’équipe, même parmi ceux qui ont autrefois promis de verser leur sang pour lui. Bien que beaucoup l’aient qualifiée d’« Assemblée de la paix et de l’amour », il semble que les « stratégies humaines, les calculs politiques ou les batailles idéologiques », contre lesquelles le pape a mis en garde lors de la messe d’ouverture du 4 octobre, se manifestent de plus en plus au fil des heures.
Marcher ensemble, avec le regard de Jésus
On peut imaginer le contenu de ce que tout membre de l’Assemblée synodale peut envoyer individuellement à la Commission de rédaction, depuis le préfet d’un dicastère jusqu’au jeune de 19 ans qui a demandé au Pape une preuve de sa présence. Dans quelle mesure tiendra-t-on compte de ceux qui rendent difficile le fait de « marcher ensemble, avec le regard de Jésus », rappelant une fois de plus les paroles du Pontife dans la même homélie. En vérité, il doit y avoir un peu de tout, surtout de sources individuelles, car ceux qui viennent de cercles plus restreints sont plus consensuels, ce qui peut être vu comme une expression du parlementarisme que le Pape a voulu combattre.
Les questions les plus controversées seront sans aucun doute celles qui, implicitement ou explicitement, comme nous le constatons quotidiennement dans les questions d’information, ont ouvert la voie : les femmes, y compris leur ordination, les LGBTQ, la formation, en particulier celle des séminaristes, questions sur lesquelles les positions dans l’Église, et par conséquent dans l’Assemblée synodale, sont les plus extrêmes et les plus variées. Le Synode a insisté sur la méthode, ce que la plupart considèrent comme un bon plan de jeu, mais pour amener les gens au stade ou simplement pour les accrocher à la télévision, il faut des buts. Faire circuler le ballon au milieu du terrain n’est pas toujours la meilleure façon de gagner.
L’arbitre doit exiger qu’on respecte les règles.
Et tout le monde veut gagner, et tant mieux si c’est à l’arraché, quitte à marquer un but de la main, comme le célèbre but de Maradona, « la mano de Dios » (la main de Dieu). Certains sont prêts à enfreindre les règles les plus élémentaires pour faire entrer le ballon dans les filets. La question est de savoir si cela sera permis par l’arbitre, que certains identifient à l’Esprit Saint, et que d’autres voient plutôt dans celui à qui l’histoire a donné le titre de Vicaire du Christ.
Si l’on en croit les propos sévères qu’il a tenus juste avant la discussion du document de synthèse dans la salle Paul VI, il n’est pas disposé à permettre à quiconque de marquer des buts de sa main. Les fautes, les pénalités, le jeu brutal dépendront de la vision de chacun. Il y a ceux qui ont respecté les règles du jeu lors de ce match aller, la question est de savoir s’ils le feront lors du match retour, lors du match décisif. Il y a ceux qui sont restés bien sages dans les tribunes, mais quand les choses s’emballent, personne ne peut être sûr que le hooligan que beaucoup d’entre nous portent en eux ne se manifestera pas. Nous sommes dans les dernières minutes du match aller, avec pour l’instant une atmosphère de match nul, mais il y a encore le match retour, et quand il se joue, peu de gens sont prêts à perdre. Nous aurons le temps de nous entraîner au cours des onze prochains mois et d’être en forme pour le match retour.