Débat républicain sur les questions de bioéthique – Nous sommes catholiques, mais nos pensées restent libres.
Nous, chrétiens des Réseaux du Parvis, majoritairement catholiques, regroupons plusieurs milliers de membres d’une quarantaine d’associations, rejoints par de nombreux sympathisants, partenaires de nos recherches et de nos actions.
Malgré des approches parfois nuancées entre nous sur les sujets concernant les configurations familiales, les modes d’engendrement et de parentalité, la gestion des dernières étapes de la vie, nous tenons à affirmer l’autonomie de notre pensée et de nos options par rapport aux déclarations des autorités hiérarchiques du culte catholique et de certains lobbies fondamentalistes qui l’influencent et s’en réclament.
Ainsi, si nous ne pouvons qu’être d’accord avec le principe affirmé du respect de toute vie humaine quand cette vie est trop souvent fragilisée et méprisée par la logique financière du profit, si nous admettons bien volontiers que cette vie est à respecter dans toute sa durée, reste à définir quel en est le début et quelle en est la fin.
On peut comprendre que des philosophes, des scientifiques, des sociologues, ou autres experts ou courants de pensée ne définiraient pas nécessairement la vie dans les mêmes termes.
Et l’on attendrait des mouvements spirituels tels que les institutions religieuses qu’elles transcendent leur sens de la vie humaine au-delà de son aspect cellulaire, chromosomique, animal.
Les catholiques, quant à eux, peuvent facilement trouver dans leur inspiration évangélique de quoi élargir leur définition de la vie en la libérant du « tout biologique » et en plaçant l’amour comme son premier déterminant relationnel, social, spirituel.
Ainsi, l’amour d’un couple pour son enfant n’est lié ni au statut conjugal ou sexuel des parents ni aux modalités procréatives qui leur ont permis non de «faire » cet enfant, mais de l’accueillir dans leur vie et dans la nôtre en humanité.
Nous pensons aussi qu’un autre déterminant tout aussi essentiel de cette vie est la solidarité de notre corps social tout entier. Et c’est à ce niveau-là surtout qu’on pourrait attendre un positionnement clair et crédible de notre Église dans sa vocation prophétique en humanité. En tous les cas, c’est le nôtre.
De même, concernant la définition de la fin de vie, on ne peut se satisfaire des seuls critères physiologiques. L’éclairage humain et spirituel attendu de notre institution cultuelle ne peut s’enfermer dans un rappel à un ordre immuable, formulé en termes d’interdits culpabilisants, mais devrait plutôt donner à toute mort comme à toute vie, sa valeur dans l’histoire personnelle et sociale de chacun.
Enfin, ce débat nous donne l’occasion de témoigner que notre foi fait de nous des croyants libres dans leurs pensées, leurs paroles, leurs vies, leurs rapports sociaux et leurs références spirituelles.
Au nom de la Fédération des Réseaux du Parvis, le président Georges Heichelbech