Cinquante histoires vécues qui m’ont révélé l’essentiel – Jacques Musset
Lucienne Gouguenheim.
Choisir son chemin de vie, penser son existence par soi-même, se libérer de la trop grande prégnance de modèles extérieurs… Jacques Musset porte au long de ses ouvrages cette conviction dont il dit qu’elle a mûri en lui tout particulièrement à la fréquentation de la pensée de Marcel Légaut.
Ce nouveau petit livre suit une voie inhabituelle : J. Musset nous raconte, à travers une cinquantaine de courts récits de vie, la découverte de ce qu’il qualifie de « petits trésors cachés ». L’ouvrage se lit avec beaucoup de plaisir ; on peut l’ouvrir au hasard, y choisir l’une des trois approches proposées : ses longs périples à pied à travers la France et l’Europe, son travail de jardinier ou les témoignages de quelques exemples de vie ordinaire. J’en retiens ici quelques exemples.
Comment se fait-il que l’agencement inhabituel, dépourvu de symétrie, de la petite chapelle romane de Saint-Michel d’Aighuilhe au Puy-en-Velay, nécessité par la situation particulière du site escarpé, dégage une impression à la fois de paix et de liberté ? Quel cheminement a suivi l’architecte confronté à l’inhospitalité de cette situation ? Et comment a-t-il été conduit à l’audace d’inventer une solution hors des normes attendues ? Et vient alors l’interrogation : ne sommes-nous pas appelés à la même audace pour réaliser dans nos vies ce qu’appelle notre humanité ?
Dans un autre site a priori inhospitalier, au sud de l’Andalousie, aux falaises vertigineuses, poussent de-ci et de-là quelques touffes de fleurs, suspendues entre terre et ciel ; quel improbable jardinier a pu en prendre soin ? Merveille du hasard de la vie qui se suffit de peu… Et ces fleurs accrochées aux falaises nous disent quelque chose de nos vies humaines, de nos itinéraires ; nous invitent à vivre au mieux l’aujourd’hui qui nous est donné.
Restons dans le domaine de la nature, mais cette fois – c’est la seconde partie du livre – non plus au cours de longs périples, mais simplement dans le petit potager, avec ses « quatre valeureux pruniers », que l’auteur entretient au fil des saisons. Ceux d’entre nous qui ont cette expérience similaire savent la paix qu’elle apporte. On peut, nous dit Musset, y cultiver son propre jardin intérieur, à l’écoute du message silencieux de la nature.
La troisième partie, intitulée « Dans l’ordinaire des jours », se porte sur l’imprévu et le « décoiffant » de nos vies – dont la maladie grave, expérience de pauvreté. Interdépendance de nos vies, cet immense échange qui tisse toute une chaîne de solidarités. « Cabossé, mais bien vivant » nous dit Musset « je me sens infiniment plus jeune d’esprit et de cœur au terme de la longue transhumance de ma vie. »