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Extraits :
Mon chemin dans la foi – Témoignage d’Annie Grazon
J’ai vécu mon enfance en Franche-Comté, dans une famille catholique où l’on priait chaque soir ensemble et où l’on allait à la messe chaque dimanche, comme la plupart des familles du village.
Je me souviens de mon frère, bien que devenu adulte, disant « je n’ai pas de raison de ne pas aller à la messe », sans se poser la question s’il avait des raisons d’y aller.
Mon père était un rebelle face à la société, il était proche du parti communiste, mais pas du tout contestataire vis-à-vis de l’Église et ma mère encore moins.
Et moi, j’étais dans cette optique.
J’avais pour amie privilégiée une fille très politisée, avec qui j’aimais partager et j’avais en même temps une vraie recherche de vie de foi authentique.
Et c’est ainsi qu’à une vingtaine d’années, j’ai fait un passage dans une communauté religieuse.
Je ne le regrette pas, parce que j’estime y avoir reçu l’envie de réfléchir sur les fondements de la foi, d’étudier et d’approfondir les connaissances de théologie, d’Écriture sainte, de morale, envie qui ne m’a jamais quittée.
Mon caractère docile faisait que je m’y sentais bien, même si j’aurais dû réagir face à un comportement des supérieures qui induisait une infantilisation des sœurs, des inférieures pourrait-on dire, à côté de l’expression de supérieures.
De là, j’ai été envoyée au Japon où j’ai vécu 6 ans, dans un pays donc caractérisé par l’acceptation des règles, sans état d’âme, pour la plupart des habitants. Ça ne favorisait pas un sens critique.
Revenue en France pour une grande réunion, un chapitre, je me suis trouvée confrontée à des sœurs beaucoup plus évoluées, plus adultes, spécialement celles qui venaient d’Argentine. Parmi elles, ma sœur et d’autres qui comptaient pour moi. C’était, je pense, ma première prise de conscience de la nécessité d’analyser les choses, et de ne pas accepter n’importe quoi.
L’institut prenait un tournant traditionnel, avec un repli sur la piété, qui a finalement provoqué le départ d’une partie des sœurs, et j’ai été de celles-ci.
Puis, j’ai rencontré mon mari, qui était très engagé au niveau syndical. Pour lui aussi, je pense, la critique de la société et l’action pour qu’elle évolue vers plus de justice était première, et il ne remettait pas en cause l’Église institutionnelle.
L’élément déclencheur, pour l’un comme pour l’autre, a été l’éviction de Jacques Gaillot.
Elle nous a révoltés.
Par Témoignage chrétien auquel nous étions abonnés, nous avons connu NSAE naissante.
Philippe a participé à une des premières assemblées, et il a été repéré pour faire partie du conseil d’administration.
Nous avons rapidement constitué un groupe local, où je me suis toujours beaucoup investie.
Puis, j’ai moi-même été sollicitée pour faire partie du Conseil d’administration et plus tard du Bureau.
J’ai eu aussi la chance de participer activement à la commission NSAE et Évangile, qui a pour but d’enrichir notre foi à la source des chercheurs de sens que sont des gens comme José, mais aussi Jacques Musset, John Spong, Joseph Moing, Jean-Marie Kohler, et d’autres encore dont nous avons étudié des écrits.
C’est vraiment une richesse que de faire partie du conseil d’administration de NSAE, de rencontrer des personnes passionnées, d’échanger nos points de vue.
La petite semence qui m’a été donnée à une époque a grandi grâce à tous ces apports, elle est devenue mon essentiel, ce qui me porte dans la vie.
Aujourd’hui, elle participe à ma sérénité face à une vie qui devient plus difficile, mais dont le Seigneur reste la source.

Credo (Michel Deheunynck)
Nous croyons en toi Dieu notre Père et Mère qui fais de nous les frères de tous ceux avec qui tu nous aides à grandir dans notre humanité et dans notre foi; de tous ceux dont tu nous rends solidaires dans les combats de la vie; de tous ceux avec qui tu nous mets à l’œuvre pour un monde nouveau et une terre nouvelle.
Nous croyons en toi, ami Jésus, le premier de nos frères qui donnes toujours un plus de sens dans nos têtes et dans nos cœurs, dans notre vie et dans notre foi en cette vie. Avec toi, nous remettons du neuf dans notre histoire d’hommes et femmes et dans nos recherches de croyants.
Nous croyons en toi, Esprit Saint de Dieu, à chaque avancée que tu nous permets de vivre dans l’espérance; à chaque projet que tu nous inspires avec NSAE et tous nos amis de tous les Parvis ; à chaque étape franchie, à chaque obstacle vaincu sur nos chemins de libération et de dignité pour tous.
Nous croyons en nous, peuple en marche, pratiquants du seul commandement, celui de l’Amour, du partage équitable de toutes les ressources et de tout ce qui nourrit la vie ; travailleurs d’humanisation comme modestes témoins de la divinité de humain et de l’humanité de Dieu.

Prière eucharistique (Michel Deheunynck)
Merci Seigneur Dieu pour ce que nous avons vécu cette année avec NSAE et nos partenaires de tous les parvis.
Merci pour ce que nous avons partagé en cette rencontre nationale.
Merci pour ton Esprit qui nous permet de contribuer à ton projet d’amour et de dignité pour notre humanité.
Merci pour tout ce que tu nous invites à semer et à faire grandir pour un monde juste, fraternel et digne.
Merci pour les initiatives que tu nous inspires en se sens et pour les libertés sociale, culturelle, politique et spirituelle que tu nous appelles à reconquérir ensemble.
Pour cela, nous voici réunis à l’invitation de Jésus que tu nous as donné comme frère en humanité.
Avant nous, il a connu l’indignation, la révolte, mais aussi l’espérance d’une refondation de notre vie en communauté de destin.
Il a voulu nous donner goût à tout ce qui lui tenait à cœur. Alors, il prit du pain, en fit une bénédiction et nous le partagea en disant :
« Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon corps ; moi avec vous ».
Il prit aussi une coupe de vin qu’il bénit en nous disant : « Prenez, buvez-en tous.
Ceci est mon sang ; ma vie avec vous ».
« Et quand vous vous réunirez en mon nom, faites comme cela entre vous. »
Et aujourd’hui, en refaisant comme cela à notre tour en son nom, nous voulons associer à ce partage toutes celles et ceux avec qui nous avons échangé, prié, agi cette année. Toutes celles et ceux dont nous avons été solidaires cette année :
• les victimes du cléricalisme qui ne peuvent se satisfaire de compassion ;
• les victimes de la dictature marchande qui ne peuvent se contenter d’aumône ;
• les victimes des replis communautaristes qui ne peuvent se suffire de tolérance… distante ;
• les victimes des discriminations qui ne peuvent s’accommoder d’être aimés… « quand même ».
Cette communion nous unit aussi à toutes celles et ceux qui œuvrent pour ce monde autre, initié par l’Évangile : José que tu nous as permis de connaître et qui est avec nous. Tous les prophètes qui se mouillent en dénonçant ; qui se risquent en transgressant ; qui osent en bousculant ; qui inquiètent en ouvrant ce qui était caché; en libérant ce qui était fermé ; en humanisant ce qui était sacralisé.
Merci Seigneur Dieu, pour tous ces franchissements d’obstacles et tous ces chemins d’ouverture que ton Esprit s’obstine à nous faire tracer dans notre histoire.
Avec Jésus, nous ne pouvons que reconnaître en toi ce Père qui a tant d’ambition pour tous et pour chacun et, fiers d’avoir un Père comme toi, ensemble, nous te disons : “Notre Père…”