L’estaca (Le Pieu)
Cette chanson est une chanson de résistance.
Sous Franco, le catalan a été une langue pourchassée par les nationalistes.
Lluis Llach écrit ici son attachement pour sa langue natale.
Cette chanson est aujourd’hui un véritable hymne catalan.
L’avi Siset em parlava
Grand-père Siset me parlait ainsi
De bon mati al portal
De bon matin sous le porche
Mentre el sol esperavem
Tandis qu’en attendant le soleil
lels carros veiem passar
Nous regardions passer les charettes
Siset, que no veus l’estaca
Siset, ne vois-tu pas le pieu
On estem tots lligats ?
Où nous sommes tous attachés ?
Si no podem desfer-nos-en
Si nous ne pouvons nous en défaire
Mai no podrem caminar !
Jamais nous ne pourrons nous échapper !
Si estirem tots, ella caurà
Si nous tirons tous, il tombera
I molt de temps no pot durar
Cela ne peut durer plus longtemps
Segur que tomba, tomba, tomba
C’est sûr il tombera, tombera, tombera
Ben corcada deu ser ja.
Bien vermoulu il doît être déjà.
Si tu l’estires fort per acqui
Si tu le tires fort par ici
I jo l’estiro fort per alla
Et que je le tire fort par là
Segur que tomba, tomba, tomba,
C’est sûr, il tombera, tombera, tombera,
I ens podrem alliberar.
Et nous pourrons nous libérer.
2) Pero Siset fa molt temps ja
Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps
Les mans se’m van escorxant !
Mes mains à vif sont écorchées !
I quan la força se me’n va
Et alors que les forces me quittent
Ella és més ample i més gran.
Il est plus large et plus haut.
Ben cert sé que està podrida,
Bien sûr, je sais qu’il est pourri,
Pero és que, Siset, costa tant !
Mais, aussi, Siset, il est si lourd !
Que a cops la força m’oblida
Que parfois les forcent me manquent
Tornem a dir el teu cant :
Reprenons donc ton chant :
3) L’avi Siset ja no diu res
Grand-père Siset ne dit plus rien
Mal vent que se’l va emportar
Un mauvais vent l’a emporté
Ell qui sap cap a quin indret
Lui seul sait vers quel lieu
I jo a sota el portal
Et moi, je reste sous le porche
I quan passem els nous vailets
Et quand passent d’autres gens
Estiro el col per cantar
Je lève la tête pour chanter
El darrer cant d’en Siset,
Le dernier chant de Siset,
Lo darrer que em va ensenyar
Le dernier qu’il m’a appris :
Refrany
Refrain
Écouter le chant (animé par Didier Verdeille) pendant la célébration de clôture de l’AG de NSAE.
Lire le livret de la Célébration de clôture de l’AG
Commentaire d’Hélène Dupont :
Quelle richesse ! L’estaca se chante ici à chaque manif devant le centre de rétention de Toulouse /Cornebarrieu.
Je l’ai entendu (Franco vivait encore) en Catalogne “sud” où nous sommes allés en vacances pendant plus de 50 ans. Et grâce à la danse populaire “la sardane” nous avons pris contact avec les autochtones. la colonie hispano-catalane reste très vivante à Toulouse.
C’est beau que, par ce chant (et pas seulement), N S A E entre en résistance !