Pour une apocalypse heureuse
Présentation par Gilles Castelnau de l’ouvrage de Hugues Lehnebach.
La 4e de couverture le dit fort justement :
L’auteur décline les méfaits du dérèglement climatique, enchaîne sur les causes idéologiques de ce cataclysme, puis réfléchit sur la résilience, ses ressources et ses limites. Puis il aborde quelques réactions religieuses avant de traiter pour terminer les deux aspects possibles de l’apocalypse : la catastrophe ou le salut.
Le pasteur Lehnebach est un puits de science en ce qui concerne la connaissance de notre univers. Il est aussi un pasteur en quête de la spiritualité nous impliquant convenablement dans la vie du monde.
Dans les trois premières parties de son ouvrage, il nous rappelle tout ce que les scientifiques disent du réchauffement climatique et dans les trois dernières il réfléchit à la réponse que notre religion peut y apporter.
• Les effets du dérèglement climatique
L’eau, un trésor en péril, Le plastique
• Les buts et les lois du néolibéralisme, du capitalisme
• Vers une transition résiliente
L’hydrogène vert, Les grands effets des petits riens, Le bénévolat
• Réactions religieuses, la théologie de la libération, Le label Église verte
Communier avec la nature
• L’apocalypse
La nouvelle religion du profit, L’indispensable changement d’attitude
Voici quelques passages des deux derniers chapitres
Réactions religieuses
Le label Église verte
L’influence du christianisme ne pèse aujourd’hui plus très lourd. Le christianisme a gardé une lecture existentielle des Évangiles et se limite à une éthique jugée parfois très individualiste et discrète des exhortations du Christ. Or les problèmes qui se posent aujourd’hui ont une dimension sociétale, comme y était parvenue la prédication de Marin Luther King « I have a dream ».
Envisager de nous engager pour lutter pour la mise en place d’une société durable exige une véritable conversion vers une vie responsable qui change notre regard sur tout ce que nous considérons encore comme essentiel, qu’il s’agisse du nombre d’enfants que nous souhaitons avoir, de l’agencement de notre habitation, de nos investissements financiers, de nos ambitions professionnelles, centrés sur un bien-être partagé, spirituel bien que peut être vécu d’une façon non traditionnellement religieuse.
L’idéal sera alors celui du partage, d’une vie en harmonie avec « l’autre », quelle que soit la couleur de sa peau, sa religion, sa culture.
Nous savons tous, je crois, ce que nous devons faire pour que nos enfants et nos petits-enfants ne meurent pas en grand nombre si le grand bouleversement survenait brutalement de façon définitive. Il faut tout simplement cesser de diffuser dans l’atmosphère des gaz à effet de serre, d’exploiter les forêts pour faire pousser des palmiers d’huile, ou créer des prairies pour y faire paitre des milliers de vaches, de détruire les mangroves afin de pêcher plus facilement, bref ! De détruire la biosphère qui fait vivre les plantes, les animaux et nous-mêmes.
L’indispensable changement d’attitude
Plutôt que la doctrine, ce sera peut-être l’expérience spirituelle personnelle qui va primer. La providence historique va vers un temps nouveau. « Le temps est accompli, et le règne de Dieu s’est approché », annonçait le Christ (Marc, 1, 1-4). Le renouveau s’annonce dans la démultiplication des rencontres, des partages, dans de petits cercles, au niveau local et non pas global, comme au temps de l’Église primitive, par exemple dans un des trente repas que présida Jésus ! La revue du « Réseau des parvis » en témoigne. La proclamation de l’Évangile se fait par l’enfouissement dans le vécu social. Le Tout-Autre se révèle dans le banal quotidien de l’humanité. Les Églises ont peur de la sécularisation.
Or nous pensons qu’elles devraient craindre plutôt la religion. « Le règne de Dieu dont parle Jésus n’a rien à voir avec le monde de la pureté rituelle, des sacrifices, des temples ou des prêtres. Les tablées auxquelles Jésus participe sont l’Église dans laquelle Dieu se révèle en sécularisant sa transcendance », disait Tillich.
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1824.htm