Petite méditation pascale
Patrice Dunois Canette.
Le Dieu de Jésus-Christ ne veut pas être le Dieu tout puissant, dominateur, omnipotent des olympes religieux.
Il ne se présente pas avec les attributs de la foudre ou de l’éclair, du glaive ou de la lance.
Il n’est pas du côté obscur de la force, de la manipulation ou du masculinisme toxique.
Il n’est jaloux d’aucune souveraineté.
Il n’est pas l’être immuable de la métaphysique.
Il ne croit pas qu’être divin, c’est être impassible, arbitre indifférent… jupitérien.
Il ne dit pas que l’homme n’existe que par Lui.
Il ne dit pas qu’il est ce que les hommes ne sont pas.
Il naît comme chacun, chacune d’entre nous, grandit, vit, découvre à quoi et pour qui il est appelé.
Il se range du côté des sans nom, des sans voix, des misérables, des transparents, des laissés pour compte.
Il n’est pas où on l’attend.
Il déroute.
Il est vulnérable.
Il se laisse atteindre.
Il veut être faible, pauvre.
Il dit que la vie de celles et de ceux qu’il rencontre a du prix.
Il est présent aux gens, aux situations.
Il ne développe pas une identité du « contre », du « mieux », du « supérieur », du « plus », une identité de l’exclusivité.
Il laisse libre.
Il a la mort atroce et brutale de beaucoup trop de femmes et d’hommes, la mort que parmi toutes les morts personne ne souhaite avoir. La mort qui comme toutes les morts est redoutée, mais aussi une mort qui n’est pas seulement une fin, mais une exécution.
Il devient Dieu en devenant homme jusque dans la tragédie, pour affirmer la vérité de la vie sur le mal/malheur de la mort, sur la mort comme fin, mais aussi la mort comme assassinat.
Il réconcilie la finitude et l’absolu.
Il est le corps souffrant et le corps glorieux des victimes innombrables jetées dans les fosses ou les crématoires, déchiquetés par les rafales ou les bombes.
Il est celui qui devient Dieu en devenant homme de chair et de sang, corps torturé et cadavre pour que l’homme devienne Dieu.
Dans le panthéon des célébrités divines, le Who’s Who des dieux imaginés et fabriqués, ce Dieu décidément, n’a pas de tenue, ne tient pas son rang.
Pâques est « sortie d’Égypte », sortie des illusions de nos projections. Ni Dieu ni maître.
Le Dieu de Jésus-Christ, né, mort et ressuscité, est un Dieu proche qui ne se laisse pas porter sur les autels des ordres religieux, sociaux ou politiques.
Il est un Dieu dont l’humanité, toute l’humanité, dit le divin de l’homme.
La pierre est roulée. Alléluia !




