Kumi Now – Défense internationale des enfants – Palestine Détention de jeunes
Parmi les injustices infligées aux Palestiniens, celles qui sont peut-être les plus poignantes et cependant celles dont on parle le moins sont les mises en détention généralisées de jeunes. L’organisation Défense Internationale des Enfants Palestine (DCIP) met constamment en lumière ce problème et apporte une aide judiciaire aux enfants comparaissant devant les tribunaux militaires. Voici ce que vous devez savoir sur la mise en détention de jeunes dans les territoires palestiniens occupés et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Défense Internationale des Enfants Palestine (DCIP) apporte une aide judiciaire immédiate et gratuite aux Palestiniens mineurs devant les tribunaux militaires israéliens et la justice palestinienne pour les jeunes, et agit pour limiter les durées d’incarcération. DCIP dénonce les violations graves des droits humains, dont la torture et d’autres traitements ou sanctions cruels, inhumains ou dégradants contre des Palestiniens mineurs dans les juridictions relevant du système judiciaire militaire israélien et du système judiciaire palestinien pour les jeunes, et tient les contrevenants pour responsables. DCIP assure aussi des plaidoyers basés sur des faits, en soutien de changements de politique qui augmentent les protections et améliorent l’accès à la justice des Palestiniens mineurs.
Tandis que DCIP fait partie du mouvement mondial Défense Internationale des Enfants, chaque organisation membre est autonome en matière de programmation et de financement. Par conséquent DCIP est enregistrée en tant qu’organisation palestinienne des droits humains et comme membre du Conseil des Organisations palestiniennes des Droits humains. DCIP est la seule organisation locale non gouvernementale de défense des droits des enfants dans l’État de Palestine, engagée dans la défense et la promotion des droits des enfants qui vivent en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la Bande de Gaza. DCIP est la seule organisation qui apporte une aide juridique spéciale aux enfants en difficulté, et l’une des seulement cinq grands groupes apportant une aide juridique gratuite aux enfants palestiniens.
Les avocats de DCIP représentent plus de 100 Palestiniens mineurs devant les tribunaux militaires israéliens, soit au moins 20 % du total des cas concernant des jeunes sur une année. En 2017, DCIP a enregistré 151 cas, en a traité 140 et sous-traité 11.
DCIP est la principale organisation de suivi et d’information concernant les enfants détenus par l’armée israélienne au sein du groupe de travail dirigé par l’UNICEF sur les graves violations contre des enfants palestiniens, une action des Nations Unies mise en œuvre pays par pays pour renforcer les actions de suivi et d’information sur les violations graves contre les enfants figurant dans la résolution 1612 du Conseil de Sécurité. L’UNICEF utilise les attestations et les données de DCIP pour les notes d’information plurisectorielles de documentation destinés au rapport annuel du Secrétaire Général des Nations Unies sur les enfants dans les conflits armés.
Les enfants palestiniens ont droit à un avenir de sécurité et de justice. La campagne No Way to Treat a Child (Ce n’est pas ainsi qu’on traite des enfants) considère que les gouvernements des États-Unis et du Canada doivent prendre des mesures concrètes en faveur de cet avenir en tenant les autorités israéliennes responsables des violations des droits des enfants palestiniens. Rejoignez-nous à http://nwttac.dci-palestine.org.
Vous pouvez trouver Défense Internationale des Enfants de Palestine (DCIP) sur son site web http://www.dci-palestine.org/ ou sur Facebook à https://www.facebook.com/DCIPS, Twitter à http://twitter.com/DCIPalestine, YouTube sur https://www.youtube.com/user/DCIPS, ou Instagram sur https://www.instagram.com/dcipalestine/
La situation
Au lieu de bénéficier d’accords légaux négociés fondés sur les principes universels des Droits humains, la justice et le respect de la dignité humaine, les enfants palestiniens grandissent sous l’occupation militaire israélienne qui laisse dans une totale impunité les auteurs de violations des Droits humains.
Israël applique deux systèmes judiciaires distincts en Cisjordanie. La loi militaire, avec de sévères contraintes dans la vie quotidienne, s’applique aux Palestiniens, alors que les colons israéliens sont soumis à la loi civile israélienne. Implantés dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée, les soldats et la police d’Israël ainsi que des organismes de sécurité privés appliquent la loi militaire et protègent les populations de colons aux dépens des civils palestiniens. Dans cet environnement hyper militarisé, les enfants palestiniens subissent des violences physiques disproportionnées, un accès limité à l’éducation et des traumatismes psychologiques.
Les enfants palestiniens et surtout les garçons subissent arrestations, poursuites et détentions sous le système judiciaire militaire israélien qui conteste leurs droits fondamentaux. Israël se distingue par la caractéristique douteuse d’être le seul pays au monde à poursuivre de façon systématique devant les tribunaux militaires des enfants dont on estime le nombre entre 500 et 700 chaque année. Les enfants pris dans le système militaire israélien font généralement état de harcèlement physique et verbal dès le moment de leur arrestation, ainsi que de pressions et de menaces au cours des interrogatoires.
En 2017 une moyenne de 312 enfants palestiniens se trouvaient dans le système carcéral israélien chaque mois pour des « infractions en matière de sécurité », selon les données du Service des Prisons d’Israël. Parmi eux, il y avait une moyenne de 62 enfants de 12 à 15 ans. Ce service ne publie pas le nombre annuel total d’enfants palestiniens emprisonnés, et il a cessé de publier régulièrement les données mensuelles depuis mai 2016.
Les manifestations à grande échelle, les marches et les affrontements dans l’ensemble de la Cisjordanie suite à la décision du président des États-Unis Donald Trump en décembre de reconnaître publiquement Jérusalem comme capitale d’Israël sont allées de pair avec un pic du nombre d’enfants palestiniens mis en détention.
DCIP a recueilli les déclarations de 137 enfants de Cisjordanie détenus et poursuivis sous la juridiction des tribunaux militaires israéliens en 2017. Les données montrent que 74,5 % des enfants ont subi une forme de violence physique après leur arrestation et que 62 % d’entre eux ont été verbalement agressés, intimidés ou humiliés.
Sur les 137 enfants, 26 ont été gardés à l’isolement à des fins d’interrogatoire pendant une durée moyenne de 12 jours. La plus longue durée de mise à l’isolement d’un enfant, selon les renseignements recueillis par DCIP, a été de 23 jours en 2017.
Au moins cinq Palestiniens mineurs ont été placés en détention administrative en 2017, une forme d’emprisonnement fondée sur des preuves gardées secrètes sans mise en accusation ni jugement. Trois d’entre eux ont été relâchés sans mise en accusation au bout d’une période de deux à sept mois, deux d’entre eux restant encore en détention administrative en fin d’année. Un autre adolescent placé en détention administrative en août 2016, âgé alors de 17 ans, a passé 18 mois en prison sans mise en accusation ni jugement.
Israël a mis en détention administrative un total de 25 Palestiniens mineurs depuis octobre 2015, quand il a repris cette pratique à l’encontre de personnes de moins de 18 ans. Les enfants sont généralement accusés de lancer des pierres, ce qui implique des condamnations maximales de 10 à 20 ans selon les circonstances.
Au cours des procès, beaucoup d’enfants continuent d’affirmer leur innocence, mais plaident coupables parce que c’est la façon la plus rapide de sortir du système. La plupart obtiennent des accords pour moins de 12 mois. Les procédures peuvent durer un an, parfois plus. Les juges militaires accordent rarement la liberté sous caution, ce qui maintient la plupart des enfants derrière les barreaux dans l’attente de leur jugement.
Les enfants palestiniens détenus par les forces israéliennes vivent généralement de multiples formes de traumatismes qui, le plus souvent, ne sont pas pris en considération durant leur incarcération car il y a peu ou pas de services psychologiques pour les jeunes Palestiniens qui ont subi une arrestation violente ou un interrogatoire contraignant. Dans beaucoup de cas, c’est la première fois que les enfants vivent une séparation de leur famille pour une longue période. La peur d’une nouvelle arrestation et les difficultés qu’éprouvent les enfants lorsqu’ils reviennent dans leur communauté aggravent les traumatismes non soignés.
Après leur libération de prison, beaucoup d’enfants palestiniens ont du mal à réintégrer leur communauté. Certains continuent à se comporter comme s’ils étaient encore en prison : ils limitent leurs déplacements, ont peu de contacts sociaux et passent de longues heures devant la télévision.
Pour les enfants ayant avoué des crimes qu’ils n’ont pas commis ou qui ont cité d’autres enfants dans leurs confessions, le poids psychologique peut être lourd. Certains craignent la vengeance de membres de leur communauté après leur libération, ou luttent contre des sentiments de culpabilité et de honte.
Les mauvais traitements et les tortures d’enfants palestiniens commencent souvent lorsque les forces israéliennes les arrêtent au milieu de la nuit. Les arrestations nocturnes traumatisent les enfants, faussent le sentiment de sécurité personnelle à la maison et pendant leur sommeil, et peuvent troubler leur sommeil par la suite. Le traumatisme empire du fait des agressions très répandues et systématiques subies par les enfants palestiniens entre les mains des forces israéliennes.
Les techniques d’interrogatoire israéliennes sont généralement physiquement et mentalement coercitives, mêlant fréquemment intimidations, menaces et violences physiques dans le dessein évident de faire mal physiquement ou mentalement, ou de faire souffrir pour obtenir des aveux.
Malgré les actions persistantes de l’UNICEF et ses appels répétés à mettre fin aux arrestations de nuit ainsi qu’aux mauvais traitements et aux tortures des enfants palestiniens détenus par l’armée israélienne, les autorités israéliennes ont constamment failli à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la violence contre les enfants en détention.
Les normes internationales de la justice à l’égard des jeunes, qu’Israël s’est engagé à appliquer en ratifiant la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant en 1991, exigent que les enfants ne soient pas privés de liberté de façon illégale ou arbitraire. On ne doit avoir recours à l’arrestation, à la détention ou à l’emprisonnement d’un enfant qu’en dernier ressort et pour la durée la plus courte possible.
Source : https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/2019/08/kumi-now-semaine-43-defense.html#more
Lire : Une histoire
Lire : Une lettre de prison