Dieu est-il personnel ?
Roger Wolsey, pasteur de l’Église méthodiste unie des États-Unis.
Question
Comme beaucoup, j’ai abandonné l’idée d’un Dieu Grand-Père-du- ciel. Les travaux de Spong, Borg, McLaern, Rohr, Rolheiser et d’autres m’ont éloignée du Dieu « théiste » et fait découvrir avec bonheur la conception « panenthéiste ».
Mais il me manque désormais une relation personnelle avec Dieu. Jésus appelait Dieu « Abba » de façon très personnelle. Mais ceci n’implique-t-il pas que Dieu soit une « personne » ?
Réponse de Roger Wolsey
Il est vrai qu’il est difficile de prier Dieu en tant que « fondement de l’être » ! C’est très impersonnel !
Ceci étant, je remarque que la Bible dit à plusieurs reprises que « Dieu est amour », ce qui me parle.
Les chrétiens progressistes disent le plus souvent si Dieu n’est pas auteur de renouveaux sans discrimination, sans condition, sans jugement, enthousiasmant, un Dieu d’amour, de grâce et de miséricorde, nous n’en voulons pas.
J’ai tendance à concevoir Dieu comme une sorte de gigantesque matrice féminine englobant le cosmos entier, comme un immense champ d’amour qui serait la réalité ultime et qui serait notre nature, notre essence.
Un tel langage, comme tout langage théologique, est évidemment métaphorique, symbolique, poétique. Le vocabulaire que nous utilisons pour parler de Dieu impacte évidemment notre vie spirituelle. Je vis personnellement ma spiritualité, comme celle d’un enfant de Dieu immergé dans le fluide embryonnaire de la grâce, participant de sa divinité, créé par l’Amour et pour l’amour en communion naturellement avec tous les autres êtres qui participent eux aussi au domaine de l’Amour.
Tout ceci est sans doute une forme de mysticisme dans laquelle nous prenons conscience de notremoi le plus authentique et le plus vrai et comprenons qu’il rencontre en profondeur les personnalités de tous les autres croyants, de toute la création en une étonnante communion.
Chacun d’entre nous a évidemment sa propre manière de concevoir le Divin et le mieux est naturellement que nous acceptions tous la liberté des autres de s’exprimer librement sans se laisser arrêter par les affirmations qui ne sont pas les nôtres.
Le récit de la création de Genèse 1 nomme Dieu « Elohim » – ce qui est, en hébreu, une forme plurielle – et rapporte qu’il a dit : « Créons l’humanité à notre image ». C’est donc la plénitude et la pluralité du Divin qui nous ont été ainsi transmises, alors même que nous n’utilisons toujours nous-mêmes que le singulier.
J’aurais donc tendance à parler de Dieu sans utiliser de pronom en disant, par exemple : « Dieu, l’Amour, le Divin ». C’est finalement assez « personnel » pour répondre à votre remarque.
Soyons tous bénis dans notre recherche de communion avec le Divin, chacun de la manière qui lui convient le mieux.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc912.htm