Sabeel–Kairos au Royaume-Uni

L’oppression des Palestiniens par Israël et son mépris des résolutions des Nations Unies se poursuivent sans faiblir. Le tort causé aux Palestiniens par l’occupation israélienne et les pratiques accompagnant cette occupation constituent une violation d’un grand nombre de lois internationales. Ils sont moralement et éthiquement abominables.
De nombreuses sociétés internationales qui ont des activités dans les territoires palestiniens occupés tirent profit de l’occupation par Israël du pays et de ses ressources. Selon principes généraux des Nations Unies en matière d’affaires et de droits humains, les sociétés ont l’obligation ‟d’éviter tout impact négatif sur les droits humains ou de contribuer à une telle démarche ». Cela implique que si elles participent même à un deuxième degré à l’une de ces violations, elles peuvent en être tenues pour responsables. Les Nations Unies ont précisé que la société civile a un rôle clef à jouer pour veiller au respect de ces règles.
Dans ce cadre, Sabeel-Kairos au Royaume-Uni demande aux Églises du Royaume-Uni d’appliquer des politiques d’investissements moralement responsables pour s’assurer que les sociétés auxquelles elles achètent ou dans lesquelles elles investissent ne tirent pas profit de l’occupation ou ne contribuent pas à son développement. Au Royaume-Uni, nous participons à un mouvement mondial en faveur d’investissements moralement responsables. Nous le faisons en lien avec d’autres Églises ailleurs dans le monde qui appliquent ces mêmes règles, qui ont déjà abouti à la radiation de portefeuilles d’investissement de sociétés qui tirent profit de l’occupation du territoire palestinien. Voici ce qu’il vous faut savoir sur les investissements moralement responsables et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Issue de la fusion en 2017 de deux organisations initialement distinctes, Sabeel-Kairos est une société de bienfaisance chrétienne engagée dans le soutien à la paix et à la justice en Terre Sainte. Nous constituons un réseau d’individus, d’organisations, d’Églises et de communautés de toutes traditions sur l’ensemble du Royaume-Uni, et affirmons notre solidarité avec le peuple palestinien en partenariat avec Kairos-Palestine et avec le Centre Œcuménique Sabeel de théologie de la libération, dont nous relayons les messages et les plaidoyers.
Par notre engagement auprès de ces mouvements de base chrétiens palestiniens, nous apportons notre soutien à la Théologie Palestinienne de la Libération et au document Kairos- Palestine de 2009 « Un moment de vérité ». Nous plaidons pour la résistance pacifique que ces mouvements nous invitent à soutenir, y compris le soutien à l’initiative Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Nous plaidons pour des investissements moralement responsables, contestons un mauvais usage de la théologie pour opprimer, et invitons à la prière pour la paix.
Vous pouvez trouver davantage d’informations sur nous sur notre site web http://www.sabeel-kairos.org.uk/ ou encore sur Facebook https://www.facebook.com/SabeelKairos/ ou sur Twitter http://www.twitter.com/SabeelKairos .
La situation
La Déclaration Universelle des Droits Humains affirme que toute personne, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, a le droit à la liberté de pensée, à vivre à l’abri de la torture, à se déplacer librement, à s’organiser pacifiquement, à se faire représenter politiquement, et bien d’autres droits importants encore. Ces droits sont le fondement du droit international qui donne des directives claires relatives à la responsabilité qu’ont les États de faire respecter les droits humains. Ils s’appliquent partout, et en particulier là où il y a un conflit ou une occupation.
Questions de droit
Les torts causés aux Palestiniens par l’occupation israélienne et les pratiques associées constituent une violation d’un grand nombre de dispositions du droit international. En voici juste quelques exemples :
- L’installation de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée y compris Jérusalem-Est est une violation de la Quatrième Convention de Genève et constitue un crime de guerre.
- La poursuite de la construction du Mur de Séparation sur des terres palestiniennes a été déclarée illégale par la Cour Internationale de Justice.
- Le transfert par la force de Palestiniens, dont des enfants de 12 ans, arrachés à leurs foyers pour les emprisonner en Israël sans jugement est une violation de la Quatrième Convention de Genève et constitue un crime de guerre.
- L’exploitation de ressources naturelles palestiniennes telles que la terre, les minéraux en mer, les carrières et l’eau est considérée comme du pillage et est interdite par la Quatrième Convention de Genève et le Règlement de La Haye. Le droit international stipule que le pillage est interdit pour l’occupant ainsi que pour des sociétés privées auxquelles la puissance occupante donnerait mandat.
Selon les Principes généraux des Nations Unies concernant les affaires et les droits humains, les sociétés ont l’obligation ‟d’éviter d’exercer des actions contraires aux droits humains ou d’y contribuer ». Cela signifie que si elles sont impliquées même de façon accessoire à l’une quelconque de ces violations, elles peuvent en être tenues pour responsables. Les Nations
Unies ont stipulé que la société civile doit jouer un rôle clef pour aider à assurer le respect de ces règles.
Notre objectif en tant que membres de la société civile est d’aider les Palestiniens à faire respecter leurs droits en exigeant qu’Israël respecte le droit international et humanitaire. Nous pouvons le faire en nous assurant que nos propres institutions n’apportent pas leur aide ou leur contribution aux violations des droits humains ni directement ni indirectement en investissant dans des sociétés qui le font. Promouvoir des investissements moralement responsables fait partie de notre devoir éthique et légal soucieux d’empêcher tout dommage causé illégalement à des personnes.
La dimension éthique
‟Là où est ton trésor, ton argent, c’est là aussi que sera ton cœur » disait Jésus (Matthieu 6.21). La Bible dit clairement que la terre appartient au Seigneur, ainsi que toutes les ressources qu’elle contient. Nous sommes les gestionnaires de ces ressources et l’usage que nous en faisons ne doit pas être guidé par notre seul intérêt et notre consommation exclusive, mais par le souci du bien-être de notre prochain autant que du nôtre. Nous avons donc l’obligation morale d’utiliser nos ressources et nos investissements pour promouvoir l’épanouissement humain, la justice et la fin de l’oppression, et ne devrions pas investir dans des activités qui font du tort à d’autres ou qui sont jugées illégales au regard du droit humanitaire international.
Il y a de multiples exemples de violation des droits humains dans le conflit israélo-palestinien. Le droit humanitaire international stipule que les gens vivant sous occupation doivent être protégés jusqu’à ce que l’occupation prenne fin. Il est illégal de construire sur leurs terres ou de confisquer celles-ci. Il est illégal de tuer ou de porter atteinte à des civils innocents, qu’ils soient palestiniens ou israéliens. Il est interdit de pratiquer des punitions collectives, des traitements dégradants, ou encore la torture. Il est illégal de transférer une partie de la population civile de la puissance occupante dans des territoires occupés. Le droit humanitaire international interdit aussi l’acquisition de territoires par le moyen de la guerre.
Gagner de l’argent au travers d’investissements dans des sociétés dont les produits et les services sont utilisés de manière à violer le droit international et les droits humains équivaut à tirer profit d’actions illégales et de l’oppression d’autres personnes. Investir dans de telles compagnies peut être considéré comme tolérer le tort fait à des civils innocents vivant sous occupation, ainsi que la politique israélienne de colonisation illégale qui entraîne des violations de droits humains.
Investir dans ce genre de sociétés permet au gouvernement d’Israël de poursuivre ses violations des droits humains de civils innocents. Et maintenir ces investissements quand on a attiré votre attention sur ces réalités revient à tolérer de telles pratiques. Nous avons le devoir moral de retirer nos investissements de telles sociétés.
Que demandons-nous aux Églises de faire ?
- De rendre accessibles toute information financière et la liste de leurs investissements dans des sociétés et affaires internationales, de façon simple et cohérente.
- De repérer toutes les sociétés de leur portefeuille d’investissements qui tirent actuellement profit de situations où le droit international est violé, y compris par l’exploitation illégale de ressources naturelles, la construction illégale de la barrière de séparation ainsi que les infrastructures qui y sont liées, et les colonies illégales.
- De mettre en place un processus global de sélection des investissements, tout particulièrement en lien avec des violations du droit international, en vue de repérer les sociétés de leur portefeuille d’investissements qui tirent profit d’activités illégales, et d’éviter tout futur investissement dans de telles sociétés.
- De remettre en question leur politique actuelle d’engagement auprès des compagnies de leur portefeuille d’investissements qui se révèleraient tirer profit de violations du droit international, et de prendre des engagements limités dans le temps. Cela pourrait conduire à changer de stratégie d’investissement.
Lire : https://nsae.fr/wp-content/images/Une-étude-de-cas-Heidelberg-Cement..pdf
Source : https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/2019/07/kumi-now-semaine-38-sabeel-kairos.html
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