L’offrande de la veuve pauvre
Michel Leconte.

Jacques Pohier pense que c’est en raison de son accueil gratuit des pécheurs et de tous ceux que la religion d’alors excluait que Jésus a été exécuté. Il est vrai que Jésus s’opposait aux sacrifices du Temple pour le pardon des péchés. Toutefois cette opposition a pu être ressentie comme une mise en cause du pouvoir des grands prêtres et de leur source de revenus.
La pauvre veuve qui donne de son nécessaire pour vivre (Luc 21, 1-4) est généralement louée pour sa générosité. Cette explication ne tient pas compte du contexte et subvertit le sens du texte. Jésus s’attaque souvent au commerce du Temple, il fustige les scribes qui « dévorent les maisons des veuves » et les riches qui donnent de grosses sommes au temple (Mc 12.41) alors qu’il y est déjà pratiqué un commerce de bandit (Mc 11.17). Rien n’indique de voir dans cette femme un modèle à suivre.
Par ses paroles « elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu’elle avait pour vivre », Jésus déplore au contraire les conséquences du système oppressif des scribes et des prêtres, mais aussi la négligence des riches à l’égard des veuves. Au temps de Jésus, les veuves étaient très démunies, puisqu’elles ne pouvaient plus compter sur la protection d’un mari, chargé d’assurer leur subsistance. Elles vivaient donc dans une grande précarité et se trouvaient dépourvues de tout statut social.
Jésus dénonce ici une injustice structurelle qui vise particulièrement les grands prêtres du Temple. Dans une péricope précédente, Jésus dénonce les scribes qui dévorent le bien des veuves. Comment a-t-on pu utiliser ce texte pour inciter les fidèles à la générosité envers le clergé ?
Ensuite, Jésus annonce la destruction du Temple qui ne donne pas de bons fruits tel un figuier stérile. Quand Jésus est entré dans la ville de Jérusalem, il s’est rendu au Temple. Quand il est arrivé, il a vu les marchands de colombes, et aussi les tables des changeurs d’argent. Alors Jésus s’est mis en colère et pour chasser tous les marchands du Temple, il s’est mis à renverser les tables et les chaises des vendeurs en ne laissant personne porter quoi que ce soit selon Marc 11, 16. Sans l’argent des changeurs, plus de sacrifice… Il s’agit bien d’une véritable attaque contre les grands prêtres qui ne tarderont pas à venger cet affront.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1822.htm



